PRESENCE de Steven Soderbergh (2025)

PRESENCE

Titre Original : Presence
2025 – Etats Unis
Genre : Drame fantastique
Durée : 1h25
Réalisation : Steven Soderbergh
Musique : Zach Ryan
Scénario : David Koepp

Avec Callina Liang, Lucy Liu, Chris Sullivan, Eddy Maday, West Mulholland et Julia Fox

Synopsis : Les Paynes, une famille de quatre personnes – la mère Rebecca, le père Chris, le frère aîné Tyler et la sœur cadette Chloé – emménagent dans une grande maison de banlieue habitée par un poltergeist (appelé la « Présence ».).

Après un peu plus de 35 ans à naviguer entre minuscules et gigantesques budgets, films de studios et indépendants, expérimentations et classicisme, Soderbergh parvient encore à surprendre. Et c’est une bonne chose. Et depuis 2022, il aime travailler avec le scénariste David Koepp, capable du meilleur comme du pire (le fossé entre L’Impasse, Snake Eyes, Jurassic Park, et des films comme Inferno, La Momie, et on verra bien le prochain Jurassic World). Mais pourquoi pas, puisque leur première collaboration en 2022 a donnée le très bon Kimi, thriller minimaliste qui faisait bien plaisir. En 2025 (enfin, 2024 dans le cas de Presence, même s’il sort partout en 2025), deux films ensembles. Ce Presence, et Black Bag. Presence, ce n’est pas forcément un film facile à aborder. Car c’est le film de Koepp, de par son écriture, ce qu’il veut nous raconter textuellement, et le film de Soderbergh, par son concept visuel même, totalement contrôlé par Soderbergh, officiant comme réalisateur, directeur de la photo, monteur et caméraman. Un film qui, pour une raison inconnue, aura tout de même trainé pile un an dans un carton, entre sa présentation au festival de Sundance en Janvier 2024 et sa sortie finalement en Janvier 2025. Un mystère complet. Un film en tout cas qui n’est pas ce qu’il semble être. Car le film fut vendu sur son concept, simple mais il est vrai, original, à savoir filmer une famille qui emménage dans une maison où il y a un esprit, mais filmer tout ça du point de vue de l’esprit. Donc, avec une caméra flottante, avec des scènes qui sont donc tout naturellement composées de plans séquences. Sauf que Presence, dans les faits, n’est pas un film d’horreur, ni même un film fantastique. Par moment, il tente de lorgner vers le thriller, sauf que la mise en scène même de Soderbergh fait passer le tout pour un drame.

Mais si l’on regarde ce que Presence raconte, dans le texte, c’est simple, c’est David Koepp qui nous refait quasiment la même histoire que pour son Hypnose. Un esprit, un possible tueur. Le point de vue, forcément, du coup, est différent. Et c’est là que le métrage devient intéressant, car en prenant le point de vue de l’esprit, Soderbergh peut alors narrativement nous présenter tout ce qu’il se passe dans la maison. En quelque sorte, cet esprit qui voit tout, c’est le spectateur, qui devient lui aussi voyeur des événements, des drames qui se déroulent dans cette maison, entre les différents membres de cette famille. Saluons d’ailleurs la prestation de la jeune Callina Liang dans le rôle principal, dont il ne s’agît il me semble que du second film au cinéma. Avec un tournage de seulement 11 jours dans un lieu unique, c’est du beau boulot. Pour le reste, je serais moins convaincu, notamment car les autres membres de la famille, en particulier la mère (Lucy Liu) et le frère (Eddy Maday) me semblent beaucoup trop en retrait pour être pleinement développés. Dommage, pour un film qui nous met en position de voyeur au sein de toute cette famille dont la relation doit s’effriter petit à petit. Quant à West Mulholland, nouvel ami de Tyler (le frère donc) qui va rapidement flirter avec Chloe (Callina Liang), dommage que son écriture soit un peu trop simple, faisant que l’on devine assez rapidement de quoi tout cela retourne. Car c’est là que se situe en réalité le point intéressant, mais aussi décevant du film, entre cette mise en scène qui part dans une direction et son scénario qui veut lorgner vers le thriller et raconter la même chose qu’Hypnose, de façon très simple et condensée.

Tout est beaucoup trop simple dans le texte, beaucoup trop prévisible, et en nous permettant de voir très rapidement ce que chacun ressent avec cet esprit qui peut être partout, dans chaque pièce, sans être vu, le scénario deviendrait presque une faiblesse, surtout qu’il ne semble pas vraiment savoir sur quel pied danser, lorsqu’il fait intervenir par exemple deux personnages le temps d’une poignée de scènes, afin de savoir si oui ou non il y a un esprit dans la maison, après que la famille ne soit témoin d’événements étranges. Un moment qui finalement, n’a quasiment aucune incidence sur tout le reste du récit, partagé donc entre son drame familial et son côté thriller qui vient timidement s’infiltrer dans le récit. C’est surtout cette partie là d’ailleurs qu’on voit venir à des kilomètres. Pour autant, Presence se laisse voir, déjà car techniquement, le métrage bénéficie du savoir-faire de Soderbergh, qui livre là une expérience plus proche heureusement de ces expérimentations réussies (Unsane et son tournage au téléphone, The Girlfriend Experience et ses dialogues improvisés, Bubble et son casting intégralement amateur) que de ses échecs (Full Frontal, d’une nullité abyssale). Et comme toujours avec lui, Presence ne s’embarrasse pas avec une intrigue complexe, ni avec les à-côtés, si bien qu’en 1h25 générique inclus, c’est plié, et on ne voit pas le temps passer. Une réussite donc ? Semi-réussite plutôt, vu toutes mes réserves, mais un moment fort intéressant.

Les plus

Le point de vue d’un esprit
La partie drame familial, réussie
Court
De belles choses dans la technique

Les moins

Un scénario trop simple, trop convenu
Quand ça veut lorgner vers le thriller

En bref : Presence est autant un film de Soderbergh dans ses idées et expérimentations visuelles qu’un film de Koepp dans son scénario simple et déjà vu. Intéressant et au final, divertissant, mais bancal.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The point of view of the spirit
♥ The part about family drama, well done
♥ Short
♥ Some nice things technically
⊗ The script, too simple, predictable
⊗ When it wants to go the thriller’s way
Presence is as much of a movie from Soderbergh for the ideas and visual’s experimentations than a film from Koepp for the simple script. Interesting and entertaining, but not perfect.

3 réflexions sur « PRESENCE de Steven Soderbergh (2025) »

  1. Une demi-reussite c’est toujours mieux qu’un semi-échec. En tout cas le concept intrigue, preuve que l’ami Soderbergh a bien fait de ne pas prendre sa retraite quand il l’a annoncée.
    Il reste un cinéaste difficile à cerner, et c’est très bien comme ça. Il nous avait d’ailleurs prévenu dès son premier film, salué comme il se doit : il y aura du sexe, des mensonges et de la vidéo.
    Merci pour cet article qui me donne très envie de le choper avant que cette présence ne s’evanouisse.

    1. J’ai toujours quelques Soderbergh en retard sur ce qu’il a fait depuis 2020, mais en 2025 en tout cas, déjà deux films bien différents, qui essayent chacun des choses de leur côté. Et de par son côté qui aime surprendre et tenter toujours de nouvelles choses, il reste inégal malgré tout, mais intéressant oui. Ironiquement d’ailleurs, son premier reste toujours mon préféré de lui, même si j’aime beaucoup de films de lui.
      En tout cas, PRESENCE ne doit déjà plus être en salles je pense, deux mois après sa sortie. Mais il a été un succès, et il faut dire, son budget était risible (2 millions je crois), donc forcément. Contrairement à son suivant, BLACK BAG, qui a été un échec avec son budget de 50 millions (il en a récolté je crois 15).

      Je suis content en tout cas de ne pas utiliser l’application WordPress, d’ailleurs je n’utilise quasi jamais mon téléphone, qui de toute façon, a un souci de batterie depuis des mois (il a dû mal supporter l’été Japonais, du coup la batterie se décharge en quoi, 2h). Je n’ai eu qu’une fois ton com en tout cas. Surveille car je ne vais pas tarder à balancer un tas de reviews de films récents, divers et variés (encore du Soderbergh, du Mel Gibson, du Bong Joon-ho et j’en passe).

  2. Ps : toujours un souci avec WordPress : impossible d’envoyer un com via l’interface de l’appli, il faut que j’ouvre la page web pour que ça marche. Tu auras peut-être quatre fois mon com, j’ai insisté.

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