VILLAGE OF DOOM (丑三つの村) de Tanaka Noboru (1983)

VILLAGE OF DOOM

Titre Original : Ushimitsu no Mura – 丑三つの村
1983 – Japon
Genre : Thriller
Durée : 1h47
Réalisation : Tanaka Noboru
Musique : Sasaji Masanori
Scénario : Nishioka Takuya

Avec Furuoya Masato, Tanaka Misako, Öba Kumiko, Natsuyagi Isao, Satsuki Midori, Ikenami Shino, Hara Izumi, Ishibashi Renji, Arai Yasuhiro et Iwao Dan

Synopsis : Dans le petit village de Kamo, le jeune Tsugio a des rêves plutôt simples alors que la seconde guerre mondiale se prépare. Être avec la femme de ses rêves, et pouvoir servir son pays avec honneur. Seulement rien ne se passe comme prévu, il est la risée du village, et on lui refuse de partir à la guerre puisqu’il a la tuberculose. Moqué, maltraité, évité comme la peste, tout cela en est trop pour lui.

Le 21 Mai 1938, c’est l’horreur au village de Kamo près de Tsuyama, dans la préfecture d’Okayama. Une trentaine de personnes perdent la vie, tuées par un seul homme. En 1983 sort Village of Doom, ou Ishimitsu no Mura, qui nous raconte ce qu’il s’est passé, le tout réalisé par Tanaka Noboru, réalisateur spécialisé dans les pinku, et adaptant donc le roman de Nishimura Bo. En 2003, soit pile 20 ans après le film, Furuoya Masato, l’acteur principal, met fin à ses jours. En 2024, il est possible de découvrir le film dans les meilleurs conditions possibles grâce à la sortie du Blu-Ray en Amérique. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a à dire sur Village of Doom, film imparfait mais intéressant, éprouvant par moment, et qui a le mérite de mettre en lumière une histoire peu connue en dehors du Japon, le tout avec une petite touche d’exploitation non négligeable. Le film, il est découpé, logiquement, en deux parties. La première, la plus longue, concernera tout ce qui mènera au fameux massacre, tandis que la dernière demi-heure ne concerne que ce massacre en question, sans détours. Une première partie imparfaite, qui manque parfois un peu de montée en puissance pour mener aux fameux événements, mais qui fait preuve de belles choses également, comme une poignée de scènes érotiques parfois joliment filmées (toujours le préciser quand c’est le cas), un score musical enivrant, et des choses à dire, sur le Japon, sur les zones rurales, sur le gouvernement et ses jeunes qui voient le départ à la guerre comme le plus grand honneur de leur vie. Et la seconde partie, le fameux massacre, imparfait également, avec des acteurs qui en font parfois des caisses, mais qui parvient à donner ce qu’il promettait, à savoir un massacre réaliste, premier degré, éprouvant donc.

Fait divers macabre, évidemment, Village of Doom ne va pas surprendre par sa narration, ou sa finalité. Le tout est couru d’avance, et on ne regarde pas le métrage pour son retournement de situation, qui est attendu dès le départ. Et si la première partie est clairement la plus longue, vampirisant quasiment 70% du film, elle n’est pas inutile pour autant, puisqu’il dépeint parfaitement un état d’esprit dans un milieu bien particulier dans les années 30. Ces petits villages, isolés, ou le pire peut côtoyer le meilleur. Le meilleur, il est évident, et pourtant minime ici. Vivre au vert, loin de la ville, loin du bruit incessant, dans un endroit où tout le monde se connait. Dans le meilleur des mondes, ce serait l’idéal. Pas ici, pas en 1938, où notre héros, Tsugio, a bien du mal à s’en sortir. Certains villageois se moquent de lui, les femmes couchent un peu avec tout le monde, on lui « emprunte » de l’argent, on lui fait des promesses qui ne viendront jamais, et lorsqu’il tombe malade alors qu’il compte bien s’engager dans l’armée pour défendre son pays à la guerre avec honneur, il est refusé puisqu’il a la tuberculose. Il devient alors la risée de tout le monde, beaucoup se mettent à l’éviter. Il devient une honte puisqu’il ne peut pas faire ce que les jeunes pourtant rêvent de faire, à savoir servir leur pays. De là découlera le malheur des personnages et du village. C’est un peu facile dans le fond, mais oui, c’est une histoire vraie, et du coup, on peut se dire que le réalisateur tape un petit peu sur tout ça, sur le système, sur les jeunes, sur les gouvernements, et sur le milieu rural. Il est juste dommage que la montée en puissance nécessaire avant que Tsugio ne passe à l’acte ne se ressent pas toujours.

Les événements s’enchaînent, il survit comme il le peut, il collectionne les fusils (qui seront confisqués), et un beau jour, il va s’acheter un fusil à pompe, et décider qu’il passera à l’acte, presque sur un coup de tête. Et là, sans détour, le film plonge dans l’horreur, ou dans l’exploitation l’on pourrait dire, avec notre personnage armé jusqu’aux dents, avec son fusil, un katana, tout plein de couteaux, et ses deux lampes sur le côté du visage, et va tuer tout simplement tout ceux qu’il n’aime pas dans le village, tout ceux qui lui ont fait du tort, dans un carnage quasi ininterrompu de 30 minutes. Un carnage très violent (nous sommes en 1983), où la caméra ne devient pas timide et filme frontalement les événements. Ca tranche, ça crible de balles, ça découpe, tout y passe, et c’est une trentaine de villageois qui y passent, hommes femmes et enfants confondus, avant, fatalement, que l’histoire ne prenne fin comme dans la vraie vie, par la suicide du personnage. Et là où ça aurait pu être complaisant ou totalement gratuit (comme des années plus tard avec le film Concrete adaptant un fait divers tout aussi sordide et éprouvant, bien que limité là à une seule personne), finalement, dans Village of Doom, ça passe parfaitement. Grâce à de belles compétences techniques (ce n’est pas un vulgaire film fauché), un certain recul sur les événements, des petits messages ci et là, un massacre bien fichu, et finalement, juste, un bon film.

Les plus

Une histoire vraie
Techniquement travaillé
Belles musiques
Le carnage final de bien 30 minutes

Les moins

Ça manque parfois de montée en puissance
Quelques acteurs dans le surjeu

En bref : Village of Doom, c’est l’histoire vraie d’un pétage de plomb dans un village en 1938 menant à la mort d’une trentaine de personnes. Très critique envers le milieu rural, la guerre et les mentalités de l’époque, le métrage culmine dans un carnage final virant à l’exploitation qui ne fait pas dans la dentelle.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A true story
♥ Technically, there is a lot of work here
♥ Nice soundtrack
♥ The final massacre, around 30 minutes
⊗ It could have been more powerful
⊗ A few actors are not that good
Village of Doom, it’s the true story of a guy who went crazy in a village in 1938, killing more than thirty people. The film heavily criticizes war, the countryside and the mentality of the time, and it all ends up with a bloody carnage going full « exploitation’s flick ».

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