THE INSIDER (Black Bag) de Steven Soderbergh (2025)

THE INSIDER

Titre Original : Black Bag
2025 – Etats Unis
Genre : Faux Thriller
Durée : 1h33
Réalisation : Steven Soderbergh
Musique : David Holmes
Scénario : David Koepp

Avec Michael Fassbender, Cate Blanchett, Marisa Abela, Regé-Jean Page, Naomie Harris, Gustaf Skarsgård, Kae Alexander, Pierce Brosnan, Martin Bassindale et Paul Balley

Synopsis : George Woodhouse et sa femme Kathryn sont des légendes de l’espionnage. Lorsque Kathryn est soupçonnée de trahison, George est confronté à un dilemme ultime : son mariage ou la loyauté envers son pays.

En 2025, Soderbergh est plus actif que jamais, puisqu’après la sortie de Presence en Janvier, c’est au tour de Black Bag, dont je me refuse à dire le titre Français (malgré tout en Anglais) qui sort en Mars. Un film indépendant tourné en Mai dernier et dont les droits furent acquis par Focus Features pour une belle somme en ce début d’année. Comme d’habitude avec Soderbergh, il s’entoure d’habitués, tout en signant toujours lui-même la mise en scène, la photographie et le montage. David Holmes (Ocean’s Eleven et les suites, Hors d’Atteinte) est à la musique, David Koepp (Presence, Kimi) est au scénario, Michael Fassbender et Cate Blanchett tiennent les rôles principaux. Fait amusant (en fait, simple détail), on trouve au casting Pierce Brosnan, ancien James Bond, et Naomie Harris, actrice importante du dernier opus de la saga. Avec tout ça, et son point de départ nous parlant d’espions passant leur vie à mentir, et dont George, joué par Michael Fassbender, introduit dans un plan séquence où la caméra le suit jusqu’à sa rencontre avec un personnage qui lui donne sa mission, celle de trouver une taupe dans l’agence qui pourrait d’ailleurs être sa femme (Cate Blanchett donc), on se dit que c’est plié, surtout avec David Koepp au scénario, habitué aux espions, lui qui avait après tout écrit le premier Mission Impossible, et dans le genre, également Snake Eyes, toujours pour De Palma. Sauf qu’il n’en est rien, et on le comprend dès la bavarde scène suivante autour d’une table, simple diner entre les différents protagonistes du métrage. Simple ? Non, car George, professionnel jusqu’au bout des ongles, maniaque, et accessoirement cuisinier pour le repas, en a profité pour droguer ses invités afin de commencer sa mission et de débusquer la taupe.

Au programme donc ? Beaucoup de mensonges, de la nourriture, des vies sexuelles complexes doublées d’autres mensonges, pour un film qui tourne donc avec malice le dos au simple film d’espionnage pour à la place se focaliser sur les mensonges de la vie sentimentale des personnages, avec leurs séances chez la psy (Naomie Harris). La taupe n’est qu’un prétexte qui permet à Soderbergh de s’amuser, et dans cet exercice de style, le scénario de Koepp ce coup-ci part dans la même direction, là où il ne semblait pas toujours en accord avec la vision de Soderbergh sur Presence, où l’un voulait raconter un drame familial sur fond de paranormal, tandis que l’autre voulait se servir du paranormal pour introduire du thriller dans l’intrigue. Ici, les deux vont dans la même direction, et si forcément, cette direction surprenante demande un petit temps d’adaptation (la première scène de repas ouvrant quasiment le film m’aura quelque peu perturbé, tant elle allait contre mes attentes), si on se laisse porter, le nouveau bébé de Soderbergh a alors bien des choses intéressantes à proposer. Déjà car le casting est une grande réussite. On sait depuis le temps que Fassbender est un grand acteur (après tout, même dans le mauvais Alien Covenant, lui, il est bon), Cate Blanchett n’a plus rien à prouver, Tom Burke également, lui que l’on avait déjà vu l’année dernière chez George Miller (Furiosa), mais aussi chez Nicolas Winding Refn (Only God Forgives) ou encore David Fincher (Mank), et Regé-Jean Page (le récent Donjons et Dragons) est classe et suave comme à son habitude. Même la relativement nouvelle dans l’industrie Marisa Abela récupère un rôle dont elle semble clairement s’amuser à interpréter. Si Black Bag se fait finalement radin en action, et même souvent radin en espionnage, il remplace les armes par les dialogues, et là, ça fuse, et souvent, ça amuse, comme lors de cette scène où Fassbender fait passer à l’intégralité du casting un détecteur de mensonges, qui réserve quelques surprises.

Soderbergh soigne son métrage, lui donnant des allures élégantes via sa mise en scène comme toujours posée et via ses éclairages naturalistes, allant de pair donc avec les thématiques du métrage, plus intimes (et coquines) que ce que l’intrigue ne laissait supposer. Et finalement, alors que l’on se prend doucement au jeu, entre rires étouffés face à certains dialogues et ses moments où l’on se dit « tout ça pour ça », comme pour la seule véritable scène d’espionnage du titre, qui trouve une conclusion presque embarrassante en réunion de crise menée par Pierce Brosnan, on se retrouve conquis par le métrage, qui pour boucler la boucle, nous offrira un nouveau repas, amusant et piquant, à la conclusion expéditive mais jouissive. Le tout donc sous l’œil expert de Soderbergh, et mené par la bande son totalement reconnaissable de David Holmes (certains rythmes semblent clairement venir d’un Ocean’s). Et au bout du compte, le spectateur, s’il garde l’esprit ouvert, se sera fait avoir, en se lançant non pas dans un thriller d’espionnage haletant, mais dans une comédie amère sur le mensonge de la vie de couple. Et le film n’a pas la prétention de nous livrer une grande fresque ou de blablater pendant des heures dessus, en 1h30, c’est plié.

Les plus

Un sacré casting
Un film souvent amusant
Soderbergh semble s’amuser de nos attentes
Les dialogues

Les moins

Le début qui peut demander un temps pour rentrer dedans

En bref : Black Bag, de son horrible titre Français The Insider, c’est un film qui part dans une direction totalement opposée à nos attentes. De thriller d’espionnage, on passe sur un ton léger à une analyse des mensonges de la vie de couple de nos espions. Et ça fonctionne, grâce aux dialogues, aux acteurs, au côté carré du film qui va à l’essentiel sur 1h30.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ What a cast
♥ A film often amusing
♥ Soderbergh is clearly having fun avoiding our expectations
♥ The dialogues
⊗ The beginning, you’ll probably need some time to really be in the mood
Black Bag, it’s a film going the opposite direction compared to our expectations. From thriller, you go with a lighter done to the analysis of the lies around the love life of spies. And it works, thanks to the dialogues, the actors, and Soderbergh’s directing, all that only during 90 minutes.

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