Titre Original : 攻殻機動隊 / Gōsuto In Za Sheru / Kōkaku Kidōtai
1995 – Japon
Genre : Animation
Durée : 1h22
Réalisation : Oshii Mamoru
Musique : Kawai Kenji
Scénario : Itô Kazunori
Avec les voix de Tanaka Atsuko, Sakamoto Maaya, Otsuka Akio, Oki Tamio, Kayumi Iemasa, Yamadera Kôichi, Genda Tesshô, Nakano Yutaka et Yamaji Kazuhiro
Synopsis : En 2029, le major Kusanagi Motoko et son collègue Batou, deux cyborgs, travaillent dans l’unité spéciale anti-terroriste du gouvernement, la section 9 de New Port City au Japon. Au cours d’une de leurs enquêtes, ils sont chargés de capturer un redoutable pirate informatique, insaisissable, connu seulement par son pseudonyme de « Puppet Master ».
Il n’est jamais simple d’écrire sur un aussi gros morceau de cinéma, surtout 30 ans après sa sortie, alors que l’œuvre est adulée, que tout a été dit dessus. L’on pourrait revenir sur sa genèse, avec le studio Bandai Visual qui aurait imposé au réalisateur de se pencher sur cette adaptation, ou sur les précédentes œuvres justement du réalisateur, Oshii Mamoru, à savoir les deux adaptations de Patlabor. L’on pourrait aussi parler des influences visuelles du film afin de créer sa ville, en se tournant vers l’architecture de Hong Kong, ce qui est d’ailleurs évident, avec ses petites ruelles bondées et ses avions qui passent juste au-dessus des immeubles en décollant. L’on pourrait aussi parler des thèmes abordés par le métrage qui restent passionnants 30 ans après sa sortie. Des thèmes que l’adaptation cinématographique en 2017 n’aura pas vraiment compris, changeant le « qu’est-ce que je suis ? » en simple « qui suis-je ? », simplifiant donc énormément le propos. Ou bien du pari assez osé du réalisateur de vouloir livrer une œuvre à la portée philosophique constituant clairement le cœur de son récit, au détriment de l’action, ce qui en fait, dans le fond, une œuvre moins vendeuse. D’ailleurs, à sa sortie initiale, le film fut un échec, mais gagna rapidement en reconnaissance, et donc, d’échec, il devint un retentissant succès, ce qui permit au réalisateur de livrer une suite en 2004. Sans oublier évidemment des avancées technologiques du métrages, utilisant de nouvelles techniques pour créer son univers. Sans oublier, bien évidemment, le score musical composé par Kawai Kenji, puissant, iconique, et toujours parfait autant de temps après. Oui, il y a énormément de choses à dire sur le métrage, sur sa conception, sur son équipe, sur ses choix, sur ce qu’il décide de nous raconter et de la manière de le faire. Et pourtant, par où commencer ?
Ghost in the Shell nous raconte donc, dans les très grandes lignes, la poursuite du Major et de ses collègues de la section 9 dans le Japon de 2029 pour mettre la main sur quelqu’un se faisant appeler le Puppet Master, un redoutable pirate informatique. Rajoutons à tout ça quelques complications avec de possibles complots en interne, entre la section 9 et la section 6, mais aussi la vision d’un avenir proche, maintenant encore plus proche, qui, si cela m’étonnerait que l’on atteigne ce niveau d’ici 4 ans, reste totalement plausible du fait de technologies s’incorporant dans un monde qui ressemble malgré tout toujours au notre. Et puis, il y a le Major et ses interrogations sur ce qu’elle est, de ce qu’est la conscience, d’avoir une âme. J’airais même plus loin en incluant ses nombreux moments contemplatifs, comme son sublime générique, ou bien ce moment où le Major évolue dans la ville, regardant le monde évoluer autour d’elle sans dire un mot, regardant simplement la vie suivre son cours, l’humain fonctionner et faire sa vie, sans avoir la moindre interactions avec eux. Ces moments restent pour moi les plus beaux du métrage, et la musique de Kawai Kenji y est, certes, pour beaucoup. Et il y a ses nombreux questionnements, clairement énoncés par le Major lors de ces échanges avec ces camarades, que ce soit Batou, ou Togusa, humain presque normal à 100% pour lui. Il y a tant de choses dans Ghost in the Shell, alors qu’ironiquement, il ne dure que 1h22. Là où de nos jours, certains films osent parfois avec prétention nous raconter une histoire en 3h dont les maigres intentions tiennent en seulement trois lignes, Ghost in the Shell parvient à être bien plus en une durée archi condensée, sans oublier toutefois de nous éblouir par son visuel, et de proposer en prime quelques scènes d’action, souvent violentes et sèches.
Et même avec tout ça, le métrage parvient aussi à nous interroger lorsqu’il ne pose pas ses questions frontalement, comme avec ces pirates qui parviennent, à une époque où l’informatique est partout (comme aujourd’hui donc) à pirater l’esprit humain, pour implanter de faux souvenirs. Sans Ghost in the Shell et ses questionnements, il n’y aurait jamais eu de Matrix par exemple au cinéma, et dans le monde du jeu vidéo, il n’y aurait clairement jamais eu de Cyberpunk 2077, dont certaines quêtes secondaires ramènent clairement aux mêmes questionnements. Nous sommes face à un film culte, important, un film riche avant tout. Riche dans son propos, riche dans son visuel, riche dans ses personnages. A l’heure où l’intelligence artificielle se développe et effraye une partie de la population, les questionnements de Ghost in the Shell apparaissent encore plus pertinents aujourd’hui. Si l’on ajoute par-dessus tout ça la relation tout en finesse entre le Major et Batou, on tient là un grand film, assurément. Complexe, contemplatif, beau, actuel. Sera-t-il toujours autant d’actualité dans 50 ans ? On en reparlera d’ici là, si nous sommes toujours en vie. En réalité, s’il fallait véritablement lui trouver un défaut, c’est tout simplement sa durée. Oshii Mamoru a réussi un exploit de blinder son récit de questionnements, de contemplation, d’action, sur seulement 1h22… mais il y a encore tant à dire, tant à explorer que l’on aimerait pouvoir, nous aussi, avoir une discussion avec le Major sur le Ghost, sur l’âme, sur l’information, sur la vie. A noter qu’en 2008, le réalisateur sortira une version « améliorée » en modifiant des plans en se servant de nouvelles technologies, et je n’ai honnêtement pas envie de m’y frotter.
Les plus
Visuellement très beau
Des questionnements passionnants
Encore plus d’actualité aujourd’hui
La musique de Kawai Kenji
L’action de très bonne facture
Il se dégage une réelle ambiance
Le côté contemplatif
Les moins
1h22 alors qu’il y a tant à dire
En bref : Ghost in the Shell, par sa justesse, son propos, ses interrogations, son visuel et son sens du spectacle, ce n’est pas loin du chef d’œuvre. En tout cas, ça reste une grande œuvre qui en aura inspiré beaucoup par la suite.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Visually, stunning ♥ Very interesting themes and questions ♥ Even more actual nowadays ♥ The score from Kawai Kenji ♥ Very good action sequences ♥ There is a real atmosphere here I love the contemplative parts of the film |
⊗ Only 82 minutes, and so much to say |
Ghost in the Shell, thanks to its story, its questions, its visual and its entertaining values, is close to be a masterpiece. It remains an important work and it inspired so many after its release. |