Titre Original : Monstrous
2022 – Etats Unis
Genre : Drame fantastique
Durée : 1h28
Réalisation : Chris Sivertson
Musique : Tim Rutili
Scénario : Carol Chrest
Avec Christina Ricci, Santino Barnard, Don Baidaramos, Colleen Camp, Lew Temple, Carol Anne Watts, Jennifer Novak Chun et Peter Hodge
Synopsis : Dans les années 50, une femme fuit une relation abusive et emménage avec son fils de sept ans dans une charmante maison près d’un lac. Mais, sous les eaux paisibles de leur nouveau sanctuaire, se cache un danger terrifiant.
12 films seulement au compteur comme réalisateur, mais 27 crédits comme scénariste, Chris Sivertson est un peu le gars qui n’a pas eu de bol. Révélé par ses trois premiers métrages, en particulier le premier (All Cheerleaders Die, coréalisé avec Lucky McKee, avec lequel il partage un certain destin) et le troisième (l’excellent The Lost d’après Jack Ketchum), il est rapidement tout simplement détesté du public et des critiques avec son long métrage de 2007, I Know Who Killed Me. A-t-il insulté le public et les critiques comme Uwe Boll ? A-t-il réalisé un étron cinématographique ? Absolument pas, il a juste fait un film mettant en avant Lindsay Lohan… Car la haine contre ce film semble plus en réalité être contre l’actrice que le métrage en lui-même, loin d’être parfait, mais loin d’être mauvais. Et c’était la fin pour Sivertson, qui bien que tournant toujours, n’intéressa plus le public (il retrouvera McKee pour livrer un remake ensemble de leur premier métrage), et se tournera même vers des téléfilms (ces deux métrages précédents, Shattered Memories et Driven to the Edge). Monstrous en 2022, c’était son tout petit retour sur grand écran, avec en plus Christina Ricci dans le premier rôle, excellente actrice. Les avis n’étaient pas tendres, mais vu que Sivertson se fait souvent défoncer depuis I Know Who Killed Me, ça n’allait pas m’arrêter, même s’il faut avouer que pour une minuscule petite production (le budget n’a pas été annoncé mais doit être bien bas), l’ouverture du film est à la fois rafraichissante et terrifiante. Rafraichissante car Monstrous se déroule dans les années 50 et donc, visuellement, avec les décors, les costumes, les couleurs, les coupes de cheveux, il est enchanteur, très réussi. Terrifiant car entre les boites de productions et les différents noms affichés, Monstrous a presque 50 producteurs sur le projet. Oui, 50 !
Evidemment, pour un petit film, un producteur unique ou une dizaine (entre producteurs, exécutifs, producteurs délégués) ne veut rien dire, un petit film pouvant être porté par la passion et l’envie d’un seul producteur qui croit au projet, ou justement pas mal de petits producteurs, qui y croient aussi, mais qui s’allient pour donner le meilleur (et parfois, pour que chacun donne sa petite directive sur le contenu). Alors forcément, quand ce nombre atteint quasiment la cinquantaine de producteurs, on peut clairement prendre peur en imaginant en coulisses une guerre pour imposer telle ou telle idée. Est-ce le cas ? Je l’ignore, mais vu que Monstrous s’éparpille parfois, c’est possible. Monstrous est-il mauvais pour autant ? Non pas vraiment. Décevant, mais pas mauvais. Nous y suivons Laura Butler qui prend sa belle voiture et qui arrive dans sa nouvelle maison avec son jeune fils Cody. Ils fuient le père, dans ce que l’on imagine être une relation compliquée et s’installent donc dans une maison au bord d’un lac loin de tout, pour refaire leur vie, repartir sur un bon pied. Pas de bol, entre le fait que Laura soit un poil instable (la petite bouteille d’alcool n’est jamais loin), et que le jeune Cody a bien du mal à se faire de nouveaux amis dans sa nouvelle école et ne cesse de réclamer de rentrer à la maison, les choses ne sont pas simples. Et pour ne rien arranger, une créature semble vivre dans le lac derrière la maison. Monstrous, à part quelques scènes devant l’école ou dans les bureaux où Laura va travailler, est un quasi huis clos dans la grande nouvelle demeure, déjà utilisée pour le tournage du second opus de la saga Annabelle. Et à la surprise de beaucoup, malgré son titre et sa pochette, le tout tend beaucoup plus vers le drame psychologique que le film de monstre tout ce qu’il y a de plus classique. Rassurez-vous, le monstre est présent (et n’est pas la plus grande réussite du film), et intervient à intervalle régulier, mais il ne semble jamais être le véritable moteur de l’intrigue.
Le récit se fait donc lent et s’appuie en particulier sur la relation entre Laura et Cody. Sur ce point heureusement, le film peut compter sur son casting. Christina Ricci est investie et porte le film sur ses épaules. De plus, il bénéficie visuellement d’une très belle photographie et d’une mise en scène fluide et élégante, en plus d’afficher forcément un look années 50 qui fait plaisir, entre les vêtements, coupes de cheveux, les vieilles voitures, télévisions faisant la taille d’un four et vieilles pubs ringardes en noir et blanc. Scénaristiquement, c’est plus compliqué. Le film tente donc de parler de sujets graves, comme les relations toxiques, la perte de repères, le deuil même, et tout ça, c’est bien intéressant, même s’il faut attendre quasiment la toute fin pour rassembler les pièces du puzzle. Et il y a le monstre. Finalement presque accessoire à toute cette histoire, mais venant dans le récit de manière régulière. Parfois convaincante (quand il n’est pas en CGI), même s’il semble parfois un peu maladroit dans sa manière d’agripper les personnages, et parfois pas du coup convaincante, avec des plans en CGI absolument pas naturels et qui viennent faire du mal à l’esthétique rétro du film. Dommage sur ce point. Mais ça aussi, ça ne fait pas de Monstrous un mauvais film. Mais un film fragile, bancal, très lent, plus psychologique qu’horrifique, mais néanmoins parfois un peu facile et presque laborieux malgré ses 1h28 au compteur. Un film que je ne regrette pas d’avoir vu, même si une seconde vision un jour est peu probable.
Les plus
L’esthétique années 50
Christina Ricci parfaite
Des thèmes intéressants
Les moins
Un monstre pas toujours convaincant
Parfois un peu trop lent
En bref : Défoncé par une grande partie du public et des critiques, il faut dire que Monstrous tourne souvent le dos à son concept pour lorgner vers le drame psychologique. Grâce à son esthétique et Christina Ricci, ça fonctionne, mais c’est malgré tout parfois un poil trop long pour pas grand-chose, en plus d’être entaché par quelques scènes moins convaincantes.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ The aesthetic from the 50s ♥ Christina Ricci, perfect ♥ Interesting themes |
⊗ The monster isn’t great ⊗ A bit too slow |
Hated by a large part of the audience and critics, Monstrous often turns its back to its concept to go towards the psychological drama. The aesthetic and Christina Ricci are great and make it work, but it’s still too long and not for a great payoff, and a few scenes are not that convincing. |