LA NUIT DES DIABLES (La Notte dei Diavoli) de Giorgio Ferroni (1972)

LA NUIT DES DIABLES

Titre Original : La Notte dei Diavoli
1972 – Italie
Genre : Fantastique
Durée : 1h31
Réalisation : Giorgio Ferroni
Musique : Giorgio Gaslini
Scénario : Romano Migliorini et Giambattista Mussetto

Avec Gianni Garko, Agostina Belli, Roberto Maldera, Cinzia De Carolis, Teresa Gimpera, Bill Vanders, Umberto Raho, Luis Suarez, Sabrina Tamborra, Rosita Toros et Maria Monti

Synopsis : Hospitalisé à la suite d’un accident de voiture, un jeune homme revit les évènements qui ont précédé sa perte de connaissance. En attendant que sa voiture soit réparée, il s’était réfugié dans une famille au comportement étrange : ces gens étaient terrorisés par l’apparition de créatures nocturnes qui tuent les êtres qu’elles aiment pour échapper à leur propre solitude.

Giorgio Ferroni est connu des amateurs puisqu’il avait signé en 1960 Le Moulin des Supplices. Il lui aura fallut 12 ans pour revenir à l’horreur gothique avec La Nuit des Diables. Car dans les années 60, il aura fait comme beaucoup d’autres de la profession, en enchainant les westerns entre autres. Et pour se faire, il adapte La Famille du Vourdalak (1839) d’Alexis Konstantinovitch Tolstoï. Et si vous vous demandez ce qu’est un Vourdalak, terme qui sera utilisé dans le métrage dans sa dernière partie, et bien simple, c’est un terme apparu au XIXème siècle et cela désigne dans le folklore slave une sorte de vampire. Forcément du coup, ce n’est pas la première fois, ni la dernière que l’écrit sera adapté. Déjà en Italie, Mario Bava s’y était essayé en 1963 dans Les Trois Visages de la Peur. Puis il y aura eu trois films russes (enfin soviétique pour les premiers), en 1990, 1991 et 2017 (l’immonde Vamps), et même un film Français sobrement intitulé Le Vourdalak en 2023, rien que ça. Ici, nous suivons les aventures de Nicola qui après avoir erré, blessé, se retrouve à l’hôpital, amnésique et ne parlant pas. Nous savons qu’il a dû lui arriver quelque chose de terrible puisque cette ouverture a justement de quoi surprendre avec un montage surréaliste enchainant des plans chocs, mixant nudité et gore. Rien que ça. Avant que l’intrigue ne prenne le pas, l’arrivée du personnage de Sdenka à l’hôpital, la crise de panique de Nicola en la voyant, puis un long flashback constituant 90% du métrage. Nicola donc, après une panne automobile, trouve refuge dans une maison isolée où vit une famille. Il y a le grand-père, les deux fils, Sdenka, une autre jeune femme et ses deux enfants, dont l’étonnante Cinzia De Carolis, à la carrière assez surprenante (quelques films mineurs, puis un détour chez Argento alors qu’elle n’a que 11 ans, La Nuit des Diables à 12 ans, quelques comédies, puis en 1979 un film érotique pas fameux mais surprenant avec Libidine, puis Pulsions Cannibales chez Margheriti).

Elle arrêtera sa carrière au début des années 90. Bref, une grande famille, dans un coin paumé, avec des règles assez particulières, puisque dès 18h, il faut rester à l’intérieur, les portes sont barricadées, et la famille croit fermement qu’une sorcière vit dans les environs et veut tenter de prendre leur cœur. Car le Vourdalak est donc une créature qui tue pour ne pas être seul, pour que les êtres qu’il aimait l’accompagnent. Et voilà donc pour la base d’un récit. Giorgio Ferroni profite donc de cette base, de l’écrit, pour livrer un métrage entre classique et modernité, et surtout pour jouer sur l’ambiance autant qu’il le peut. Cette ambiance, elle apporte le côté classique et classieux au métrage. Un côté gothique, avec cette grande maison au milieu de nulle part, cette forêt inhospitalière, ces moments silencieux, la nuit, éclairés à la lampe à huile et où le seul son venant briser le silence sera le son de quelqu’un, ou quelque chose venant frapper à la porte, ou gratter le mur, laissant des traces improbables pour un humain. Pendant une très grande partie du récit de toute façon, le réalisateur joue surtout sur l’ambiance et s’en donne donc à cœur joie, même si du coup, il livre un récit très lent qui ne plaira peut-être pas à tous (tous les goûts sont dans la nature, même les mauvais). Gianni Garko est convaincant en Nicola, tandis qu’Agostina Belli impressionne parfois en Sdenka, entre sensualité et danger, peur et détermination. Le reste de la famille n’est pas en reste, mais souvent en retrait dans le récit. Seule donc Cinzia De Carolis sort du lot, de par les événements, apparaissant au départ comme une simple enfant qui ose s’ouvrir aux étrangers, puisque ce sera elle qui dévoilera la vérité à Nicola alors que tout le monde le laisse dans le flou, avant de devenir un être beaucoup plus dangereux dans la dernière partie, et par moment même assez flippante, allant jusqu’à attaquer sa propre mère et rire des événements.

Alors évidemment, l’on pourrait dire que le côté lent de l’aventure, très atmosphérique, est plus une contrainte budgétaire qu’une réelle volonté, surtout lorsque l’on voit la scène d’ouverture onirique. Mais quand l’atmosphère fonctionne, et que le film n’ennuie pas, surtout qu’il ne dure que 1h30, on ne va pas se plaindre. D’ailleurs, quand finalement l’intrigue se décide à se bouger, nous avons droit à quelques effets spéciaux encore plutôt impressionnants aujourd’hui, mais malheureusement aussi quelques scènes moins convaincantes, comme lorsque Nicola tentera de prendre la fuite, se débattant alors contre tout le monde, dans un « combat » pas tout à fait crédible à l’écran, puisqu’en réalité, n’importe qui se serait défendu soit en faisant de vrais dégâts, soit en prenant beaucoup plus rapidement la fuite. Heureusement, tout cela est rattrapé par son final, mélancolique, aidé par la splendide musique de Giorgio Gaslini. Pas parfait donc, mais quel film l’est réellement, mais très intéressant et fonctionnant très bien, assez pour marquer le spectateur qui y sera réceptif, avec ce mix, comme je l’indiquais, entre le classicisme (le côté atmosphérique et gothique des années 60) et moderne (le côté plus frontal et sanglant des années 70). Parfois maladroit, mais néanmoins envoutant et oh combien attachant.

Les plus

Visuellement très beau
Le côté atmosphère gothique
Non, sérieux, je trouve Cinzia de Carolis parfois flippante
Des effets sanglants surprenants

Les moins

Quelques passages maladroits
Une ouverture surprenante mais… quel est le lien ?

En bref : Pas parfait, La Nuit des Diables est en tout cas un beau film, de par son ambiance mais aussi son côté romantique. Il arrive même par moment à être inquiétant, à défaut de vraiment terrifier, et surprend parfois par ses effets sanglants.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Visually, beautiful
♥ The gothic atmosphere of the film
♥ Seriously, I think Cinzia de Carolis is sometimes creepy
♥ Surprising bloody effects
⊗ Some clumsy parts
⊗ The opening is surprising but… what’s the link with the rest?
Not perfect, The Night of the Devils is a beautiful film, with a good atmosphere and also its romantic side. At times, it’s even creepy, even if not really terrifying, and it surprises with its special effects.

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