Titre Original : Old Man
2022 – Etats Unis
Genre : Théâtre filmé
Durée : 1h38
Réalisation : Lucky McKee
Musique : Joe Kraemer
Scénario : Joel Veach
Avec Stephen Lang, Marc Senter, Patch Darragh et Liana Wright-Mark
Synopsis : Un randonneur perdu tombe sur un vieil homme vivant dans les bois, peut-être plus dangereux qu’il n’y paraît…
J’aime bien Lucky McKee. Si ironiquement, je ne suis pas un fan de son premier film, qu’il remakera 12 ans après, coréalisation pour les deux avec Chris Sivertson (All Cheerleaders Die), j’aime beaucoup le reste de sa filmographie, de May à The Woman, en passant par son épisode pour la série Masters of Horror (mais il y avait Erin Brown / Misty Mundae, et Angela Bettis, donc j’étais preneur). Mais comme son ami Chris Sivertson, après des débuts acclamés (May), le public et la critique ont tourné le dos par la suite au réalisateur, notamment sur The Woman. Si bien que lui aussi, la suite de sa carrière fut plutôt confidentielle, peu mise en avant. En 2022 en tout cas, c’était le retour des deux réalisateurs. Chris Sivertson avec Monstrous, mettant en avant Christina Ricci dans un style années 50, tandis que Lucky McKee lui revient avec un thriller en huis clos mettant en avant Stephen Lang. Et comme lui et Sivertson sont liés, le second rôle du film est tenu par Marc Senter, qui il y a bien longtemps, tenait le premier rôle dans The Lost, premier long métrage solo de Sivertson. Old Man donc, il y a des choses à savoir avant de se lancer, puisqu’avant d’être un film, le scénario était écrit comme une pièce de théâtre. Du coup, rien de surprenant à avoir un film se déroulant principalement dans une cabane, sans jamais en sortir, avec 95% du temps seulement deux personnages, qui vont parler. Beaucoup parler. L’autre constatation que l’on peut faire, c’est que si vous tombez sur une maison et que Stephen Lang y vit, fuyez. Old Man donc, c’est l’histoire d’un vieil homme, qui vit seul dans sa cabane rudimentaire au milieu de la forêt, dans les montagnes, au milieu de nulle part. Mais peu de temps après son réveil, et alors qu’il ne trouve pas Rascal, que l’on présume être son animal de compagnie, voilà que quelqu’un frappe à sa porte, un jeune homme, qu’il menace immédiatement avec son fusil, avant de s’excuser, de l’inviter à rentrer, et de se lancer dans une très longue discussion qui prendra quasiment l’intégralité du film.
Et force est de reconnaître que malgré son côté théâtre filmé (ce qu’il est littéralement, malgré quelques belles idées de mise en scène uniquement possible via le médium cinéma), et donc un côté très statique et, de base, anti-cinéma, Old Man parvient à surprendre et happer. Déjà car Lucky McKee sait filmer, et sait donc disséminer ça et là quelques éléments qui auront leur importance, sans appuyer dessus, mais juste pour les laisser trotter dans notre tête et s’en servir bien plus tard. Ensuite car McKee, c’est aussi un très bon directeur d’acteur, et que là forcément, avec Stephen Lang et Marc Senter, il a deux acteurs qui n’ont pas peur de se laisser aller et d’embrasser leurs personnages. On pourra me dire que jouer les vieux un brin psychopathe, c’est devenu une habitude pour Lang et qu’il n’a sans doute pas bien besoin de forcer, mais toujours est-il que les deux acteurs occupant l’écran quasiment du début à la fin sont impressionnants, et qu’ils parviennent, par leur intonation, leurs pauses, leurs regards, leur langage corporel, véhiculer pas mal de choses, et surtout faire naître la tension dans le métrage. Les échanges entre les deux sont souvent tendus, parfois savoureux avec un petit humour noir qui fait plaisir, et voir Senter aussi effrayé par Lang qui semble se délecter de ça, ça n’a pas de prix. Si Old Man, bien qu’imparfait, réussi malgré nous à nous captiver pendant 1h38 alors qu’il ne se passe en théorie pas grand-chose, voire rien, c’est grâce aux acteurs, et à la mise en scène qui les laisse pleinement s’exprimer, Lucky McKee ayant privilégié les plans longs lors du tournage, faisant parfois de multiples prises allant jusqu’à 10 minutes, pour justement avoir ce naturel à l’écran.
Et ça, c’est totalement réussi. Mais McKee ne se contente donc pas de les filmer, il parvient parfois justement à quitter ce côté théâtral pour aller vers quelque chose de plus cinématographique, en jouant sur le montage, et en se permettant donc certaines dynamiques bienvenues. Mais tout n’est pas parfait pour autant, car en étant un film hautement bavard, Old Man est parfois à deux doigts malgré tout de faire décrocher son public. Ce qui, si l’on en croit les avis un peu partout, fut le cas de pas mal de monde. Quant à sa révélation finale, puisque révélation il y a bien entendu, si elle reste intéressante et surtout, boucle la boucle, visuellement en tout cas, on pourra néanmoins la trouver un peu facile, elle pourra se deviner un peu à l’avance, si bien qu’il est possible de se dire « tout ça pour ça ? ». Et oui, car sous ces allures de thriller bavard tout en tension, Old Man, c’est aussi finalement une histoire extrêmement simple, que McKee et son scénariste cherchent à camoufler assez habilement, mais qui n’étant pas non plus nouvelle, sera grillée par certains. Mais ça n’en fait absolument pas un mauvais film. L’essai reste même intéressant, et dans un sens, impressionnant. Surtout qu’à titre personnel, le théâtre filmé, ce n’est pas mon truc (je n’avais pas aimé Carnage de Polanski dans le genre).
Les plus
Quelques belles trouvailles visuelles
La tension bien présente
Stephen Lang et Marc Senter sont très bons
Les moins
Mais ça reste extrêmement bavard
Le twist final, pas si fou que ça
En bref : Old Man est un petit film pour Lucky McKee. Un décor, principalement deux acteurs, et beaucoup de dialogues. Mais il parvient à faire naître la tension, même si tout n’est pas parfait.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Some nice visual ideas ♥ The tension is there ♥ Stephen Lang and Marc Senter are really good |
⊗ But yes, they talk, a lot, all the time ⊗ The final twist, not that amazing |
Old Man, for Lucky McKee, it’s just a little film. One set, two actors mainly, and lots of dialogues. But the director manages to create tension, even if it’s not perfect. |