Titre Original : La Polizia Chiede Aiuto
1974 – Italie
Genre : Policier
Durée : 1h30
Réalisation : Massimo Dellamano
Musique : Stelvio Cipriani
Scénario : Massimo Dellamano et Ettore Sanzo
Avec Claudio Cassinelli, Giovanna Ralli, Mario Adorf, Nando Murolo, Franco Fabrizi, Micaela Pignatelli, Marina Berti, Farley Granger, Steffen Zacharias, Corrado Gaipa et Sherry Buchanan
Synopsis : Le corps d’une jeune fille, Silvia Polvesi, est retrouvé pendu dans le grenier d’une maison d’un petit village de la province de Brescia. Les faits suggèrent d’abord un suicide. La police ouvre une enquête, d’abord conduite par le commissaire Silvestri puis par le commissaire Valentini, sous la coupe de la procureur adjointe Vittoria Stori. Les enquêteurs mettent au jour un réseau de prostitution de mineures impliquant de hauts politiques italiens et un scandale risque d’exploser. Mais l’enquête s’emballe encore plus dangereusement lorsqu’un homme habillé en motard, dont le visage est dissimulé sous un casque de moto, tente d’assassiner les enquêteurs et les témoins gênants.
Massimo Dellamano n’est pas le réalisateur Italien le plus connu, ni le plus prolifique, et d’ailleurs, en HD, en France, nous n’avons eu droit qu’à son film le plus connu, l’excellent Mais Qu’avez-vous fait à Solange ? C’est triste, car La Polizia Chiede Aiuto, nommé à sa sortie en France La Lame Infernale (en 1980, donc avec six ans de retard) est à la fois une continuité des mêmes thématiques, mais le tout dans un enrobage qui essaye de mixer alors deux genres très populaires en Italie. Le premier, qui était le genre même du précédent métrage de Dellamano, c’est le giallo bien évidemment. Le second, c’est le poliziottesco, un genre dans le fond tout aussi violent. De ce mélange de genre, le réalisateur, également coscénariste encore une fois, en ressort avec un métrage qui donne la part belle à l’enquête, et donc aux policiers, sans oublier qu’il faut aussi mettre son tueur en avant, et cela, il le fera avec un tueur dont le look pourrait rappeler celui de Nue pour l’Assassin de Andrea Bianchi. La différence, c’est que Dellamano lui, est un bon réalisateur, et ne va pas partir dans de la nudité gratuite et constante juste pour que le spectateur masculin reste devant son écran, mais bien développer un récit, tenter de marquer le spectateur, et se servir des deux genres qu’il aborde pour continuer d’explorer le thème de la jeunesse pervertie. Ici il sera question de prostitution de mineurs. Mais tout débute donc avec la découverte du corps d’une lycéenne de 15 ans, pendue. Si tout porte à croire à un suicide, la police trouve pourtant rapidement de nouvelles pistes, et le suicide se retrouve donc être un meurtre. Le premier d’une série de meurtres. Notre tueur, habillé en motard, tue avec une hache XXL.
Et donc, oui, le métrage ne prend pas la simple voie du giallo, c’est bel et bien la police, et une juge d’instruction, qui sont au cœur du récit et vont faire avancer l’enquête. Pas un personnage lambda qui se retrouve mêlé à cette histoire et qui trouvera le coupable en se montrant plus efficace que la police. Et dans son approche assez rentre-dedans vis-à-vis de son sujet, autant dans le traitement que visuellement, La Lame Infernale est un petit bijou qui vaut d’ailleurs tout autant le coup d’œil donc que le film dédié à Solange. Toute cette affaire mettra en lumière un réseau de prostitution de mineurs, dont les clients, qui abusent des jeunes femmes, ne sont autres que des politiciens et autres riches personnes du pays, tandis que notre tueur en tenue de motard lui se fait plaisir en essayant de faire réduire le nombre de témoins, importants ou tout simplement gênants, en tentant même de s’en prendre parfois à nos personnages principaux. La Lame Infernale, en plus de son contenu rentre-dedans, noir, et malgré tout assez réaliste (dans les grandes lignes, car le scénario a quelques grandes facilités néanmoins, voire incohérences), peut compter sur la maitrise technique de son réalisateur. C’est carré, très bien filmé, très bien pensé, et en plus, très bien rythmé, sans réel temps morts, passant avec une facilité parfois déconcertante de son enquête policière tout ce qu’il y a de plus classique, avec intérogatoires de témoins, recherches d’indices, traque du tueur et j’en passe, à son côté plus social avec ces jeunes mineurs, au giallo avec quelques scènes d’une brutalité folle. Le précédent métrage de Dallamano y allait parfois fort en termes de violence, mais La Lame Infernale va, à ce niveau, plus loin, alors que le bodycount semble au final moins élevé.
Outre sa technique souvent irréprochable, à quelques rares plans flous lorsque la mise au point doit très rapidement changer pour suivre par exemple un personnage en vélo, le film peut d’ailleurs aussi compter sur le score musical entêtant du grand Stelvio Cipriani, livrant comme toujours de splendides compositions, bien dans le ton et qui rentrent en tête. Un artiste qui peut importe le genre et le film, donne toujours le maximum, même lorsque les films ne le méritent sans doute pas. Car n’oublions pas que si on lui doit par exemple la musique de certains Mario Bava ou d’un paquet de polars, on lui doit aussi la musique de Piranhas 2, Libidine ou L’Avion de l’Apocalypse. Que ce soit pour les scènes de tension (la scène du parking), l’horreur pure, ou le polar pur et dur, La Lame Infernale livre la marchandise. On pourrait même dire que le réalisateur s’amuse un peu de nous, alors que nous étions prévenus dès l’ouverture et son texte nous indiquant clairement les intentions du métrage. L’ajout dans l’intrigue du tueur, son look, tout cela n’est au final qu’une belle diversion pour la police, pour les éloigner simplement du réel sujet du film, de l’enquête. Une preuve supplémentaire ? Sa scène finale, où nos policiers se retrouvent tout simplement face à la triste réaliste. Ils ont fait de leur mieux, tout devrait bien se passer, mais au final, non, rien ne bougera pour le fin mot de l’histoire. Son propos est donc plutôt glaçant. La vraie ombre au tableau ? Oui, son mannequin pour la scène d’ouverture, qui fait peur, et pas pour les bonnes raisons. Avouez que pour rentrer dans un polar se voulant sombre et réaliste, il y a mieux que cette première impression. Heureusement que tout le reste est au top.
Les plus
Un polar rondement mené
Techniquement abouti
La musique de Stelvio Cipriani
Les meurtres, belle diversion, violents et prenants
Les thématiques abordées, sombres
Les moins
Quelques facilités d’écriture
Le mannequin de la scène d’ouverture, pas crédible
En bref : Massimo Dellamano continue d’explorer la thématique de la jeunesse sexualisée et pervertie, et s’en sert pour livrer à la fois un polar rondement mené, où s’invite parfois un peu de giallo, et un discours presque flippant sur nos élites aux pouvoirs. Hautement divertissant et fort bien emballé.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A well made thriller ♥ Technically, it’s amazing ♥ The score from Stelvio Cipriani ♥ The murders, nice distraction, violent ♥ The dark themes |
⊗ A few flaws in the script ⊗ The mannequin in the opening scene, not very credible |
Massimo Dellamano continues to explore the themes of perverted and sexualized teenagers, and uses it to deliver a very good thriller, with a bit of giallo and scary themes about people in charge. Highly entertaining and well made. |