Titre Original : La dama rossa uccide sette volte
1972 – Italie
Genre : Giallo
Durée : 1h39
Réalisation : Emilio Miraglia
Musique : Bruno Nicolai
Scénario : Fabio Pittorru et Emilio Miraglia
Avec Barbara Bouchet, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Marino Masè, Pia Giancaro, Sybil Danning, Nino Korda, Fabrizio Moresco, Rudolf Schundler et Bruno Bertocci
Synopsis : Selon une ancienne légende, la dynastie Wildenbrück serait maudite depuis de nombreuses générations. En effet, tous les cent ans, une habitante du château Wildenbrück en Bavière serait possédée par celle que l’on nomme « la Dame rouge », et se verrait contrainte d’assassiner sept personnes pour prolonger la malédiction. La légende veut que sa dernière victime soit « la Dame noire », c’est-à-dire la propre sœur de la possédée. En 1972, Kathy Wildenbrück, photographe de mode à l’agence Springe, se dispute violemment avec sa sœur Évelyne, dans le jardin du château familial. S’ensuit un affrontement au cours duquel Kathy tue accidentellement sa sœur. Quelque temps plus tard, des proches de la jeune femme sont tués sous les coups de poignard d’une étrange silhouette vêtue de rouge.
Après avoir été assistant, Emilio Miraglia passe réalisateur en 1967, signant le film La Peur aux Tripes cette année-là. Ça aurait pû être le début d’une grande carrière, comme pour beaucoup d’autres, à l’heure où le western, le giallo et les polars inondaient les écrans. Seulement après quelques polars (Casse au Vatican, Ce Salaud d’inspecteur Sterling) et un western (Joe Dakota), le réalisateur signe son ultime film en 1972 avec le giallo La Reine Rouge tua Sept Fois. Six films seulement au compteur entre 1967 et 1972, avant le décès prématuré du réalisateur 10 ans plus tard, en 1982, à seulement 58 ans. Un film dont on ne sait pas grand-chose sur sa conception, qui est loin d’être devenu culte avec les années, mais qui pourtant, demeure certes un petit giallo loin d’être mémorable, mais aussi loin d’être mauvais, nous amenant dans le milieu de la mode… Tiens, comme un retour aux sources avec le milieu de la mode dans un certain Six Femmes pour l’Assassin, le métrage de Mario Bava qui lança le genre 8 ans auparavant. Il est question ici d’une possible malédiction frappant la famille Wildenbruck en Allemagne, où tous les 100 ans, une personne de la famille deviendrait comme possédé et tuerait sept autres personnes. Et alors que notre héroïne Kathy et sa sœur Evelyn arrivent en 1972, soit 100 ans après le précédent drame, notre histoire commence véritablement, après nous avoir exposé ses enjeux, personnages principaux et son atmosphère durant l’ouverture où l’on découvre les sœurs enfants.
Et immédiatement, quelque chose séduit dans le métrage, et ce n’est pas seulement dû au charme de son époque, le début des années 70, parfaitement reconnaissable visuellement. Enfin, un peu tout de même, mais pas que. Car le métrage de Miraglia va mélanger l’esthétique et les codes classiques du giallo, avec ce tueur armé d’un couteau, ses victimes ayant un lien, ses secrets et mensonges familiaux, avec les codes du film gothique, en plaçant une partie de son intrigue dans un gigantesque château, et en filmant tout ça comme un film de la Hammer parfois. Et il faut avouer que ça fonctionne très bien, le tout sous la superbe musique de Bruno Nicolai, mais aussi sous la photographie d’Alberto Spagnoli. C’est souvent très beau, à la fois pour les yeux et les oreilles, et ça met superbement en valeur le décor du château, mais également la ville où le métrage fut tourné, Wurtzbourg en Allemagne. La caméra sait donc mettre les décors en valeur, mais pas que, car elle filme également le casting féminin avec grâce. Barbara Bouchet notamment, son regard, tout, elle est souvent sublime à l’écran. Le métrage n’a donc clairement pas à rougir techniquement, c’est là du très bon boulot. Son intrigue, elle, demeure assez classique dans le genre, malgré le mix entre le classique giallo via cette tueuse au couteau vêtue de rouge et cette possible malédiction venant bien plus du cinéma gothique Anglais. Sept victimes, des mensonges, des fausses pistes, des secrets familiaux, le film nous ressort tout ce que l’on est en droit d’attendre du genre, sans jamais réellement surprendre. Mais au moins, le métrage ne nous fait pas l’affront de la facilité en faisant de l’une des deux sœurs la tueuse, non, heureusement. Même si au départ, le doute est permis. Ça tient la route en tout cas sans jamais vraiment surprendre, ça se suit bien grâce à un bon rythme de croisière et une très bonne tenue visuelle.
Mais malheureusement, lorsque l’on se penche sur ce qui fait le cœur d’un giallo pour beaucoup, à savoir les meurtres et leur inventivité, surtout qu’en 1972, Argento est déjà passé par là en livrant sa trilogie animalière, et donc en modernisant tout ça et en faisant de l’art du meurtre, et bien, un art, La Reine Rouge tua Sept Fois fait pâle figure, et déçoit même en se montrant peu original, et surtout, très timide et même assez répétitif dans les grandes lignes. C’est souvent assez soft, ça tue souvent de la même manière du début à la fin, comme une mécanique un peu trop bien huilée, et du coup, ça manque d’ampleur, de facteur choc, de surprises en réalité, au même titre que le scénario. Jamais mauvais encore une fois, mais apparaissant comme trop timide pour le premier, et donc dernier essai dans le genre pour le réalisateur. L’abondance de giallo sur les écrans lors de ces années là joue forcément quelque peu sur le constat, le métrage semblant être resté dans les années 60, là où Argento, Martino, Lenzi et tant d’autres (non, pas Bianchi) se lâchaient déjà, faisant entrer le genre dans une ère plus moderne, baroque, violente, et surtout tentant beaucoup de choses. Sans cette comparaison qu’il est impossible de ne pas faire, le métrage demeure néanmoins un agréable essai dans le genre. Il est possible, voire probable que si le réalisateur avait continué, il aurait été plus à l’aise avec le genre et se serait surpassé sur de possibles autres métrages. Mais pour un premier essai, d’un réalisateur presque débutant (six films en six ans, là où certains en faisaient 2 ou 3 par an), ça reste du bon boulot, intéressant, visuellement souvent somptueux, mais juste, peu original et un peu trop timide pour marquer les esprits.
Les plus
Belle ambiance gothique
La belle photographie
Bruno Nicolai livre une très belle musique
Barbara Bouchet, sublime
Un giallo tout à fait recommandable
Les moins
Une narration sans grande surprise
Des meurtres beaucoup trop timides
En bref : La Reine Rouge tua Sept Fois est un bon giallo, certes timide et prévisible, surtout vu ce qui sortait sur les écrans dans le genre à la même période, mais soigné techniquement, divertissant et avec de beaux atouts.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Nice gothic atmosphere ♥ Nice cinematography ♥ Bruno Nicolai delivers a good soundtrack ♥ Barbara Bouchet, beautiful ♥ A well crafted giallo |
⊗ No big surprises in the script ⊗ The murders are kinda shy |
The Red Queen Kills Seven Times is a nice giallo, even if a bit shy and predictable, especially compared to the other propositions on the screen during those years, but it’s nicely crafted, entertaining and with good assets. |