Titre Original : I Guerrieri dell’anno 2072
1984 – Italie
Genre : Quel bordel
Durée : 1h34
Réalisation : Lucio Fulci
Musique : Riz Ortolani
Scénario : Elisa Briganti, Cesare Frugoni, Lucio Fulci et Dardano Sacchetti
Avec Jared Martin, Fred Williamson, Howard Ross, Eleonora Brigliadori, Cosimo Cinieri, Claudio Cassinelli, Valeria Cavalli, Donald O’Brien, Al Cliver, Penny Brown et Hal Yamanouchi
Synopsis : Alors que Rome de 2072 n’est que violence et carnage, une chaîne de télévision invente un jeu de gladiateurs à moto dans une arène, avec des condamnés à mort. Drake, condamné à mort après une machination policière, se retrouve dans l’arène face à trois hommes.
Il y a des films, il faut le voir pour le croire. Mais on n’a pas forcément envie. Pourtant, quand on aime un réalisateur, on se force un peu. 2072 Les Mercenaires du Futur, le dvd zone 1 sorti chez Troma était dans ma collection depuis le début des années 2000. Oui, cette magnifique édition avec tout en haut un « Made 17 Years before Gladiator ». Mais non, elle prenait la poussière, et il aura fallut attendre l’arrivée d’une édition HD pour que je saute le pas, à reculons quand même. Le métrage est donc réalisé par le grand Lucio Fulci en 1984. Un film donc qui, dans sa filmographie, se place pile entre Conquest, son essai d’héroic fantasy quand l’Italie voulait surfer sur le succès de Conan le Barbare, et Murder Rock, soit le giallo qui essaye de surfer sur le succès de Flashdance. Et rien que d’écrire tout ça, bout à bout, pour parler de 2072 Les Mercenaires du Futur, métrage surfant sur la mode du post apo lancée en 1982 par Mad Max 2, mais allant finalement surtout piocher dans le genre de l’anticipation avec ordinateur à la 2001 (mais qui au final ne fait rien si ce n’est dire « accès interdit »), ses buildings à la Blade Runner et son jeu télévisé sportif rappelant autant Rollerball que présageant Running Man de 1987. Car c’est mauvais. Non, attendez, c’est très mauvais. Evidemment que l’on n’attendait pas un grand film venant du genre, surtout en Italie et avec un budget dérisoire, mais venant de Fulci, on pouvait pourtant attendre mieux. C’était sans oublier donc qu’en 1984, Fulci était à un tournant, artistique et personnel. Sa carrière changeait et ne serait plus jamais comme avant, la faute à une santé déclinante, des soucis personnels, mais aussi à la mort du cinéma Italien, aux budgets de plus en plus bas et à la suprématie (à l’époque) des chaînes de télévision, là où beaucoup de réalisateurs comme Lamberto Bava vont se réfugier. La séparation, pour moi, elle date d’avant, de 1982, où ironiquement, Fulci avait décidé de séparer les deux composantes de son cinéma, le gore et l’ambiance, dans deux films, L’Eventreur de New York d’un côté pour le giallo gore ultra sadique, et Manhattan Baby de l’autre pour l’ambiance, réussie mais chiante. Ironique de se dire qu’en faisant cela, il aura également séparé sa carrière.
Avant 1982, il y avait beaucoup de bons, voire très bons films, avec quelques mauvais dans le lot, et après 1982, quelques rares métrages potables surnageant dans un océan de films tous plus mauvais les uns que les autres. Et donc en 1984, Fulci est du mauvais côté. Et pourtant, sur le papier, quelques idées surnagent, comme cette guerre à l’audience entre deux chaînes de télévision, visant toujours plus de violence pour attirer le spectateur. C’était précurseur en fait. Bien que dans les faits, ça n’apparaît pas si violent que ça, et que la seconde chaîne concurrente, passé l’introduction, ne sera plus jamais mentionnée. Il y a donc, dans le fond, des choses pas inintéressantes. Mais entre le traitement fait à 4 scénaristes qui part rapidement dans tous les sens quitte à oublier des éléments en cours de route, des acteurs en roue libre incroyablement mauvais en version Anglaise, mais tout aussi mauvais en version Italienne ou Française, et surtout, un budget anémique qui ne va pas du tout avec les ambitions du métrage. Les acteurs, ils sont en trois catégories. Il y a ceux qui font le strict minimum, et ils sont nombreux. Ensuite il y a l’acteur jouant le gardien, Raven, qui en fait des tonnes et cabotine. Et puis il y a Fred Williamson, le seul qui a vraiment l’air de s’amuser ici. Le scénario, il part dans tous les sens, et finalement, pour un métrage qui nous vend un combat ultra violent dans le nouveau colisée, c’est incroyablement long à se mettre en place, avec la guerre entre les chaines de télé, la présentation des combattants, les gardiens méchants, l’entrainement, sans oublier un petit complot avec Sarah, l’informaticienne, qui va aider notre héros car au final, il n’est coupable de rien, on le manipule pour qu’il participe aux jeux et faire de l’audience. Et c’est long. Très long. Ah oui et il y a Junior, l’ordinateur, qui n’est pas bien coopératif, mais c’est tout.
Bon, et il est temps de parler de l’éléphant dans la pièce, à savoir le visuel. Le métrage n’a pas dû avoir un bien gros budget, ni même confortable, ni même un petit budget mais un budget risible. Du coup, Fulci tente de donner vie à sa vision comme il peut, mais entre la pauvreté des décors (et quasiment tout se déroule en intérieur dans des pièces vides), les effets spéciaux très spéciaux et une touche artistique très kitch, on touche souvent le fond. Donc oui, les décors sont vides, ce sont des pièces vides avec au choix des murs blancs ou noirs, et du coup, pour camoufler ça, Fulci utilise un peu toutes les techniques qu’il peut. Des lenses flares dans la gueule du public, très souvent, quitte à ce que l’on veuille regarder ailleurs car nous sommes aveuglés (dire qu’il fera aussi ça dans Murder Rock, diantre), l’obscurité pour camoufler la misère, puisque l’ensemble se déroule très souvent de nuit, sans oublier des maquettes ratées et bien trop voyantes. Et la technique ultime pendant plusieurs séquences : le stroboscope lors de scènes d’hallucinations ou d’entrainements. Mais attention, pas le petit stroboscope gentillet, non non, Fulci dépasse limite Gaspar Noé à ce niveau là tant il y va à fond sans ménager ni le public, ni les acteurs, ni le caméraman. Notons aussi une musique ultra répétitive et simpliste pourtant signée Riz Ortolani, mais qui, par moment, à son charme et donne un aspect encore plus surréaliste au métrage. Inutile par contre de nous attarder sur les effets spéciaux, grattés à même la pellicule et qui piquent eux-aussi les yeux, ni sur les bruitages à base de bip bip bloup, ni sur les costumes qui sentent bon le plastique et la récupération d’objets divers et variés. Pourtant oui, entre son point de départ et quelques éléments qui ont leur charme (quelques maquettes bien que risibles, quelques morceaux de la musique), c’est là un très mauvais Fulci, trop long, trop fauché et même pas vraiment drôle. Fulci lui-même se disait très déçu du résultat final, on le comprend. Malade, au creux de la vague, mais lucide.
Les plus
La base de l’histoire, intéressante
Quelques éléments ont leur charme
Les moins
Incroyablement fauché
Longuet dans son déroulement
Des acteurs peu concernés
Visuellement assez atroce
C’est bien kitch
En bref : 2072 les Mercenaires du Futur, c’est la preuve que 1984 était une des pires années pour Fulci, entre ça et Murder Rock. Incroyablement mauvais, fauché, kitch, mais en plus longuet et agressif pour les yeux.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ The basic storyline has ideas ♥ A few elements have their charm |
⊗ So cheap ⊗ So long to start ⊗ The actors ⊗ Visually it’s pretty bad ⊗ So kitch |
The New Gladiators, it’s once again the proof that 1984 was a very bad year for Fulci, between this and Murder Rock. Really bad, cheap, slow and too aggressive for the eyes. |