Titre Original : Bring Her Back
2025 – Australie
Genre : Horreur
Durée : 1h44
Réalisation : Danny Philippou et Michael Philippou
Musique : Cornel Wilczek
Scénario : Danny Philippou et Bill Hinzman
Avec Billy Barratt, Sally Hawkins, Sora Wong, Jonah Wren Phillips, Stephen Phillips et Sally Anne-Upton
Synopsis : À la suite de la mort de leur père, Andy et sa demi‑sœur aveugle Piper sont placés chez Laura, une mère endeuillée par la mort de sa fille.
Si j’avais été bien moins emballé que l’avis général du public et de la presse sur leur premier film, Talk to Me (La Main), la faute notamment à une écriture de personnages pas toujours fameuse, j’avais tout de même décelé assez de bonnes choses dans l’emballage et l’envie de traiter de sujets sérieux de manière relativement lourde pour avoir envie de donner une chance au second film des frangins Philippou. Même si en l’état Bring Her Back, ce second métrage donc, m’avait interpelé avant même de savoir qui était derrière la caméra, avec un simple poster et la mention en mots clés de body horror sur imdb. Oui, parfois, il en faut peu pour me motiver. C’est donc naturellement que je me suis lancé dans l’aventure Australienne, qui avait dans tous les cas, rien qu’avec son statut de film indépendant et de production Australienne, plus de cartes à jouer que la nouvelle production Blumhouse. Et j’ai bien fait. Car Bring Her Back est un gigantesque pas en avant pour les deux réalisateurs, qui en changeant une simple petite donnée au niveau des personnages (adieu la bande de jeunes un peu détestable et qui est caractérisée par leur envie de faire la fête), parvient à largement surpasser leur premier essai, mais surtout nous offrent un film plus pertinent, plus choc, plus provoquant, et donc, bien plus marquant. Bien que parfois un peu trop facile et prévisible. Bring Her Back, c’est donc l’histoire d’Andy et Piper. Leur père décède, Andy espère pouvoir continuer de vivre avec sa sœur et récupérer sa garde dans quelques mois quand il sera enfin majeur, et en attendant, on envoie les deux chez Laura, une femme qui elle aussi est en deuil, ayant perdue sa fille, et qui a déjà chez elle un autre enfant. Inutile de chercher trop loin pour comprendre que le film parlera essentiellement du deuil et de comment y faire face via son trio de personnages. Un trio parfaitement établis, et qui est la première force du métrage, malgré la caractérisation trop facile de Laura.
Oubliez donc la jeunesse de Talk to Me, et dites bonjour à Andy, le jeune presque adulte traumatisé par la mort de son mère, allant jusqu’à développer une phobie de la douche (là où il a trouvé son père), Piper la jeune femme quasiment aveugle, et Laura, mère de famille en deuil qui se montre rapidement un peu étrange. Bon, il y a aussi Oliver, qui nous livrera sans doute les scènes les plus traumatisantes du métrage, mais on y reviendra. Trois personnages assez finement écrits et auxquels on parvient assez aisément à s’identifier. L’écriture est un gigantesque pas en avant pour les deux réalisateurs, et comme pour le reste, ils ne changent pas leur fusil d’épaule en visant toujours l’atmosphère et la peur via l’écriture, via le concept de slow burn horror, et bien c’est du tout bon. Pas de jumpscare putassier ici, pas du tout, pas même un il me semble, et s’il faudrait trouver une comparaison avec un autre film, parlant justement aussi de deuil, il faudra venir fouiner du côté d’Hereditary de Ari Aster. Loin d’être la pire comparaison du monde. Et très rapidement, Bring Her Back se fait lourd, les petits éléments et comportements étranges se glissent dans le récit sans que l’on ne comprenne forcément les tenants et aboutissants, ce qui met le spectateur dans la même position qu’Andy. Perturbé, doutant de son environnement, de ce qu’il voit, mais manquant de recul et de véritables éléments pour être sûr. Bring Her Back commence donc doucement, même s’il nous révèle à nous, spectateur, plus de choses qu’à Andy, pour pleinement douter. Sans pour autant livrer ses clés immédiatement. Oui, le comportement de Laura (fantastique Sally Hawkins) est parfois étrange, elle semble prendre un malin plaisir à pousser à bout les enfants, mais dans quel but ? Le film s’ouvre sur des images étranges, presque rituelles et sataniques, mais là aussi, dans quel but via le reste de l’intrigue ? Oliver est mutique, étrange, paraît même dérangé, et de plus en plus au fur et à mesure, mais on ne peut pas encore recoller les morceaux.
Bring Her Back parvient à être un film tendu du début à la fin, ou presque, sachant retarder l’inévitable, et donc retarder ses moments chocs pour en décupler leur impact. Et quel impact. Car en effet, dans sa seconde moitié, le métrage contient une poignée de scènes chocs qui fonctionnent parfaitement, réalistes, impressionnantes même dans leurs effets spéciaux, qui seront à même de mettre mal à l’aise les plus sensibles. Les deux réalisateurs tentaient déjà la même approche avec leur film précédent, sans pleinement y parvenir, puisque comment avoir mal avec des personnages que l’on n’apprécie pas ? Le problème est donc réglé ici, et ça fonctionne, surtout qu’en plus, le film dans son approche visuelle sobre parvient là aussi à impressionner, jouant sur ce qui est dans le cadre, sur la lenteur dans la première partie, puis se permettant déjà un peu plus de choses lorsque quasi tout nous a été révélé et qu’il faut passer la seconde niveau horreur graphique. En tout cas, je ne regarderais plus jamais un enfant qui me dira qu’il a faim de la même manière aujourd’hui. Niveau horreur, c’est donc clairement l’une des meilleures surprises de 2025. Sobre, pesant dans son ambiance, intéressant dans ses personnages, frontal dans l’horreur, Bring Her Back est un grand pas en avant pour les réalisateurs, en espérant qu’ils continuent donc dans cette voie.
Les plus
De bons personnages
Un métrage qui prend son temps
Une ambiance tendue
Des moments chocs qui fonctionnent
Le casting
Les moins
Mais un brin prévisible pour l’amateur du genre
En bref : Bring Her Back est une excellente surprise de la part des Philippou, une œuvre viscérale qui sait mettre mal à l’aise sans aller dans la facilité du genre.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Good characters ♥ The movie takes its time ♥ A tense atmosphere ♥ Shocking moments work ♥ The cast |
⊗ Some easy and predictable moments |
Bring Her Back is an excellent surprise from the Philippou, A visceral work that won’t make you feel comfortable. |
Eh bien, tu as été bien plus convaincu que moi. Personnellement, j’avais tout vu venir quasiment dès l’arrivée des gamins chez Laura. Y compris la surprise mise au frais. Le film souffre d’un grand manque de subtilité dans l’écriture et d’une surenchère désagréable dans la caractérisation des personnages. Sinon, les frangins font le job à l’image, les scènes sont bien traumatisante comme tu les as décrites. Mais pour moi, ce n’est pas à la hauteur des louanges. Mon film préféré de l’été restera « Weapons » (en attendant de découvrir « Together »).