NOCTURNE de Zu Quirke (2020)

NOCTURNE

Titre Original : Nocturne
2020 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h30
Réalisation : Zu Quirke
Musique : Gazelle Twin
Scénario : Zu Quirke

Avec Sydney Sweeney, Madison Iseman, Jacques Colimon, Ivan Shaw, Julie Benz, Rodney To, JoNell Kennedy, John Rothman, Brandon Keener et Asia Jackson

Synopsis : La rivalité qui oppose des sœurs jumelles au sein de la prestigieuse école de musique Juilliard de New York. L’une des deux va tomber sur un journal intime truffé de références occultes et sataniques, qui va lui permettre de devenir la vedette de l’école.

Bien que le film soit produit, dans les faits, par Blumhouse, personne ne connait Nocturne. Car Nocturne est un métrage qui fait parti d’un deal effectué entre la célèbre boite derrière Insidious, The Purge et j’en passe et Amazon, à destination d’Amazon Prime donc. Pas de sorties cinéma, pas de sorties physique. Et Nocturne, bien qu’imparfait et tirant son inspiration de films qui lui sont bien supérieurs, ça m’aura surpris. Surpris surtout venant de Blumhouse, la société roi des films concepts inutiles et des jumpscares faciles. Car Nocturne est à l’opposé de tout ça, un peu comme si livrer des films pour le streaming leur aura retiré une partie de leur cahier des charges car derrière, il n’y a plus la pression de rameuter le public en salles, et donc plus la pression du box-office. Nocturne se déroule dans une prestigieuse école de musique, où deux sœurs jumelles sont en compétition. Le milieu artistique en école privée, le cinéma de genre connait, que ce soit dans les années 2000 avec Black Swan, ou en partant bien plus en arrière avec le chef d’œuvre Suspiria de Dario Argento (il y a aussi son remake, certes, mais moins bon, moins marquant, bien qu’intéressant dans sa démarche). C’est un peu la même chose ici, où la rivalité entre deux jumelles va pousser la moins talentueuse des deux à lâcher prise après avoir trouvé un journal appartenant à une ancienne élève s’étant suicidée, apportant visions d’horreur, doutes, prestige et catastrophe. Rien de neuf sous le soleil en soit, mais ce premier long métrage écrit et réalisé par Zu Quirke n’en est pas mauvais pour autant. Pour pas mal de petites raisons qui, mises bout à bout, font de Nocturne un petit métrage sympathique qui fait passer un bon petit moment, à défaut de marquer ou de redéfinir le genre.

Déjà, évidemment, il y a le casting, même si le scénario n’exploite pas tous les acteurs et actrices comme il le faudrait. Car c’est bien d’avoir Julie Benz pour jouer la mère, elle qui avait brillée durant les quatre premières saisons de Dexter (ou qui se faisait sauver dans John Rambo), mais au final, son rôle fait plus office de figuration qui vient faire coucou le temps de deux ou trois scènes et voilà. Heureusement, au premier plan, c’est déjà bien plus maitrisé, puisque le premier rôle, Juliet Lowe, se voit prendre les traits de la charmante Sydney Sweeney, décidemment souvent à l’aise dans l’horreur, ou dans les rôles qui pètent des câbles. Pour sa jumelle Vivian, le film n’a pas la prétention, ni l’ambition, ni le budget (ni le talent) de faire comme Fincher sur The Social Network et donc d’incruster Sydney Sweeney sur le corps d’une autre pour en avoir deux à l’écran, et c’est donc Madison Iseman qui s’y colle, que l’on avait pu voir dans les nouveaux Jumanji, ou dans la série Amazon annulée après une saison Souviens-toi… l’été Dernier. Et les deux actrices se donnent à fond. Autour d’elles, évidemment, d’autres élèves, des professeurs, l’administration de l’école, mais finalement, tout cela n’est que secondaire, le film collant au plus près de Juliet et du fameux livre qu’elle trouve. Lassée de vivre dans l’ombre de sa sœur Vivian, Juliet va donc suivre les pas de la défunte à qui le cahier trouvé appartenait, quitte à perdre le sens des réalités, et à voir les funestes dessins contenus dans le cahier prendre vie. Nocturne, s’il reste prévisible dans les grandes lignes, jusqu’à son final attendu, à de quoi surprendre sur d’autres aspects donc, et de quoi plaire. Déjà car le film délaisse donc le contenu habituel des productions Blumhouse pour faire sa propre tambouille dans son coin. Pas d’esprits frappeurs, pas de jumpscares, pas de gore non plus évidemment, mais plutôt une horreur ésotérique là pour nous faire douter de ce que le film nous montre, et de la santé mentale de Juliet.

Du coup, Zu Quirke derrière la caméra s’amuse à jouer sur les plans longs, sur les couleurs, notamment le jaune, et il est vrai que visuellement, malgré un budget que l’on devine dans la moyenne des productions Blumhouse, ça s’en sort plutôt bien. Certes les lieux sont vite limités, mais tout l’argent semble être présent à l’écran, et certaines déambulations de Juliet fonctionnent vraiment bien et posent une ambiance assez particulière à l’écran. L’horreur se fait discrète, mystique, et infiltre doucement le quotidien de Juliet sans en faire des tonnes. Visuellement donc, ça déborde parfois de bonnes idées, et le casting met parfaitement tout ça en application. Pour le reste, évidemment, si vous êtes un brin connaisseur en musique classique, vous reconnaitrez du Camille Saint-Saëns ou Giuseppe Tartini, quoi de plus normal dans une école de musique où les deux jumelles font du piano. Nocturne fait en réalité bien les choses, et s’il est dans l’oubli, outre le fait qu’il ne soit sorti que sur Amazon Prime, c’est sans doute car aussi carré soit-il, il ne laisse pas de marques, il reste parfois timide, il ne fait que raconter son histoire (déjà vue dans les faits) et basta. En tout cas, la branche Blumhouse Televisions était, elle, toujours active récemment, et on leur doit depuis d’autres films pas toujours parfaits, mais parfois plus intéressants que ce qui sort au cinéma via leur branche principale (non, pas Paranormal Activity 112 pour Paramount +, mais par exemple The Passenger de Carter Smith pour MGM+, ou récemment hors horreur, The Lost Bus pour Apple TV). Bref, oui, j’ai aimé Nocturne pour ce qu’il est.

Les plus

Pas de jumpscares
Une bonne utilisation des couleurs
Sydney Sweeney toujours parfaite
Un film sérieux et bien rodé

Les moins

Rien de marquant
Des personnages secondaires tous en retraits

En bref : Nocturne ne renouvelle rien en plaçant son intrigue dans une prestigieuse école de musique et avec son cahier possiblement maudit, mais il évite les pires clichés du genre, et reste filmé avec sérieux, tout en profitant du talent de ses actrices principales.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ No jumpscares
♥ A good uses of colors
♥ Sydney Sweeney perfect, as always
♥ A seriously made atmospheric movie
⊗ Nothing remarkable
⊗ Secondary characters are always in the background
Nocturne doesn’t really bring anything new to the genre, with its story in a prestigious music school and its probably haunted book, but it avoids the clichés of the genre, is filmed seriously and it can focus on the best thanks to the actresses.

2 réflexions sur « NOCTURNE de Zu Quirke (2020) »

  1. Yep, je suis d’accord avec tout ce que tu as écrit, un bon petit film d’ambiance morbide, assez bien filmé, qui tente quelques petites choses et qui en évite intelligemment d’autres (les jumpscares). Malgré le côté « cliché » de l’histoire on passe vraiment un bon moment. Bravo à la réalisatrice et aussi à Sydney Sweeney, elle est géniale cette jeune actrice (je suis parti pour me faire une grosse partie de sa filmo ^^ ).

    PS : ça m’a titillé pendant tout le film, mais je ne suis pas parvenu à reconnaitre Julie Benz ! Je m’en veux…

    1. Ce genre de petits films (que personne ne connait), ça fait plaisir mine de rien. Evidemment parfois j’aime l’approche plus frontale (gore ?) de certains films, ça défoule, ça fait du bien, mais un peu de subtilité quand c’est bien fait et sans te prendre pour un con, oui ça fait plaisir. Et on découvre donc dans le fond la carrière de miss Sweeney en même temps, je les enchaine récemment, et elle parvient encore à me surprendre. J’ai même en stock un petit téléfilm avec elle de 2015, apparemment pas dégueu, du thriller, je tenterais ça.

      Le fait que j’ai revu (quasi) toutes les saisons de Dexter il y a peu doit jouer, mais ouais, tout de suite, j’étais en mode DiCaprio dans le Tarantino, à pointer mon doigt vers ma télé car j’avais reconnu Julie Benz à la seconde où elle apparaît haha.

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