Titre Original : Jiang Tou – 降頭
1975 – Hong Kong
Genre : Horreur
Durée : 1h36
Réalisation : Ho Meng-Hua
Musique : Frankie Chan
Scénario : Ni Kuang
Avec Ti Lung, Lo Lieh, Lily Li Li-Li, Ku Feng, Tanny Tien Ni, Ku Wen-Chung, Lee Sau-Kei et Yueh Hua
Synopsis : L’ouvrier en bâtiment Xu Nuo refuse les avances de la belle Wang Chu Ying et s’apprête à épouser sa compagne. L’éconduite décide alors d’en appeler aux services d’un sorcier spécialiste de la magie noire.
Black Magic, c’est un film qui avait sa petite réputation. Réputation aujourd’hui un peu oubliée maintenant que l’on peut facilement mettre la main sur le film, et ce dans des qualités au top. Mais à l’époque où cela était plus compliqué, le film avait sa réputation, et après tout, dans les faits, tout était là pour attirer le curieux. Car pour beaucoup, la Shaw Brothers, c’était avant tout des films genre Wu Xia Pian. C’est oublier qu’au fur et à mesure des années, le studio a tenté de se diversifier, pour survivre, et pour s’adapter aux goûts et attentes du public qui changeaient, notamment à la fin des années 70 et au début des années 80. Le kung-fu et le Wu Xia Pian a doucement laissé sa place dans les années 80 aux polars urbains par exemple. Et la Shaw Brothers, elle a tenté plusieurs fois de se lancer dans le cinéma horrifique. Et souvent, la magie noire était de la partie. J’avais vu déjà il y a quelques années Seeding of a Ghost de 1983, un film très sympathique dans son genre. Mais bien avant donc, il y avait les deux opus de Black Magic, respectivement en 1975 et 1976. Deux films qui peuvent attirer les curieux, déjà car réalisés par Ho Meng-Hua, réalisateur touche à tous les genres qui aura commencé en 1958 et aura livré quelques films cultes dans sa carrière (et l’aura terminé d’ailleurs en 1992 en, signant un Evil Black Magic, la boucle est bouclée). Mais aussi car on trouve dans le premier rôle un certain Ti Lung, autant connu pour les fans du cinéma dit traditionnel de la Shawn Brothers dans les années 70 que pour sa reconversion réussie dans les années 80 grâce à John Woo (Le Syndicat du Crime 1 et 2, Just Heroes), puis son retour aux genres dits classiques au début des années 90 avec Blade of Fury de Sammo Hung et Drunken Master 2. Le tout donc sur fond de sorciers, de magie noire, d’horreur.
Et même sans les éléments cités, Black Magic a quelques atouts pour lui. Un charme dans sa mise en scène et sa photographie, typiques des années 70 et donc avec un charme indéniable, une certaine classe qui n’existe plus de nos jours. L’histoire ? Simple comme souvent, une veuve jette son dévolu sur Xu Nuo, un ouvrier. Pourquoi lui alors que tous les hommes veulent la jeune femme et que lui n’est qu’ouvrier ? Mystère et boule de gommes. Sans doute car Xu Nuo est le seul homme qui lui résiste, et que forcément, un peu de résistance, ça attire. Sauf que notre vaillant héros, il est en plus sur le point de se marier, et ne compte donc absolument pas céder aux charmes de la jeune femme. Qui ne compte pas lâcher l’affaire, loin de là. Du coup, la seule méthode qui lui viendra à l’esprit après avoir été elle-même victime d’un sort : utiliser la magie noire pour que Xu Nuo ne veule qu’elle, pendant une durée d’un an. Bon, niveau timing, elle s’y prend un peu mal, puisque le fameux sort deviendra effectif après le mariage de notre héros. Donc, un amour à sens unique, de la magie noire, un sorcier qui n’hésite pas à tuer et qui a un amour certain pour le lait maternel à tel point que je vais finir par croire que pour Visitor Q et Gozu, Miike s’est inspiré de ces films là, tout est réunis pour un film d’horreur sympathique à une époque où Hong Kong n’était pas forcément réputé pour ce genre de films, l’époque de la Cat III n’étant pas encore là. Seulement on ne va pas se mentir, ce premier Black Magic échoue dans pas mal de domaines et reste une œuvre finalement mineure, un petit film horrifique qui se regarde, n’est pas désagréable, mais ne parvient jamais à marquer les esprits.
Sa première heure, ironiquement la plus lente, sera la plus réussie. L’esthétique des années 70 attire l’œil, l’horreur est présente mais n’en fait jamais trop, n’est jamais choquante, et pour ce qui est de la nudité, il ne faudra pas attendre des miracles non plus. C’est en réalité très soft, une ou deux paires de fesses, quelques scènes de lait maternel, et voilà, c’est tout. Mais c’est plutôt divertissant, simple à suivre, ça a le charme un peu désuet de cette époque. C’est finalement dans sa dernière partie que les choses se gâtent sérieusement, avec l’ajout d’un nouveau sorcier, présent lui pour faire le bien, sauver nos héros. Et on se retrouve à suivre une simple histoire de duel entre les deux sorciers, alors que l’antagoniste aurait pu tout simplement prendre la fuite, mais non, il reste, car l’argent, car toujours un nouveau sort à lancer, car le scénario en a décidé ainsi. Cet affrontement, il ne passionne guère, surtout qu’à l’écran, l’ensemble se fait extrêmement kitch. Et du coup quand un affrontement se veut spectaculaire et veut en mettre plein la vue, avec des éclairs, des incantations, le tout sur le toit d’un bâtiment en construction, mais que l’on remarque surtout des effets en stop motion pas bien convaincant et des incrustations ratées, la crédibilité en prend un coup. Un dernier acte donc raté, auquel on peut ajouter clairement le fait que le film soit finalement assez timide dans sa proposition horrifique, tout cela fait de Black Magic un film certes agréable à regarder, mais aucunement marquant, autant au niveau horrifique international en 1975, que dans le domaine de la magie noire (The Queen of Black Magic en Indonésie en 1981). Anecdotique donc.

Les plus
Un film plutôt plaisant
Le charme des années 70
Carré dans sa mise en image
Les moins
Le côté horrifique peu poussé
Gentillet, en nudité et en horreur
Une dernière partie bien ratée
En bref : Black Magic, c’est une tentative horrifique sympathique de la part de la Shaw Brothers, mais malheureusement aussi trop timide, et qui se lâche dans un final raté.
| A FEW WORDS IN ENGLISH | |
| THE GOOD | THE BAD |
| ♥ An easy watch ♥ The 70s has their charms ♥ Technically, it’s a strong film |
⊗ The horror doesn’t go very far ⊗ Shy, in nudity and horror ⊗ The last part is so bad |
| Black Magic is a nice attempt from Shaw Brothers in the horror, but sadly, it’s too shy, it only tries during the finale, and it’s a bad one. | |





















RIP Ku Feng, parti en 2025…
Je garde de bons souvenirs de ce film, mais je l’ai en partie oublié.