Sortie : 20 Mars 2025
Genre : Ubisoftons encore
Studio : Ubisoft
Éditeur : Ubisoft
Joué et testé sur : Playstation 5
Existe sur : Playstation 5, PC, Xbox Series
Synopsis : Se déroulant dans le Japon du XVIe siècle, durant l’époque Azuchi Momoyama, le jeu se concentre sur la lutte millénaire entre la Confrérie des Assassins, qui combat pour la paix et la liberté, et l’Ordre des Templiers, qui désire la paix par le contrôle, du point de vue de deux protagonistes : Naoe, une femme shinobi, et Yasuke, un samouraï africain inspiré du personnage historique du même nom. Les deux personnages se contrôlent différemment et proposent un style de jeu unique, permettant d’aborder les quêtes de plusieurs manières.




Soyons clairs dès le départ, je ne suis pas un grand connaisseur de la saga Assassin’s Creed, qui, de loin, ne m’a jamais franchement intéressée. Attention, je ne dis pas qu’elle est mauvaise. Mais néanmoins, j’avais pu tester, il y a bien longtemps, un opus, réputé parmi les plus courts, Freedom Cry, lorsqu’il était gratuit avec le PS+… et je n’avais pas apprécié. Sa courte durée néanmoins m’avait fait terminer le titre. 7 heures, pour un jeu Ubisoft, c’est rare il faut dire. Puis la saga s’est transformée en 2016, lors de la sortie d’Assassin’s Creed Origins, et là, la saga commença à m’intéresser un peu plus, non pas pour son gameplay ou ce qu’elle racontait, mais pour les lieux avant. Si bien que j’ai craqué, à très bas prix, et récemment, pour Origins (en Egypte donc) et Odyssey (en Grèce). Des lieux et mythologies que l’on n’explore normalement pas dans les jeux vidéo, ou si peu. Depuis, j’ai pu faire Origins, et j’ai apprécié, oui. Découvrir l’Egypte dans une map au très bon design, ce fut génial, même si encore une fois, le jeu tirait en longueur et que comme souvent avec Ubisoft, j’ai fait la dernière partie du titre en ligne droite juste pour avoir le fin mot de l’histoire. Shadows, dernier opus en date, dans les faits, il était pour moi, avec son histoire prenant place au Japon. Sauf que Shadows débarque en 2025, soit 5 ans après Ghost of Tsushima, qui reprenait la formule Ubi dans un sens, mais modifiant son habillage pour la rendre digeste sur la durée. Donc, on butait encore des camps, on se baladait sur une map immense, on assassinait dans l’ombre, mais le jeu avait l’audace d’épurer son HUD, laissant le vent nous guider, et son écriture et surtout ses personnages rendaient le tout passionnant. Surtout que les duels étaient parfois techniques et difficiles. Et puis, Shadows, il est donc sorti sous une pluie de polémique, bien trop longue pour toutes les citer, entre les reports, les choix de dates mal venues, la vérité historique qui ne met personne d’accord, et le fait qu’en prime, Shadows sorte après l’opus le mieux vendu de la saga, mais loin d’être son plus apprécié… Bref, je devais juger, mais pas à 80 euros évidemment. Et tout ça, c’est pour signaler que je n’ai rien de particulier contre Ubisoft. Far Cry 2 et 3 sont géniaux, les 4 et 5 sympas, Watch Dogs était oubliable mais pas détestable, Ghost Recon Wildlands très sympathique. Si Far Cry 6 était un ratage, Watch Dogs 3 un pétard mouillé et Ghost Recon Breakpoint une honte à sa sortie, ce n’est pas pour critiquer gratuitement, c’est car c’est le cas, et qu’au prix d’un jeu, on aimerait bien avoir des jeux jouables, qui sortent finalisés, et sont funs.






Shadows, pour bien commencer, a un très bon point pour lui. C’est sans doute le jeu Ubisoft le plus propre dans sa finalisation depuis des lustres. A croire que les nombreux reports étaient nécessaires, surtout après les sorties précédentes souvent risibles. Et puis quitte à continuer, Shadows a d’autres atouts. Déjà, il ne sort que sur les consoles de nouvelle génération et sur PC, ce qui veut bien dire que le jeu n’est pas freiné dans ses ambitions techniques et peut se lâcher. Et puis, polémique ou pas, le fait de jouer dans la même aventure deux personnages différents, avec deux gameplays bien opposés, un typé assassin et un guerrier, c’est aussi un plus non négligeable. De quoi mêler donc les deux aspects de la franchise. Malheureusement, a ses ambitions, on peut toujours trouver de quoi rabaisser le verdict, car si les ambitions techniques sont là, dans le fond par contre, Ubisoft a toujours du mal à se renouveler. Commençons donc par l’intrigue, et par extension, les deux personnages jouables. Il y a donc Naoe, qui perd son père au début de l’aventure et va chercher à se venger du groupe de 11 personnages responsables. Le cliché de la saga, ou même d’Ubisoft, puisque ce genre de vengeance, on ne les compte plus. Mais une vengeance bien écrite peut toujours faire le boulot. Et à côté, il y a Diogo, qui devient Yasuke, qui travaillera comme samouraï pour le seigneur Oda Nobunaga, ancien esclave donc, qui va devoir se trouver une nouvelle raison de vivre, et une nouvelle quête personnelle en aidant Naoe à accomplir sa vengeance. Pourquoi pas. Seulement il y a de gros soucis dans l’écriture. En plus, évidemment, de s’étirer comme d’habitude. Le jeu étant découpé en trois gros actes, qu’il ne sait pas vraiment comment gérer, si bien qu’en réalité, l’intrigue principale, la vengeance, se termine à la fin de l’acte 2, et que l’acte 3 met enfin en avant les assassins (normal vu le titre…) et le passé de Yasuke, et donc sa propre vengeance.






Seulement tout cela pose de gros soucis. D’une part car l’intrigue principale des deux premiers actes, la vengeance de Naoe, n’est pas dans les faits ultra palpitante, enchainant les clichés, trahisons, et tout ce que l’on peut attendre d’une quête de vengeance (le pardon, quelques coupables que l’on peut ne pas tuer, trouver l’identité du chef, tout ça). Pas bien passionnant, surtout quand pour en venir à bout, il faudra bien une soixantaine d’heures, ce qui n’est pas rien. Et le souci de l’acte 3, qui en soit, part d’une bonne idée, à savoir enfin donner du fond à certains personnages et relier le tout au lore de la saga, ça ne fonctionne jamais aussi bien que le jeu le voudrait. D’une part car, dans le cas de Yasuke, ça arrive bien trop tardivement pour fonctionner, et dans le cas des assassins, le lien semble totalement forcé. On ne parlera pas de l’épilogue, faisant plus office de foutage de gueule en mode « oui, on va continuer, achète les DLC pour avoir une conclusion ». Ceci dit, c’est triste, mais Yasuke est, dans le fond, plus intéressant que Naoe, qui ne fait que suivre le chemin de la vengeance paternelle. Des intentions, oui, quelques bons coups à jouer, mais un contenu comme souvent bien trop étiré pour pleinement fonctionner. Et ce constat, on va malheureusement le retrouver sur tout le reste. Techniquement déjà. Oui, Shadows est beau, même très beau. En termes d’environnements, et de direction artistique, c’est du niveau d’un Ghost of Tsushima, voire même un poil plus beau, et ça ne ment donc pas sur la marchandise. De même, le cycle jour et nuit permet de varier les ambiances, et le changement de saisons, qui débarque toutes les 1h30/2h de jeu environ amène également de gros changements, dans les couleurs, dans les environnements. Mais là aussi, ces ambitions purement visuelles viennent parfois se heurter au design même du monde. La nuit, et donc l’obscurité par exemple, le jeu veut jouer dessus, nous disant que l’on peut se camoufler dans l’ombre, la nuit, et encore plus en éteignant les bougies et autres sources de lumières.






Un gadget au final inutile et que je n’aurais jamais utilisé, l’infiltration fonctionnant très bien sans. De même, faire un open world aussi gros et beau, c’est très bien, que l’on soit sous le lever de soleil ou éclairé par la lueur de la lune… Dommage que le level design vienne compliquer le tout. Ainsi, si se balader en ville et sur les routes est plaisant, Shadows n’est pas prévu pour que l’on coupe hors des chemins. Traduction, les buissons sont partout, on ne voit parfois (souvent) même plus notre personnage, et le pire, c’est que le sol étant souvent en pente, montagnes oblige, on avance à l’aveugle, et on glisse pour revenir au point de départ, sans trop savoir pourquoi, et surtout où passer. Alors imaginez être perdu en montage, entouré de buissons, la nuit sous une pluie d’orage. Ça m’est arrivé, et je ne voyais en gros absolument rien. Et puis, les saisons. Ah ça, visuellement, ça claque bien, entre l’hiver et sa neige, l’automne et ses feuilles mortes, la chaleur de l’été, les fleurs de cerisiers du printemps… Mais ce n’est que cosmétique. Jamais cela ne change réellement le gameplay. On aurait apprécié être repéré plus facilement l’hiver avec tout ce blanc partout, et ses bruits de pas dans la neige, ou alors que durant l’automne et les grosses pluies, que les soldats s’abritent en intérieur, nous faisant revoir notre stratégie. Mais non, rien de tout ça. Du très beau verni visuel, mais rien de plus. La seule différence notable sera notre vitesse de course dans la neige.






Venons-en au gameplay. Naoe a le gameplay assassin, et donc, infiltration, tandis que Yasuke, que l’on jouera à partir d’environ 15 heures de jeu (à leur rencontre). Et autant l’avouer, si dans les faits, Yasuke est un personnage plus intéressant dans son écriture, niveau gameplay, on préférera Naoe, son agilité, ses sauts dans tous les sens, son grapin. Et ce malgré une IA toujours aux fraises en infiltration. Yasuke lui n’a qu’un gameplay de guerrier bourrin, que l’on pourrait rapprocher de l’approche rentre-dedans d’un Ghost of Tsushima, mais avec un peu moins de peps. Surtout qu’à vouloir les différencier à fond, se déplacer dans le monde avec Yasuke n’est pas hyper plaisant, le bonhomme faisant des mini saut, étant bien plus lourd, moins agile, bref, limitant nos déplacements. Il peut certes courir et défoncer des portes, mais quand on peut escalader et passer par-dessus, ni vu ni connu avec Naoe, j’ai fait mon choix rapidement. Sauf que parfois, le jeu ne nous laisse pas le choix, certaines missions étaient pour certains personnages seulement, tout comme certaines activités annexes. D’ailleurs, il faut parler de ce qui est annexe justement. Ubisoft a fait un effort sur certains points, notamment l’exploration. Ainsi, pas de gros marqueur à suivre bêtement, beaucoup de missions nous donneront des indices sur la localisation d’un objectif ou d’une cible, comme par exemple qu’elle se situe sur un point non loin de tel village, et c’est donc à nous de fouiner et d’avoir un peu de logique. Un excellent point qui rend le monde plus vivant. Dans le même ordre d’idées, Ubisoft s’est enfin calmé sur les événements aléatoires, nous laissant tout simplement respirer. On croisera bien quelques PNJ qui ont besoin d’aide, quelques rônins qui en ont après nous, mais on respire, nous ne sommes pas agressés toutes les deux minutes. De même, quelques histoires annexes pour certains personnages importants ont eu droit enfin à un soin dans l’écriture, ce qui les rend plaisantes à faire. Plus parfois que l’intrigue principale. Mais Ubisoft retombe parfois dans ses travers. Trop de châteaux, trop de point de synchronisation, et surtout, trop de quêtes annexes qui donneront pour la plupart un nouveau tableau de personnages à assassiner. Si bien que oui, en regardant notre tableau de mission, on y croise à 80% des listes de personnes à tuer. De là à dire qu’on ne fait que ça pendant 80 heures, il n’y a qu’un pas.






Ubisoft a donc fait des progrès sur certains points, dans le bon sens, visuellement déjà, mais aussi dans son monde, pour laisser souffler le joueur. Mais ses efforts sont contrebalancés par un gameplay bancal, une IA toujours aux fraises, une map très belle mais dont 50% est constituée de buissons et de pentes infranchissables, et une écriture clairement en demi-teinte. Car oui, on pourrait parler aussi de l’introduction du jeu, loin d’être parfaite, nous faisant jouer Yasuke pendant 20 minutes, puis Naoe pendant une heure avant de faire apparaître le titre. On pense que l’aventure va enfin démarrer, mais non, flashbacks, quêtes annexes, flashbacks. Ça met beaucoup de temps à vraiment démarrer. Et d’ailleurs, le contenu annexe. Autant assassiner, on s’en doute, autant quelques quêtes sortent du lot, autant les activités de kata et de prier dans les temples, juste un contenu à base de QTE… oui, il y a l’option dans le menu pour les QTE automatiques, grand aveu d’échec. C’est tout le paradoxe de Shadows. Pas aussi bon que ce que certains testeurs veulent nous faire croire, mais pas aussi mauvais que ce que certains rageux crient haut et fort. Mais moyen, oui, clairement. En réalité, Shadows, c’est un jeu où j’ai apprécié découvrir son monde ouvert, explorer, voir ses panorama, m’infiltrer avec Naoe. Mais un jeu souvent laborieux dans son intrigue, ses enjeux, s’étirant beaucoup trop, et parfois énervant. Arrivé au bout du jeu, on en a un peu marre de refaire encore et encore les mêmes choses, de tuer les mêmes ennemis, de la même manière, puisque malgré tout le soin visuel, les animations d’assassinats sont peu nombreuses, à peine deux ou trois par armes, en fonction de si l’on est allongé, accroupi ou debout. Et après 80 heures à assassiner l’équivalent de la population d’un pays d’Europe de l’Est, c’est lassant. Potentiel il y a, des efforts il y a également, un beau monde aussi, mais un jeu au final moyen, que l’on n’est pas près de relancer pour une petite partie, à moins de vouloir le platiner. Ou pour améliorer votre repaire, lieu que l’on construit avec des ressources, mais il n’y a pas vraiment d’intérêt.

Les plus
Une très belle direction artistique
C’est souvent très beau
Les saisons et météo, ça change les ambiances
Deux gameplays très différents
Un monde très agréable à visiter
Assassiner, fun au début
Par moment, enfin de la difficulté
Les moins
Une intrigue bancale
Une vengeance pas toujours passionnante
Yasuke au gameplay trop lourd pour l’exploration
Du contenu annexe répétitif
Les activités à QTE
Un troisième acte tardif et bancal
En bref : Assassin’s Creed Shadows, c’est le dernier titre polémique d’Ubisoft. Un jeu très beau, mais trop long, avec deux gameplays et deux personnages… Mais avec l’un plaisant à jouer mais inintéressant dans son intrigue, et l’opposé pour l’autre. Son contenu annexe est en prime trop gros et pas toujours passionnant. Alors oui, explorer la map reste plaisant, tout comme le gameplay au début, mais au bout de 80h, moins.





