PRIMITIVE WAR de Luke Sparke (2025)

PRIMITIVE WAR

Titre Original : Primitive War
2025 – Etats Unis
Genre : C’est la guerre ma bonne dame
Durée : 2h13
Réalisation : Luke Sparke
Musique : Frederik Wiedmann
Scénario : Luke Sparke

Avec Ryan Kwanten, Tricia Helfer, Nick Wechsler, Jeremy Piven, Anthony Ingruber, Aaron Glenane, Carlos Sanson Jr., Albert Mwangi, Adolphus Waylee, M.J. Kokolis et Ben Corlett

Synopsis : En 1968, au plus fort de la guerre du Viêt Nam, une unité de reconnaissance d’élite connue sous le nom de Vulture Squad est envoyée dans une vallée isolée de la jungle pour découvrir le sort d’une section de Bérets verts disparue. Ils découvrent rapidement qu’ils ne sont pas seuls. Des dinosaures ont été lâchés dans la jungle.

Depuis l’arrivée de son trailer, Primitive War me faisait de l’œil. Un mélange improbable entre Jurassic Park et Apocalypse Now. Et surtout, de quoi faire un peu oublier la douche froide que fut le dernier Jurassic World. Imaginez un peu, le Vietnam, en 1968, des militaires bad-ass, des missions impossibles dans la jungle, où le danger ne vient pas forcément, enfin, pas uniquement du camp adversaire en temps de guerre, mais de grands dinosaures prêts à bouffer le casting. Des vélociraptors, des T-Rex, tout ce que l’on connait, tout ce que l’on aime. Et on peut le dire d’emblée, oui, Primitive War, c’est cool. Loin d’être parfait, mais faisant tout à fait ce qu’il a en tête. A savoir être une série B, bien fichue, généreuse, faite par un passionné, Luke Sparke, que l’on trouve à pas mal de postes d’ailleurs (scénariste, producteur, superviseur des effets visuels, designeur, monteur et j’en passe). C’est clairement son film. Et en réalité, dans le fond, on pourrait rapprocher le métrage à un autre métrage produit dans des conditions un peu similaires et ayant des ambitions tout aussi similaires : Monsters of Man. Un autre petit film, indépendant, avec un réalisateur présent a pas mal de postes, lorgnant clairement vers le bon gros B movie, avec beaucoup d’effets spéciaux. Et d’ailleurs, le rapprochement va plus loin, puisque dans les deux cas, le plus gros défaut des métrages sera leur durée. 2h10 environ dans les deux cas. Et oui, autant nous sommes aujourd’hui habitués aux gros blockbusters de cette durée-là, autant lorsque l’on lorgne du côté de la série B, aussi grosse et prestigieuse soit-elle, 2h10, ça peut souvent commencer à faire long. Voilà, il fallait le dire d’entrée de jeu. Des défauts, Primitive War en a, d’autres, pleins.

Mais pourtant, face à sa générosité et surtout, son honnêteté, ou dans ce cas spécifique, sans doute, l’honnêteté de la tête pensante du projet (bien qu’il adapte un roman), impossible de ne pas prendre du plaisir en regardant le fameux métrage. Nous sommes donc plongés en pleine guerre du Vietnam, à suivre un petit groupe de soldats qu’on envoie en pleine jungle pour une mission, simple. Dans les faits, à savoir, retrouver des soldats disparus. Evidemment, dès leur arrivée sur place, tout tourne mal, les militaires du coin ne sont pas la seule menace, des dinosaures voraces et qui n’hésitent pas, ici, à étriper leurs victimes, rodent et vont les prendre en chasse. Et autant dans son côté de grosse série B avec des dinosaures que celui du film de guerre au Vietnam, Primitive War fait le boulot, faisant les deux éléments bien comme il faut. La guerre est réaliste, les corps tombent, les soldats crient, la jungle est moite, dense, et la bande son se permet de nous sortir quelques titres rock de l’époque qui ne seront pas sans rappeler quelques grands films du genre. Quand au côté dinosaures, enfin un film qui n’oublie pas que les dinosaures, c’est censé être dangereux, attaquer, être sournois, et ne pas lâcher ses proies. Des éléments que la saga Jurassic semble d’ailleurs avoir oublié depuis bien longtemps, peut-être même le second opus original en réalité. Ici, tout le monde peut y passer, les blessures font mal, les corps saignent, sont démembrés, les tripes tombent. Les dinosaures redeviennent donc ces animaux dangereux, et pas des animaux mignons pour vendre des jouets (oui, je pense encore à Jurassic World Rebirth et son bébé dinosaure mimi). Même au niveau des personnages, on appréciera une certaine profondeur. On n’échappe pas à certains clichés, avec le grand méchant Russe dans la dernière partie, avec certains éléments, certains traumatismes. Mais quasiment chaque personnage a droit à un minimum de background et ça évite donc d’en faire de simples coquilles vides vouées à mourir.

Et oui, en plus de tout ça, le métrage est hyper généreux, enchainant les scènes de poursuites, d’action, les fusillades, les dinosaures différents. Et bénéficie, petite cerise sur le gâteau, d’une technique proprement réussie, notamment sa photographie, nous offrant des plans absolument sublimes. Malheureusement, face à tout ça, Primitive War souffre sans doute de sa trop grande ambition. Cela se remarque d’entrée de jeu avec sa durée, bien grosse pour un simple B movie, mais se retrouve aussi à quelques autres moments. Si les dinosaures par exemple sont en général très bien faits, fluides à l’écran, et bien certaines incrustations, notamment lors de scènes de jour (dont une, ironiquement assez inspirée par la saga Jurassic Park), montrent alors leurs limites et paraissent beaucoup plus cheap que le reste. Pareil pour les personnages, leur profondeur est appréciable mais par moment, le film tente d’en faire un peu trop. Et on pourrait dire la même chose pour le final, qui se lâche niveau action, de très bonne tenue visuellement, mais qui abuse alors tout à coup du ralenti, alors que le film n’en utilisait pas jusque-là. Dernier point noir d’ailleurs, si la bande son est au top, et les bruitages convaincants, j’admets, j’ai souri, plusieurs fois, en entendant le son des claquements de mâchoires des dinosaures lorsqu’ils n’attrapent rien. Mais vous savez, qu’importe. Car Primitive War, c’est généreux, bis, sanglant, souvent bien fichu, et ça fait du bien.