Titre Original : Beast of War
2025 – Australie
Genre : Survival
Durée : 1h27
Réalisation : Kiah Roache-Turner
Musique : François Télaz
Scénario : Kiah Roache-Turner
Avec Mark Coles Smith, Joel Nankervis, Sam Delich, Lee Tiger Halley, Sam Parsonson, Maximillian Johnson, Tristan McKinnon, Steve Le Marquand et Yamaguchi Masa
Synopsis : 1942, des soldats australiens s’échouent en pleine mer. Sur leur radeau de fortune, ils deviennent la proie d’un grand requin blanc.
Kiah Roache-Turner en a fait du chemin depuis ses débuts, et accélère même le rythme récemment. Après quelques films méconnus et parfois difficile à voir, comme Roadrunner et War Games, en 2008 et 2009 respectivement, le réalisateur Australien aura su trouver un public en livrant le film de zombies Wyrmwood en 2014. Quelques courts métrages plus tard, et il revenait sur le devant de la scène avec un budget un poil plus confortable et Monica Bellucci en méchante dans Nekrotronic en 2018. Et si Wyrmwood avait eu toute ma sympathie et celle du public face à sa générosité et son côté bricolé qui avait du charme, Nekrotronic a été accueillit bien plus froidement par beaucoup. Pour ma part, j’avais littéralement détesté. C’est sans doute cet accueil bien plus froid qui l’aura fait revenir en 2022 avec une suite de Wyrmwood, sous-titrée Apocalypse. Etant passé à côté de la bête, aucun jugement. Mais alors que jusque-là, c’était 3 longs métrages en quasiment 10 ans, il a soudain accéléré le pas, livrant toujours dans son Australie natale un Sting en 2024, avec son araignée géante venue de l’espace (un peu longuet, mais sympathique), et à présent en 2025 avec Beast of War, mettant en avant des soldats pendant la seconde guerre mondiale, chassés par un grand requin blanc. La promesse, c’est celle d’un survival à l’ancienne, avec peu de CGI, un requin en animatronique sur le plateau (appelé Shazza par l’équipe), du gore, et de la tension. Pari réussi ? Plus ou moins au final. Beast of War en tout cas reste un métrage divertissant, même si pas réussi à tous les niveaux. On pourra en tout cas dès le départ saluer l’initiative de prendre son temps, et ainsi de donner un minimum de profondeur aux personnages avant l’accident qui les mettra en proie à un grand blanc, au milieu de l’océan, sur un petit radeau de fortune, pendant l’heure restante du métrage.
Un choix presque à l’ancienne en réalité, plus proche des séries B des années 80 dans son approche, avec une première partie faisant la part belle aux personnages (qui restent clichés, mais on a un minimum de fond), avant que l’on n’envoie l’équipe en mer, que le drame n’arrive, et que la survie domine. Une orientation éloignée de l’approche plus récente d’un The Shallows (Instinct de Survie) par exemple, qui démarrait plus rapidement, mais hachait ensuite son rythme pour nous en dévoiler plus sur son personnage au fur et à mesure. La première partie est donc lente, mais plaisante, nous présentant en particulier nos deux personnages principaux, soldats, Leo (Mark Coles Smith) et Will (Joel Nankervis). Des acteurs pas forcément connus, le premier étant apparu récemment dans We Bury the Dead aux côtés de Daisy Ridley, tandis que le second débute sa carrière et tient là son premier rôle au cinéma. Bref, ça fait le job. Et une fois que ça débute vraiment ? Nous sommes là face à un pur film du réalisateur, avec ces quelques élans sanguinolents évitant le numérique et qui font donc plaisir, un rythme plus ou moins soutenu, mais aussi un côté hautement prévisible (le héros avec son trauma familial en lien avec les requins, le gars qui panique pour un rien, le salaud prêt à tout pour survivre), quelques moments un peu trop gros, et quelques moments qui peuvent faire sourire (l’accident de grenade). En bref donc, une série B tout ce qu’il y a de plus classique, mais qui ne cherche jamais à être plus que ça, donc on ne lui en voudra pas au final. Heureusement oui, la majeure partie du temps, ça reste une série B bien rodée et plutôt solide, techniquement propre, et avec quelques idées ci et là. L’idée de jouer sur un lieu unique (le radeau) n’est pas nouvelle, mais le réalisateur sait varier son ambiance assez souvent pour se renouveler, jouant sur l’obscurité, la brume, les couleurs, et donc l’absence de la menace à l’écran assez souvent.
En amateur de séries B à l’ancienne, le réalisateur livre d’ailleurs des cadres qui rappellent bel et bien le cinéma de cette époque, avec des plans souvent serrés, donnant un aspect de huis clos en plein air. Alors oui par contre, on pourra pester sur les quelques facilités, comme ces visions pour notre héros, forcément représentées à l’écran via des filtres de couleurs et des apparitions, ne laissant jamais le doute face à ce que l’on a sous les yeux, au cas où le public serait trop bête pour comprendre. Là où l’on sera aussi moins clément au final, ce sera dans la dramaturgie du film, celui-ci ayant souvent recours à des petites facilités pour faire avancer son récit. En résulte par exemple un accident de grenade qui m’aura plus fait rire que terrifié (était-ce le but ? Je ne pense pas vu que l’ensemble du film est sérieux), ou encore l’arrivée d’un soldat d’un camp ennemi, comme par hasard, sur un autre radeau, arrivant au même endroit, poussé par les vagues. Sans oublier le requin, plutôt convaincant d’ailleurs, à quelques plans près qui font un peu plus faux, mais qui est parfois d’une grande vivacité quand le scénario le veut bien, et à d’autres moments, semble trainer la nageoire pour laisser une chance aux personnages. Des petits défauts, qui si l’on aime le genre, n’entachent pas la vision du film, mais on se dit que c’est tout de même dommage.

Les plus
Une série B bien troussée
Une belle ambiance (brume, nuit, plans rapprochés)
Un requin souvent crédible
Peu de CGI
Des personnages un minimum développés
Les moins
Pas mal de petites facilités
Néanmoins pas mal de clichés
Les hallucinations, un peu trop fréquentes et appuyées
En bref : Beast of War est un film de requin Australien fort sympathique malgré ses défauts. Mais pour un petit budget et avec seulement 1h27 au compteur, on ne va pas le bouder si l’on aime le genre.
| A FEW WORDS IN ENGLISH | |
| THE GOOD | THE BAD |
| ♥ A well made B movie ♥ A nice atmosphere (the fog, the darkness, close shots) ♥ The shark is often believable ♥ Not a lot of CGI ♥ The characters are at least a little developed |
⊗ Many easy choices ⊗ Still a bit cliché ⊗ Too many hallucinations |
| Beast of War is an Australian shark movie, a good one despite its flaws. With a small budget and only 97 minutes runtime, if you like this kind of film, go for it. | |





















Merci pour cette chronique ! C’est rafraîchissant de lire un avis sur une série B qui assume son côté « bricolé » mais sérieux. Le choix de l’animatronique (Shazza !) plutôt que des CGI souvent ratés dans ce genre de budget est un vrai argument de vente pour moi. Je te rejoins sur Roache-Turner : il semble avoir trouvé son rythme de croisière après les excès de Nekrotronic. Même si les clichés sont là, l’idée du huis clos maritime en 1942 apporte un petit cachet historique qui change des films de requins habituels. Un « survival » honnête, ça ne se refuse pas !
C’est ça, j’ai envie de dire que ça fait plaisir de voir ce genre de séries B, bancale certes, mais enfin sérieuse, alors que beaucoup trop cachent certains défauts derrière l’excuse du second degré. Hier justement j’ai vu TORNADO, mix entre le western et le chanbara, lui aussi bancal sur certains points, mais sérieux, carré, bien filmé. Ou le récent TURBULENCE, huis clos dans une montgolfière. Bref j’aime ce genre de cinéma, qui essaye malgré des moyens limités de faire au mieux sans se moquer du public. D’ailleurs un des pires films de l’année pour moi est aussi un film de requin, sorti tout au début de l’année, INTO THE DEEP, avec Scout Taylor-Compton, tellement insignifiant que je n’ai même pas écris dessus, car ça aurait été juste répéter ce qu’on dit toujours sur ce genre de film.