1998 – Pologne
Genre : Erotique / Giallo
Durée : 1h30
Réalisation : Roman Nowicki
Musique : Franck Cosack
Scénario : Roman Nowicki
Avec Eliza Borecka, Andrej Jass, Katarzyna Zelnik et Magda Szymborska
Synopsis: Un tueur fantomatique, mystérieux et vêtu et ganté de cuir assassine des jolies filles dans un pays de l’Europe de l’Est.
Replongeons voulez-vous à la fin des années 90 et au début des années 2000. Oui je sais, ça fait loin. A l’époque, j’étais jeune, influençable, mineur, mais j’aimais le cinéma horrifique, et l’arrivée de l’éditeur Uncut Movies, avec leurs pubs dans les magazines, ça me faisait saliver. Regardez moi ces pochettes promettant du gore et des filles nues. Du coup, lorsque j’ai enfin réussi à passer ma toute première commande à l’époque de la VHS, mon regard s’est tourné, en toute « innocence », vers Fantom Kiler et sa suite. Pourquoi ? Simple, une fille à poil sur la pochette, et un tueur où le mot hommage prend un autre sens (copie donc), au look semblable à celui de Six Femmes pour l’Assassin, film qui aura en quelque sorte réellement lancé le giallo en Italie en 1964. Ca ne pouvait pas être si mauvais hein, s’il y avait un tueur, de l’hommage au giallo et des filles nues ? Bon, plot twist qui n’en est pas un du tout, c’était nul. Mais oh combien rigolo. Mais nul. Fantom Kiler, sur le papier, c’est presque un mystère. On nous vend donc un giallo hyper sexualisé qui serait en provenance de Pologne. Sauf qu’il ne faut pas avoir fait Bac+4 pour se rendre compte que c’est étrange, vu que les dialogues ne collent pas toujours avec le mouvement des lèvres, et que toute la partie audio sonne en réalité comme un banal enregistrement dans un studio. Et un studio pas très bien isolé. Connaitrons nous la vérité un jour ? Est-ce que ça nous intéresse tout simplement ? En tout cas, si l’on en croit une interview que le réalisateur aurait donné des années plus tard, il nous indique que la trilogie (attention, plot twist en approche) auraient été tournés en Angleterre dans des studios, tandis que le 4 (oui le film n’est pas une trilogie, mais le 4 n’est pas sorti chez nous) aurait été tourné en République Tchèque. Quand aux actrices, pour la plupart, elles seraient des danseuses, certaines repérées dans des clubs, et il y a donc des Russes, mais aussi d’autres nationalités. Ce qui expliquerait donc cette bande son étrange. Un tournage à l’Italienne en quelque sorte. Mais ça ne fait pas un bon film tout ça. En tout cas, qu’en est-il de ce premier opus ? Alors il y a un tueur masqué, des femmes, des flics, et puis aussi des concierges, et la légende d’Excalibur.
Inutile en tout cas de nous attarder sur l’histoire, car elle tient sur un post-it, qui aurait été coupé en deux, mais dont le réalisateur aurait perdu l’une des deux parties, pas de bol. Donc il y a de jolies femmes, un tueur rôde dans le coin, et fait des trucs de tueur… tuer quoi. Enfin, non pas avoir laissé le temps à la caméra de nous montrer les courbes des actrices sous tous les angles. TOUS !!!! Et donc, c’est si mauvais que sa réputation le laisse penser ? Oui, même si l’on pourrait bien se dire que ça peut constituer, parfois, un certain plaisir coupable (en tout cas, pour ce premier opus). Pour autant, bien que cela puisse paraître surprenant, tout n’est pas à jeter dans ce premier opus. Evidemment, c’est du cinéma d’exploitation pur et dur, uniquement là pour flatter les plus bas instincts du public masculin en rut, mais j’ai toujours trouvé qu’il se dégageait un petit quelque chose du côté totalement factice de l’univers de Fantom Kiler. Ses fausses forêts en studio, ces éclairages à l’Italienne totalement surréalistes, quelques idées éparpillées ci et là, même si souvent fauchées et risibles. Il y a un côté totalement faux et bancal qui donne un certain cachet au film. Qui se plait à alterner moments où l’on a envie d’être cléments, et les autres, où l’on a envie de défoncer sa TV avec une hache. Le début en est le parfait exemple, avec ce premier plan qui nous donne simplement envie de gerber, avec sa caméra mouvante, du flou, des plans bien trop longs. La marque d’un grand navet. Et c’est vrai d’un côté. Mais lors d’autres scènes, notamment de meurtres, la caméra fait alors preuve d’un peu plus d’initiatives. Et donne moi envie de vomir. Quand à la photographie, elle est ce qu’elle est, elle accentue elle aussi le côté trop lisse, trop factice de l’ensemble, mettant en avant la brume dans des faux lieux éclairés en bleus, et évidemment que l’on pense à Bava et Argento. Le talent en moins. Bon point par contre, si l’on est dans le mood, la musique de Fantom Kiler n’est, en soit, pas mauvaise du tout. Vous voulez une preuve ? j’avais acheter le cd à l’époque… Tuez moi… On pourra aussi parler des « actrices », peu prudes, et donc tout le temps à poil, et bon, on va avouer, ça attire l’oeil non ? Même si elles ne savent pas jouer.
Bon, et si maintenant on défonçait vraiment le film hein ? Car dire que les filles nues c’est bien, que les éclairages colorés c’est cool, et qu’avoir 3 idées c’est cool aussi, c’est bien, mais ça ne suffit pas. Ah non, j’ai oublié de vous parler d’Excalibur… plus tard ! Non, car le réalisateur, bien que signant, il en a conscience, du Z racoleur, il a aussi de belles idées de merde. On en parle de cette idée bizarre de changer le format du film, passant parfois du cinémascope au plein écran en quelques plans, pour un rendu encore plus amateur que le reste ? On en parle du jeu statique et catastrophique des actrices, et aussi des acteurs, qui ont le charisme de…. non, il n’y a pas de charisme chez les hommes de ce film, mais au moins, on a une parodie de Super Mario, avec ce plombier barbu. Le scénario, on en a déjà parlé, il n’y a rien, c’est bête et con, inexistant, juste un simple prétexte pour mettre tout le monde à poil, puis les tuer. Pendant un poil plus de 1h20, on suit ce spectacle, bête et méchant, sans grand intérêt, avec quelques scènes de natures à choquer (enfin, pas moi hein). Mais rien de bien méchant, que ce soit dans l’horreur ou l’érotisme. Car oui, ça reste érotique, si vous voulez le niveau du dessus, le réalisateur a fait les versions porno avec Fantom Seducer 1 et 2. Puis rendre hommage au giallo, c’est bien, mais à part un peu de sang, Fantom Kiler reste assurément un film assez soft. Il faut dire qu’il n’avait pas le pognon. Mais il est temps d’en parler. Si Fantom Kiler aura marqué, en bien ou en mal, les braves courageux qui se sont lancés, c’est car il n’a pas peur du ridicule, et donc, parfois, il fonce tête la première dans les idées les plus putassières qui soient. Ainsi, on a la scène de la légende d’Excalibur, où l’épée est une cuillère en bois, et le rocher le cul d’une actrice… Plus tard dans le film, la cuillère est remplacée par un balais… Adieu !
Les plus
L’hommage au giallo, via le tueur, l’éclairage
C’est tellement con qu’on rigole
Quotas de nudité : 750%
J’aime bien la musique
Les moins
Aucune histoire
Ca joue maaaaaaaaal
Très soft niveau meurtres
Un rythme parfois laborieux
Des idées visuelles très étranges
En bref : Quand on est jeune, et qu’une pochette nous attire par sa nudité et son tueur copiant Six Femmes pour l’Assassin, on se retrouve à regarder Fantom Kiler, sans se douter que la bête deviendra une saga de 4 films, où la qualité déjà pas bien haute se fera un honneur de descendre à chaque film.