Titre original : DNA Formula Letale
1989 – Italie
Genre : Fantastique
Durée : 1h32
Réalisation : George Eastman
Musique : Luigi Ceccarelli
Scénario : Jason Arnold et George Eastman
Avec Gene LeBrock, Catherine Baranov, Harry Cason et David Wicker
Synopsis : Peter Houseman, un jeune chercheur à l’Université de Virginie, découvre une substance permettant d’interrompre le processus du vieillissement. Il décide de tester sur lui-même les effets de sa découverte. Mais l’injection du sérum provoque des crises d’amnésie et de fureur incontrôlable.
George Eastman est bien connu pour avoir été le scénariste mais également l’acteur de Anthropophagous de Joe D’Amato. Mais outre cette image de l’homme qui se mange lui même qui reste encore aujourd’hui dans les mémoires, le bonhomme aura été scénariste et acteur d’un bon paquet de métrages durant l’âge d’or du cinéma de genre italien, en passant avant par le western, le polar, puis bien entendu par l’érotique et l’horreur sous toute ces formes, avec des gialli et des films de cannibales. En 1989, après un premier essai non crédité, il se lance dans la mise en scène d’un film, Metamorphosis (à ne pas confondre avec l’autre daube sans nom datant de quelques années plus tard), avec Joe D’Amato à la production. Mais d’office, Eastman se met deux bâtons dans les roues. Le premier étant son scénario, pompant sans vergogne sur La mouche de David Cronenberg, sorti 3 ans plus tôt. Dans ces grandes lignes, on retrouve tous les éléments marquants du film de Cronenberg : le scientifique à la théorie un peu folle, l’expérience pratiquée sur soit même et bien entendu la dégradation corporelle et la folie envahissant le personnage, et une petite mutation finale et rapide. Question originalité, on aura vu beaucoup mieux. Son deuxième gros point faible étant son casting, constitué d’inconnus pour la plupart, et qui en resteront là également pour la majorité d’entre eux. Peu importe la situation, leur visage restera figé, ou ils se contenteront de crier devant la caméra pour simuler l’effroi, ce qui bien entendu ne fonctionne pas. Et bien entendu, comme Eastman cherche à donner à son film une ampleur similaire à celle de La mouche, on ne peut s’empêcher d’être dépité devant le résultat.
On pourra même dire qu’outre le personnage principal de Peter Houseman, le savant fou donc, aucun autre personnage n’aura droit à un traitement développé, et ne feront donc que de la figuration, entre le méchant responsable voulant virer Peter de l’université et reprendre ses recherches, Willie, le collègue de Peter et bien entendu, pour coller encore un peu plus à La mouche, il faut une femme, femme dont Peter tombera amoureux et qui assistera malgré elle aux résultats des expériences qu’il a testées sur lui même. Ici son rôle ne servira pas à grand chose, elle se retrouvera trop distante envers les événements qui se déroulent, et outre quelques cris d’effroi poussés dans la dernière partie et quelques scènes de sexe avant, elle n’est pas vraiment utile au récit. Mais son personnage permet d’y ajouter un petit garçon, tout ce qu’il y a de plus énervant, et nous rappelant à mainte reprise le petit chieur de La maison près du cimetière. D’ailleurs, le maquillage, plutôt réussit, il faut le signaler, de certaines mutations de Peter rappelleront également le monstre du film du regretté Fulci. Metamorphosis pompe donc un peu à tous les râteliers, et c’est le manque de crédibilité de l’ensemble qui fait tout chuter. Etrangement, Eastman ne tentera pas vraiment de se rattraper sur l’horreur pure, préférant la suggérer, ou la montrer de manière discrète et sur-découpée. Mais pourtant, Metamorphosis n’est pas un désastre total. Eastman parvient à nous livrer pour son unique réalisation (créditée du moins) un produit emballé assez sérieusement, accompagnant assez bien les divers événements du récit, et il filmera le tout en tentant de créer une certaine ambiance.
Avec un scénario nettement plus original (mais il ne faut pas oublier qu’en 1989, le cinéma de genre italien n’était déjà plus ce qu’il était et s’engouffrait dans les nanars sans noms) et un casting plus convaincant (d’autant plus que le doublage français est tout à fait ignoble, surtout concernant le petit garçon, dont on aura parfois même du mal à distinguer ce qu’il dit), Eastman n’aura absolument pas eu à avoir honte de son film, puisque auparavant, il aura tout de même joué dans un bon paquet de films italiens apocalyptique. Mais outre la mise en scène et une bande son très typée fin des années 80, ainsi que certains effets de maquillage, on ne retiendra pas grand chose du métrage, surtout si l’on a encore bien des souvenirs de La mouche de Cronenberg. Comme dans le dit film, le final se déroulera également dans le laboratoire du savant fou, pour une dernière expérience qui pourrait lui redonner un semblant de forme humaine. Mais le film nous laisse au final une telle impression de déjà vu, et surtout finit de nous assommer avec un monstre final tout ce qu’il y a de plus ridicule (et encore, le mot est gentil, on pourra en rigoler encore des jours après la vision du métrage, en se demandant ce qui était passé par la tête de l’équipe chargée des effets spéciaux) et vite expédié que l’on préférait l’oublier. Force est de reconnaître pourtant la bonne qualité de la mise en scène et son rythme plutôt réussit, ce qui sera les seules choses pouvant le sauver.
Les plus
Quelques bons effets
Les moins
Acteurs qui font le minimum
Une copie de La Mouche
En bref : Un ratage pompant allégrement sur La mouche de David Cronenberg, le budget en moins, les bons acteurs en moins, au final bâclé et ridicule. Seule la mise en scène correcte et quelques effets sont à sauver de ce film « déjà vu ».