Titre original : The Midnight Meat Train
2007 – Etats Unis
Genre : Boucherie
Durée : 1h38
Réalisation : Kitamura Ryuhei
Musique : Johannes Kobilke et Robb Williamson
Scénario : Jeff Buhler d’après la nouvelle de Clive Barker
Avec Bradley Cooper, Vinnie Jones, Brooke Shields et Leslie Bibb
Synopsis : Leon Kauffman, un photographe de presse est témoin d’un meurtre dans le métro de New-York. Il décide de prendre en chasse le criminel, un serial killer connu sous le nom de « boucher du métro »…
Alors que l’un des derniers films de Kitamura Ryuhei (Versus, Azumi, Sky High) s’apprête à sortir en dvd en France, cela fait déjà quelques temps que son incursion dans le cinéma Américain fait parler de lui. Et c’était tout à fait logique, sachant que le métrage en question est l’adaptation d’une grande nouvelle de Clive Barker, très sanglante, parue dans le premier recueil Livre de sang : Le train de l’abattoir. La présence de Clive Barker lui même à la production mais aussi le fait que Kitamura soit un réalisateur compétent dans ce domaine (son Versus était assurément très sanglant et à part quelques longueurs, le film était dirigé d’une main de maître) nous faisait saliver, et après des années de problèmes, le voilà enfin, prêt à sortir en France dans le courant de l’année, tandis que le film s’est ramassé au box office Américain et qu’il commence à sortir en DVD dans différents pays. L’occasion pour ceux n’ayant pas de patience et comprenant parfaitement la langue anglaise de mettre la main sur le fameux métrage. Et après la vision, on ne peut affirmer qu’une seule chose : si Kitamura ne signe pas son meilleur film, il s’agît sans aucun doute d’une des meilleures adaptations de Clive Barker depuis des années (oublions rapidement les suites de Hellraiser, de Candyman et les quelques téléfilms, dernièrement seul Dread s’en sort très bien). Midnight Meat Train, malgré quelques défauts communs aux autres métrages du réalisateur, est divertissant, très sanglant, et surtout fidèle à la nouvelle de base, tout en se permettant des libertés logiques pour permettre à la nouvelle de passer au statut de long métrage. Ainsi, Leon Kauffman, le personnage principal de la nouvelle et du métrage, a changé de profession, et les événements qui vont le mener jusqu’au final vont différer, tout en restant dans le même esprit afin de ne pas trahir l’esprit de Clive Barker. Kauffman, simple homme d’affaire dans la ville de New York rentrant chez lui tard le soir en prenant le métro et se retrouvant au milieu d’un carnage, dans la nouvelle, devient ici photographe dans la ville de New York, cherchant à percer dans ce domaine, vivant en couple depuis quelques temps, et se retrouvant sans le vouloir (au départ) mêlé à une histoire de disparitions.
En effet, pour permettre au film d’avoir une durée raisonnable, il fallait rajouter des personnages, changer certaines données, et étendre l’histoire sur plusieurs jours en rajoutant une enquête plutôt que de se fixer à une seule journée comme dans la nouvelle. On peut l’avouer au final que les différents ajouts ou changements ne dérangent absolument pas, et permettent même par moment de surpasser la nouvelle de base, grâce à quelques moments de tensions ou de pures boucheries. Tension et boucherie, deux mots qui conviennent à merveille à l’univers de Midnight Meat Train. Kitamura, adepte des mouvements de caméras astucieux et des montages qui vont vite, ne se calme pas malgré son passage en Amérique et signe une œuvre sans concession, où tout nous est montré. Il stylise comme toujours ses plans, et on reconnaît très rapidement la patte du metteur en scène japonais. Le scénario décide dans un premier temps de s’attarder sur Leon Kauffman, sur sa passion (la photographie) et sa relation avec sa petite amie. C’est grâce à celle ci qu’il dégotera un entretien pour tenter de vendre ces photos, et à cause de cet entretien qu’il se retrouvera à prendre des photos dans la rue, la nuit, pour montrer un visage différent de la ville, son côté sombre. En ce sens, ces ajouts collent plutôt bien avec l’univers de Barker, et très rapidement lors de ses excursions nocturnes, Kaufman aura vent des disparitions en série qui se déroulent dans la ville, et va s’y retrouver mêlé, prenant en photo une de ses personnes lors de son entrée dans le métro, quelques minutes seulement avant le fameux drame. Drame qu’en tant que spectateurs nous savons déjà, même si nous ne pouvons pas l’expliquer (à moins d’avoir lu la nouvelle). Un boucher (c’est le cas de le dire, puisque dans les ajouts par rapport à la nouvelle, Mahogany, joué par Vinnie Jones, le boucher du métro, travaille dans une boucherie en journée) erre dans le métro tardivement dans la nuit, aux alentours de deux heures du matin, et tue froidement les occupants du train. A ce niveau le métrage est très gore, ça gicle un peu partout, les yeux sont arrachés, les têtes tranchées, et ce n’est qu’un début. Malheureusement, parfois, les effets seront numériques et pas toujours subtils.
Kaufman va tomber un peu par hasard sur Mahogany, et tout de suite, la vision de celui ci va l’inspirer pour ses photos, sur l’autre côté du miroir de la ville, et c’est ainsi qu’il va se retrouver embarqué à son tour dans le train de l’abattoir. La confrontation entre les deux hommes, qu’elle soit dans les rues de la ville (rapide), à l’hôtel dans l’appartement de Mahogany (un peu trop long et inutile sur certains points), sur son lieu de travail (un moment plutôt flippant) ou dans le train (le must) rend plutôt bien et est intéressante à suivre, même si on échappera pas, comme dans pratiquement tous les films de Kitamura, à quelques petites longueurs en milieu de récit (notamment dans les passages concernant la femme de Kaufman dans sa quête pour aider son mari), ou à des plans parfois un peu trop stylés et poseurs. Cependant, ce serait se priver d’un bon moment d’horreur, gore et prenant. Dés que la caméra de Kitamura atterrit dans la station du métro ou dans un abattoir, son talent explose, et il parvient à capturer les moments glauques et les renforcer avec une photographie verte de très bel effet. Kitamura ne renoncera pas non plus à certains effets de style qui ont fait sa réputation passé, telle la caméra tournant autour des personnages sur 360° (Versus et Azumi) et des combats à l’arme blanche (tout ces films finalement). Midnight Meat Train n’est pas son meilleur film, pas son moins bon non plus, mais reste jouissif et purement encré dans son univers.
Les plus
C’est très gore
Un univers glauque
L’univers de la nouvelle est respecté
De bons acteurs
Les moins
Quelques longueurs
Quelques effets numériques ratés
En bref : Barker peut être fier de cette nouvelle adaptation, parfois glauque, parfois jouissive, un peu inégale mais respectant l’univers de la nouvelle écrite il y a déjà plus de vingt ans en la modernisant.