Sortie : Février 2020 (Japon), Février 2021 (Monde)
Studios : Omega Force, P Studio
Editeur : Atlus (Japon), Sega (Monde)
Genre : La suite en plus court
Multijoueur : Non
Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, PC, Nintendo Switch
Synopsis : Joker et Morgana reviennent à Tokyo et retrouve les autres Voleurs Fantômes chez Sojiro Sakura. Ensemble, ils décident de planifier leurs vacances d’été. Pour ce faire, ils utilisent l’application nommée EMMA. Plus tard, à la suite des évènements qui se produisent dans Shibuya, Joker, Ryuji et Morgana vont se retrouver propulsés dans le métavers et jeté dans une prison tenue par une idole qui visiblement a des désirs pervertis. Les Voleurs Fantômes reprennent du service !
Vendu et souvent considéré comme un spin of, il était temps que je m’essaye à ce Persona 5 Scramble, renommé Persona 5 Strikers à l’international. Déjà car Persona 5, c’est génial (vous ne me croyez pas ? Regardez mon 100% sur Persona 5, soit deux runs de 100 heures chacun, et mon 100% à Persona 5 Royal, soit un run de 125 heures environ), et puis parce que les jeux Atlus, c’est très bien (pas que les Persona), et aussi car j’avais pu tester la démo Japonaise du jeu, et que si tout ne m’avait pas convaincu, on y retrouvait malgré tout ce qui faisait le cœur de Persona 5. Son style graphique, sa direction artistique, ses musiques, ses personnages. Bref oui, il était temps que je me lance dans l’aventure malgré quelques petites craintes. 45 heures plus tard, le verdict tombe. Persona 5 Strikers, c’était… sympathique. Alors attention, toutes les qualités de Persona 5 étaient toujours là. Comme les différents éléments cités plus haut, la DA, les musiques géniales. Les doubleurs sont les mêmes, l’histoire est la continuité de Persona 5 (et non pas de Royal, malheureusement, les ajouts ne sont pas pris en compte, désolé Sumire), si bien que considérer Strikers comme un spin of est une erreur. Se lancer dans Strikers sans avoir touché au jeu de base, c’est être ensevelit sous des informations jamais expliquées toutes les 25 secondes, se retrouver avec des personnages qui ont tous des relations différentes entre eux, des termes complexes, des concepts, qui oui, ne seront pas expliqués ici, car de toute façon, le jeu s’adresse aux fans de Persona 5.
Dans le fond, ce n’était pas un peu déjà le cas avec le jeu Hyrule Warriors pour Breath of the Wild ? Ben c’est parfait, puisque le développeur est le même, Omega Force. Enfin, en partie. Car Atlus et son studio interne P Studios reste là. Heureusement d’ailleurs. Car finalement, dans Strikers, je peux avouer sans honte que tout le contenu provenant clairement de P Studios a fonctionné sur moi, et que le contenu provenant d’Omega Force m’a beaucoup moins amusé. Pourquoi ? Car on a souvent l’impression… tout le temps en fait, que Atlus est donc resté maître de l’histoire, des personnages, du graphisme, des musiques, de tout en fait, sauf d’un seul élément assez crucial, à savoir, le gameplay. Et ce gameplay, surtout quand il passe après le système au tour par tour à la fois jouissif et finalement tactique de Persona 5, il paraît bien brouillon. On y retrouve pourtant l’utilisation des Personae (oui car en français on l’écrit comme ça il paraît), les faiblesses ennemis, on peut même enfin jouer des personnages autres que le héros, Joker donc. Mais c’est bien trop brouillon. Et comme pas mal de jeux du genre, Strikers a une courbe de difficulté finalement faisant les choses à l’envers. Quand au début, on a peu de vie, peu de Persona différentes, et que l’on affronte des vagues d’ennemis dans tous les sens, on meurt, avant de trouver enfin ses marques. Les deux premières prisons (et non plus des palais) sont donc assez difficiles, pareil pour les boss de ces donjons. Alors que le reste du jeu paraît parfois bien facile.
Mais donc, Strikers, ça raconte quoi ? Le jeu se déroule durant tout le mois d’Août, et donc, quelques mois après les événements de Persona 5. C’est les vacances d’été, et notre héros, Joker, retourne donc à Tokyo pour y retrouver toute la bande des voleurs fantômes. Ils n’ont plus la capacité d’aller dans le metaverse, et donc, ils planifient un été normal, comme tous les jeunes de leur âge. Barbecue, voyage. Mais rapidement, quelque chose cloche, et à la place de Palais géré par une âme pervertie, voilà qu’ils se retrouvent dans des versions altérées des grandes villes, nommées des prisons, et avec à leur tête, des monarques. Pas de trésor à voler pour purifier l’âme, mais des désirs à restituer à la population. Et du coup, Strikers prend l’apparence du road trip. C’est à bord d’un van que la fine équipe va traverser le Japon, pour aller de Tokyo à Osaka, en passant par Okinawa, Kyoto et j’en passe. Et direct, la sauce prend. On retrouve les personnages, l’humour, l’ambiance si particulière, et comme tout commence à Tokyo, on retrouve ces rues bondées que l’on connait, ces petits cafés, le métro. Bref, on retrouve Persona comme si on ne l’avait jamais quitté. Même si on s’aperçoit rapidement que Strikers n’est pas un RPG, malgré quelques éléments étant toujours là, mais clairement simplifiés. Pas de confidents par exemple, mais à la place, un système de liens, permettant d’augmenter pas mal d’éléments (l’attaque, la vie, les points de magie, mais aussi avoir plus d’expérience, d’argent ou d’objets après un combat), et des niveaux à augmenter pour chaque personnage, qui montent tout naturellement en les jouant, sans se forcer. Du light RPG au cœur de tout ça en quelque sorte.
De la même façon, on retrouve toujours un calendrier, avec les jours qui défilent… mais aucune gestion de notre part, le temps ne défile pas comme avant. On peut aller et venir dans les prisons à notre guise (très utile au début du jeu, quand on a peu de puissance et que l’on grille tous ses PM entre deux points de sauvegarde), et la journée n’évoluera que quand le scénario le décidera. Très permissif donc. De toute façon, les activités annexes sont à présents rares, et les quelques missions annexes que l’on recevra au fur et à mesure des villes se résumeront souvent à des quêtes avec certains ennemis à éliminer, des objets à trouver, ou des boss à battre encore une fois, mais en plus puissant. Car oui, malgré quelques éléments que l’on pourrait considérer comme étant du light RPG, ou une narration toujours très présente, Strikers est avant tout un jeu d’action, un jeu comme le studio Omega Force sait les faire, avec pleins d’ennemis partout à l’écran. Il faut dire qu’ils connaissent la formule depuis le premier Dynasty Warriors, en 1997 tout de même. Et autant d’un côté, ça ne pardonne pas, surtout au début du jeu, autant on se rend compte que d’autres défauts viennent se greffer rapidement au jeu. Strikers, c’est un peu l’exemple du jeu qui s’améliore plus il avance, mais qui pourtant, ne surprend jamais. La faute déjà à une intrigue sentant le déjà vue, puisque sans spoiler, certains points importants de l’intrigue de Persona 5 seront encore repris ici dans l’intrigue principale, donnant une petite impression de redite. Heureusement, les deux nouveaux personnages rejoignant l’aventure sont intéressants.
Il y a d’un côté Sophia, une IA qui n’a donc une forme physique que dans le metaverse, et Wolf, un flic qui va aider les voleurs fantômes et finalement faire parti du groupe. Mais de manière générale, malgré le manque de surprise, ce n’est pas dans l’enrobage ni dans l’écriture que Strikers déçoit, mais dans son gameplay, et surtout, pendant la première moitié du jeu, son level design. Les deux premiers donjons notamment, sans être non plus des tortures, ne sont pas les meilleures expériences. La preuve, la mort peut parvenir en deux ou trois coups au départ (et on rappelle qu’ici, nous n’avons pas de tour par tour et de temps pour planifier, au cœur de la bataille, il faut frapper, ou alors sélectionner une Persona pour figer le temps et choisir le pouvoir à utiliser), et surtout, les deux premiers donjons sont inutilement longs. Oui, alors que Strikers est beaucoup plus court que Persona 5 et ne demande en moyenne qu’environ 45h pour le finir à 100% (sauf pour augmenter les liens, mais on en reparlera), les deux premiers donjons nous font faire des allers et retours constants entre différents lieux, et on a l’impression de perdre du temps, et le rythme de l’aventure en prend un coup. Persona 5 aussi mettait du temps à lancer la machine, mais entre une machine mettant 5/6h à se lancer pour environ 100h derrière et une autre mettant exactement le même temps mais pour seulement 45h, voir moins, ça fait plus mal.
Surtout que finalement, passé la difficulté des premiers instants, il ressort une impression ultra brouillonne de la plupart des combats. Des ennemis de partout, et on mitraille les boutons pour varier les attaques tout en utilisant nos Personae pour espérer toucher le point faible de l’ennemi et lancer une super attaque avec toute notre équipe. Seuls les boss finalement demandent un peu plus de stratégie, de jugeote, et du coup, sont vraiment intéressants. L’ironie de tout ça, c’est que si les donjons sont ensuite plus courts, moins labyrinthiques, et nous forcent moins à ces incessants allers et retours constants, beaucoup n’auront même plus de boss de fin, et en jouant correctement et en augmentant les liens qu’il faut, les autres ennemis n’opposeront pas toujours une grande difficulté. À l’exception de l’avant dernier donjon, qui tout à coup, se lâche en ennemi super puissants dont les faiblesses nous forceront parfois à dépenser tous nos PM. Mais finalement, rien de bien méchant quand l’argent pour acheter des objets coule à flot et que l’on devient un dieu en cuisine, pour préparer divers curry et autres repas soignant nos alliés, en plus de redonner des PM. Et comme je l’indiquais, il y a un système de liens, bien pratique au départ, puisque l’on se sent vraiment vulnérable au début, avant que l’on n’abandonne tout simplement, pour moi en tout cas, l’envie de vraiment finir le jeu à 100%, tant le jeu se transforme en farm. Oui, en faisant absolument tout, en vainquant l’ennemi secret (ennemi bien connu des amateurs de la saga), en débloquant le mode impossible, et bien, mon niveau de liens n’était que de 54. Sur 99. Et donc, alors que j’adore l’univers et avait déjà platiné les deux précédents jeux Persona, j’ai tout simplement abandonné pour ce Strikers, dont les deux options devant moi devenaient une torture.
À savoir, refaire le jeu en mode impossible, en soit, un mode très difficile, qui aura eu ma peau en quelques minutes seulement, mais où l’EX est bien plus élevée, ou bien faire à l’infini des missions secondaires répétitives jusqu’à atteindre ce fameux niveau 99. Désolé Strikers, mais non, je n’ai pas le courage ni l’envie de farmer pendant 45 nouvelles heures. Bref, oui, Strikers n’est pas un mauvais jeu. En terme d’intrigue, c’est même une vraie suite à Persona 5. Mais malheureusement pas à Royal, pourtant supérieur sur bien des points et avec des ajouts narratifs forts intéressants. La DA fait toujours des miracles, les nouvelles musiques et reprises d’anciens morceaux sont géniaux, on se prend au jeu malgré des défauts. Mais c’est trop brouillon et parfois laborieux pour que l’on se dise que l’on refera le jeu, avoir envie de se lancer dans un New Game Plus, pour en garder un souvenir aussi fort que celui du jeu de base. Le changement du tour par tour n’était pas forcément une mauvaise idée, même si ça changeait forcément beaucoup de choses dans l’identité même du titre, mais rien ne parvient à élever le jeu au-dessus du « sympa mais pas plus » à mes yeux. Si ce n’est l’OST et un certain plaisir de fan à retrouver les personnages et à connaître la suite. Vous voulez une preuve de plus ? J’ai relancé Royal juste après la fin de Strikers…
Les plus
Retrouver le style de Persona 5
Les musiques, anciennes comme nouvelles
Narrativement, une vraie suite
Des combats de boss tactiques…
Le côté road movie, qui offre de la diversité
Les moins
Un gameplay trop brouillon
Les nombreux allers et retours des premiers donjons
Peu de surprises
…mais des boss trop peu nombreux
En bref : Persona 5 Strikers, s’il demeure très sympa à jouer manette en main, et nous replonge dans une ambiance que l’on connait et adore, ne parvient pas à convaincre sur toute la ligne, notamment son nouveau gameplay, ainsi que son level design la plupart du temps. Les défauts sont flagrants vu que l’aventure est bien plus courte.