Titre Original : Bahay Na Pula
2022 – Philippines
Genre : Fantastique
Durée : 1h42
Réalisation : Brillante Mendoza
Scénario : Troy Espiritu
Avec Julia Barretto, Xian Lim, Marco Gumabao, Erlinda Villalobos, Joy Florencondia, Jasper Cabrera, Hara Yoshihiko, Ina Alegre et Dexter Macaraeg
Synopsis : Jane et Raffy sont en train de faire construire la maison de leur rêve, alors que Jane est enceinte de plusieurs mois. Ils doivent cependant remettre en état une vieille maison familiale afin de conclure la vente dans la ville de Pola. Tout ne se déroule pas comme prévu, Jane aura des rêves sur le passé de la maison, tandis que le maire tente de faire pression pour que la maison, réputée historiquement importante, ne soit ni démolie, ni détruite, ni vendue…
En tombant par hasard sur Bahay Na Pula, et en voyant que le film était une production en provenance des Philippines, je me suis dit pourquoi pas. J’avais après tout découvert récemment le cinéma Philippin, notamment via leur approche sociale et contemplative des polars, avec Birdshot et Arisaka, tout deux signés par Mikhail Red (et via leurs thrillers érotiques). Pourquoi pas découvrir ce que vaut le pays en termes de productions horrifiques, avec un de leur essai les plus récents, puisque Bahay Na Pula est une production qui aura débarque dans énormément de pays en Février 2022 directement en VOD. Le tout avec une petite polémique à la clé, mais vraiment petite, puisque le film, qui lorgne dans la forme du côté du classique film de maison hantée, s’appuie en réalité sur un fait historique, un fait lointain, durant la seconde guerre mondiale, où des femmes étaient capturées pour être torturées, violées, tuées durant l’occupation Japonaise. Je dis bien « petite polémique », puisque ce fait fut décrié par certains lors de la sortie du film, mais que le film lui s’en sert surtout comme toile de fond pour, et bien, ajouter du fond et une imagerie différente à un film qui en soit ne cherche qu’à livrer un film fantastique efficace. Est-ce qu’il est efficace ? Suivant votre sensibilité, et si vous n’en avez pas marre de ce genre d’histoire où le passé revient hanter le présent. Car en vérité, voilà, passé son background, qui donne il est vrai un peu de chair à l’ensemble, Bahay Na Pula est un film très classique dans sa construction et dans sa narration également, mais qui a été fait avec le plus grand des sérieux par son réalisateur, Brillante Mendoza, réalisateur d’ailleurs plutôt apprécié au Japon, où il y avait tourné un de ces précédents films.
Le début n’est pourtant en réalité guère encourageant, lorsque l’on découvre notre couple vedette sur le chantier en construction de la maison de leurs rêves, et que madame visite les pièces encore vides et délabrées, suivie par une caméra hésitante et un caméraman qui hésite parfois dans sa mise en point. Voir cette scène un peu maladroite se terminer par un élément que l’on voit venir à des kilomètres, soit un accident sur le chantier avec un ouvrier, ce n’est guère rassurant non plus, tant le film nous balance déjà un des clichés du genre, le premier incident extérieur à la famille mais qui annonce les incidents à venir. Fort heureusement pour nous, spectateurs, et pour le film, les pièges que l’on voit venir, et surtout la routine que l’on sent venir s’installer sera en partie évitée. Malgré la présence par exemple d’une poignée de jumpscares, qui ne viennent néanmoins pas parasiter le récit comme c’est un peu trop souvent le cas ces derniers temps (il suffit de voir certaines productions Blumhouse récentes, ou les récentes résurrections de saga comme The Grudge en Amérique ou Sadako au Japon), Bahay Na Pula préfère prendre son temps, poser une ambiance, et le plus souvent, poser sa caméra, et remplacer les sons stridents horrifiques par des nappes sonores d’ambiance lentes et atmosphériques d’un bien meilleur effet. Forcément en terme de narration, ou de manière plus générale, de contenu, le métrage ne vient pas bousculer les codes du genre. On aura droit aux silhouettes qui apparaissent en arrière-plan, aux ombres de choses ou personnages qui sont là mais en fait non (même si pour ce point le réalisateur semble plus vouloir rendre hommage à l’expressionnisme Allemand), à la femme de ménage au passé intimement lié à la demeure, et justement, à la demeure en elle-même, mise en avant pour devenir un personnage à part entière.
Sans oublier Jane qui fera des rêves plus vrais que nature ayant un lien avec le sordide passé de la maison et ce qui s’est donc déroulé durant la seconde guerre mondiale. Rien de réellement surprenant donc, mais le tout réalisé avec sérieux, tout en étant plutôt rythmé, et surtout, possédant une ambiance suffisamment réussie pour nous donner envie d’aller au bout du métrage. L’ambiance parvient à installer une certaine tension dans le métrage, sans nous abreuver d’apparitions toutes les cinq minutes, et nous donne donc envie d’en savoir plus sur le fin fond de l’histoire. Pour rajouter d’ailleurs un peu de substance et ne pas seulement jouer sur la classique maison hantée, le réalisateur rajoute dans son film des conflits entre les personnages, entre le mari qui cache des choses à sa femme, la peur de la grossesse pour celle-ci, et l’irruption mi-parcours de son ex dans la narration qui vient un peu compliquer l’ensemble. Sans surprendre malgré tout, la plupart des éléments peuplant l’intrigue étant connus, tout comme ces artifices, et sa mécanique bien huilée est, justement, un peu trop bien huilée. Du coup, on aurait apprécié un petit twist, une plus grande prise de risque, ou même une scène choc qui arrive sans prévenir. Même si le film en réserve une, de scène choc, assez tardive. Car en l’état, c’est forcément sympathique de voir le cinéma Philippin prendre également le cinéma de genre au sérieux, mais il ne se démarque pas du tout de la concurrence. Plaisant, bien filmé et conçu, mais sans surprises.
Les plus
Un film bien réalisé
L’ambiance fonctionne bien
Evite les jumpscares putassiers
Les moins
Une narration et une histoire assez prévisible
Le début qui ne met pas vraiment en confiance
En bref : Bahay Na Pula ne bouleverse pas les codes du genre, ni ne parvient à vraiment surprendre, mais grâce à son ambiance souvent réussie, une poignée de scènes chocs et un certain savoir faire visuel, il divertira l’amateur du genre.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A well directed film ♥ The atmosphere is pretty good ♥ Try to avoid all kind of bad and easy jumpscares |
⊗ Everything in the film is predictable and without surprises ⊗ The start of the film looks bad |
Bahay Na Pula isn’t a game changer, it’s not surprising, but thanks to a good little atmosphere and a few shocking scenes, as well as being well crafted, it ended up being a good entertaining film if you like the genre. |
Tu viens de mettre le doigt sur une étonnante découverte. Pour moi, Mendoza c’est plutôt des films sociaux, profilés pour défiler dans les festivals (Cannes, Berlin, Venise). De lui j’ai vu « Serbis » en DVD et « Lola » au ciné. Deux tres bons films qui nous plongent dans le quotidien glauque et pauvre des Philippines.
Ici, j’ai l’impression qu’on change complètement de registre. Ça reste intrigant dans tous les sens du terme.
Ah tu vois, le cinéma Philippin, je connais très peu, et tes indications le prouve à nouveau. Un cinéaste intéressant donc ?
Ici il ne délaisse donc pas totalement ses thématiques habituelles, mais il les enrobe dans du cinéma horrifique de plutôt bonne facture bien que pas toujours bien surprenant. Il y a un rapport à l’histoire, à la famille, et dans un sens, un côté social via l’immobilier et tout le reste. Sans doute moins poussé que ces films se focalisant clairement dessus évidemment, mais ça reste là, en fond. Il faudrait que je me penche à l’ocaz sur le reste de sa filmographie, et que je continue celle de Mikhail Red dont le dernier film est sorti, après avoir vu et aimé Birdshot, et adoré Arasaka.