Titre original : In The Line of Duty 2 – Yes Madam – 皇家師姐
1985 – Hong Kong
Genre : Comédie / Action
Durée : 1h35
Réalisation : Corey Yuen
Musique : Romeo Diaz et Tang Siu-Lam
Scénario : Barry Wong
Avec Michelle Yeoh, John Sham, Cynthia Rothrock, Mang Hoi, Tsui Hark, James Tin, Dick Wei, Chung Faat, Billy Lau, Sammo Hung et Richard Ng
Synopsis : Deux policières, l’une Hongkongaise, l’autre Américaine, se voient contraintes de faire équipe pour retrouver un microfilm qui permettrait de faire tomber un gros truand. Mais le microfilm est récupéré par trois petites frappes.
Le Sens du Devoir 2, c’est compliqué dès le départ. Au départ intitulé Yes Madam, le film est tourné en 1985, alors que le premier opus lui date de 1986… Quoi qu’il en soit, le métrage qui nous intéresse ici est l’un des premiers Girls With Guns, ce genre si particulier dont la principale actrice sera par la suite Cynthia Khan, reprenant la saga dès l’épisode suivant en 1988. Yes Madam, de son nom d’origine, débarque donc en 1985, avec pas mal d’atouts pour lui. Corey Yuen s’occupe de la mise en scène et des chorégraphies, Barry Wong, fidèle collaborateur de Sammo Hung, signe le scénario, tandis que le casting principal nous propose de suivre une jeune mais souple Michelle Yeoh, ainsi que Cynthia Rothrock, dont la carrière ne brillera pas vraiment, qui trouvera son meilleur rôle un an plus tard dans Righting Wrongs (Une Flic de Choc) aux côtés de Yuen Biao, toujours réalisé par Corey Yuen. Face aux deux actrices, un casting quatre étoiles et surtout une ribambelles de stars qui se bousculent pour des rôles plus ou moins gros, parfois même juste de simples apparitions. On trouve donc, plutôt en avant, Tsui Hark qui semble s’amuser comme un fou, en faisant des tonnes devant la caméra, mais aussi John Sham (Le Gagnant, Le Flic de Hong Kong 2, Pedicab Driver), Mang Hoi (Enter The Dragon, Zu, First Mission et encore Pedicab Driver), James Tin (Mr Vampire 2, The Prodigal Son, Eastern Condors), Dick Wei décidemment abonné aux rôles de méchants que l’on voit partout (il reviendra dans Le Sens du Devoir 3, Le Marin des Mers de Chine, Mariage Blanc, Le Flic de Hong Kong 1 et 2), Chung Faat toujours avec sa moustache (Warriors Two, Odd Couple, L’Exorciste Chinois, First Mission, Le Flic de Hong Kong 2) et même de furtives apparitions de Sammo Hung et Richard Ng, que l’on ne présente plus, et des caméos de Wu Ma, Billy Lau, ou encore Corey Yuen lui-même. Oui, sur le papier, Yes Madam ferait saliver n’importe quel fan de cinéma HK.
Mais ça, c’est sur le papier seulement, car des quatre premiers opus de la saga (je n’ai pas encore vu la suite au moment où j’écris ces lignes), Yes Madam est bel et bien l’opus le plus faible. Et en plus, le plus anecdotique. Car malgré son casting martial impressionnant (tout comme son casting comique), ainsi que son attachement à la saga Le Sens du Devoir, proposant des films bourrés d’action et même parfois assez violents, Yes Madam fait tout l’opposé, et la majeure partie du temps, ne nous propose qu’une gentillette comédie. Pourquoi pas, des films devenus cultes comme Le Flic de Hong Kong la même année faisaient déjà ce choix et nous divertissaient. Sauf que dans Yes Madam, la sauce ne semble jamais vraiment prendre. Pendant pratiquement une heure, nous suivons d’un côté Michelle Yeoh et Cynthia Rothrock menant leur enquête, et donnant quelques coups lors de rares scènes, notamment l’ouverture et la scène de l’aéroport, ou encore la scène du club contre Dick Wei. Sans le savoir, ces scènes très courtes ressemblent un peu à une mise en bouche de ce que le final nous réserve. Ces courtes scènes nous montrent que les deux jeunes actrices ont du talent à revendre, et tant mieux. Car à côté de cette enquête qui ne va pas franchement avancer, le scénario nous propose de suivre trois petits arnaqueurs pas franchement doués, que sont Tsui Hark, Mang Hoi et John Sham. Si Mang Hoi s’en sort relativement bien, on ne pourra pas dire la même chose de ses deux amis, qui vont continuellement amener dans le métrage un humour assez lourdingue qui ne prend jamais. Tsui Hark se fait plaisir certes, mais énerve rapidement, mais ce n’est rien à coté de John Sham, qui s’il parvient à amuser dans d’autres films (Le Gagnant) ou même parfois à surprendre (Pedicab Driver), irrite ici plus qu’autre chose.
Ici, rares sont les gags qui vont véritablement marcher, à part peut-être un court gag visuel qui sera reprit l’année suivante par John Carpenter dans son hommage au cinéma HK, Les Aventures de Jack Burton. Le constat du film est jusque là très décevant, voir même pénible par moment, surtout que pour tenter de faire monter la tension lors de quelques scènes, Corey Yuen n’hésite pas à utiliser des morceaux de la musique de Halloween. Et c’est là que, sorti de nulle part, le final débarque, venant rattraper un peu l’erreur de la première heure du métrage, et surtout venant réveillé le spectateur qui n’aura pas du tout adhéré à l’aspect comique du métrage. Et c’est dans cette unique scène que la plupart de l’équipe parviendra à s’exprimer et à se montrer sous leur meilleur jour. Michelle Yeoh est souple comme jamais, Cynthia Rothcock distribue d’impressionnants coups de pieds, Dick Wei et Chung Fat font offices d’ennemis de luxe, les figurants sont très nombreux, et ce final s’étendra sur la durée d’une quinzaine de minutes environ, ne laissant pas le temps au spectateur de souffler, et surtout, permettant de nous en donner enfin pour notre argent. Corey Yuen ne s’est pas moqué de nous, nous offrant des chorégraphies variées et très acrobatiques, et la mise en scène fait son travail, rendant l’ensemble très fluide et toujours compréhensible. Il est dommage que tout cela arrive bien tardivement, car le métrage avait beaucoup de potentiel. Il ne reste au final qu’un film divertissant, que l’on oubliera, à l’exception de son final, très facilement.
Les plus
Un final d’anthologie
Quelques rares moments bien trouvés
Les moins
Très long à démarrer
De l’humour lourdingue la plupart du temps
Quelques acteurs qui énervent
En bref : Un second opus (mais tourné avant le premier…) qui n’a pas grand chose à proposer en dehors de son final réussi. Le reste est anecdotique.