THE INSTRUMENT OF MURDER (Trái Tim Quái Vật) de Tạ Nguyên Hiệp (2020)

THE INSTRUMENT OF MURDER

Titre Original : Trái Tim Quái Vật
2020 – Vietnam
Genre : Thriller
Durée : 1h29
Réalisation : Tạ Nguyên Hiệp
Musique : –
Scénario : Tạ Nguyên Hiệp

Avec Hứa Vĩ Văn, Hoàng Thùy Linh, B Trần, Trịnh Thăng Bình, Trung Dân, Mỹ Uyên et Ngô Phạm Hạnh Thúy

Synopsis : Accusée de meurtre, une mère prend la fuite avec sa fille, et aidée de son voisin, elle va tenter de prouver son innocence.

Ce n’est un secret pour personne, j’adore les thrillers et autres polars. Les enquêtes, les meurtres, l’identité du tueur, le pourquoi du comment, les manipulations et j’en passe. Ça me passionne. Alors même quand les précédentes tentatives d’exploration du thriller Vietnamien n’étaient pas couronnées de grands succès (Girl from the Past, sympathique mais très imparfait), et bien, je ne suis pas rancunier, je donne une seconde (et future troisième ?) chance. Avec The Instrument of Murder, c’était en tout cas prometteur. Le film de Tạ Nguyên Hiệp, qu’il écrit et réalise, nous promets tout ce qu’il faut pour passer un bon moment sur le genre. Un meurtre brutal, une désignée coupable qui ne l’est pas et prend la fuite, son voisin, amoureux, qui va tout faire pour prouver son innocence, des sous-intrigues venant compliquer le tout avec le propriétaire de l’immeuble qui aime un peu trop l’argent, et donc prêt à tout pour tout tourner à son avantage. Les ingrédients classiques du genre. Et parfois, la sauce prend, plutôt bien. Et à d’autres moments, le film s’engouffre totalement dans des facilités d’écriture, dans des clichés que l’on connait un peu trop, dans des twists prévisibles depuis le temps, et dans un mix de tons qui ne fonctionne pas toujours. Encore une fois, le spectacle, dans sa globalité, n’est jamais vraiment désagréable, et The Instrument of Murder a pour lui sa courte durée, 1h30 et on n’en parle plus. Et en plus, comme souvent, ça commence bien. Avec une intrigue qui n’a pas de temps à perdre, et donc, après une très rapide présentation de nos deux protagonistes principaux, voilà que les ennuis arrivent quant au petit matin, après une altercation entre notre héroïne et un jeune homme malpoli du voisinage, ce dernier est retrouvé, mort. L’arme du crime ? Un objet forcément venant directement lier notre héroïne au meurtre.

Il n’en faut pas plus pour que tout le monde dans l’immeuble pointe du doigt Khanh, qui va devoir, avec sa jeune fille, prendre la fuite, aidée pour cela de l’un de ses voisins, le bienveillant Bê. En à peine 15 minutes, tous les enjeux sont placés, et le film peut pleinement commencer. Et au départ donc, tout fonctionne bien. Ce n’est pas trop mal filmé, l’écriture est minimaliste mais plutôt solide, les acteurs ne sont pas mauvais, on a envie d’y croire. Mais rapidement, le film plonge dans les clichés la tête la première, et surtout, fait preuve parfois de ruptures de ton en amenant un humour pas toujours bienvenu. Quand il bascule vers l’humour, oui, c’est raté. Alors qu’ironiquement, parfois, le film se laisse aller à quelques touches plus douces entre nos deux personnages principaux, et ça, ça fonctionne bien mieux. Bê, lui, il se met en tête de retrouver le vrai coupable. Tandis que Khanh, elle préfère se mettre au vert, loin des ennuis, avec sa fille, hébergée par une amie vivant dans un coin isolé. Et oui, à partir de là, le spectateur un brin attentif pourra deviner le déroulement du reste de l’intrigue. Avec ce personnage qui débarque et va aider Bê à mener son enquête, et qui semble trop excentrique pour pleinement convaincre, le propriétaire de l’immeuble qui cache quelques vérités car il aurait beaucoup trop à perdre, le tout sans oublier le fameux moment où l’amie trahira Khanh en faisant débarquer la police sur les lieux. Tous les éléments attendus sont présents, jusqu’au jeu de piste que notre voisin bienveillant va installer sur le mur d’une cave, avec photos des possibles suspects. Et si dans les grandes lignes, ce côté prévisible et attendu ne dérange jamais totalement, ça le devient plus quand le film se croit en possession du twist incroyable, sauf qu’il est à présent d’une banalité assez énorme, en plus d’avoir été déjà vu même dans le cinéma Vietnamien.

Surtout que certains éléments sont réellement un peu trop gros pour que le spectateur ne se doute pas de quelque chose. Et tout ça, c’est dommage. Ça n’en fait qu’un petit polar maladroit, avec des ruptures de tons malvenues (l’humour, ahlala), et avec un twist prévisible au possible. La dernière ligne droite du métrage pour le coup, malgré quelques idées visuelles pas forcément dégueulasses, et même finalement plutôt appréciables, a bien du mal à fonctionner du coup, et à du mal à nous intéresser, tant on a envie de se dire « ah, tout ça pour ça, encore une fois ? ». C’est triste. Notons malgré tout que Hoàng Thùy Linh, jouant notre jeune femme déclarée coupable un peu trop vite, s’en sort très bien, et que l’on peut dire la même chose de Hứa Vĩ Văn la plupart du temps. La mise en scène n’essaye pas d’en faire trop, et par moment, on trouve quelques belles petites trouvailles. Mais le souci principal, c’est bien le scénario. Et ça, toutes les autres qualités du métrage ne pourront pas les camoufler. En résulte un petit film policier très mineur, vite oubliable, parsemé de petits défauts gênants, malgré tout divertissant, mais bon, il y a tellement mieux à côté, mieux géré, plus sérieux, tout aussi court. Une pioche mineure de plus dans le cinéma Vietnamien, qui aurait pu, avec uniquement quelques petits ajustements, être bien plus.