Titre Original : Juror #2
2024 – Etats Unis
Genre : Drame
Durée : 1h54
Réalisation : Clint Eastwood
Musique : Mark Mancina
Scénario : Jonathan Abrams
Avec Nicholas Hoult, Zoey Deutch, Megan Mieduch, Toni Collette, Adrienne C. Moore, Drew Scheid, J.K. Simmons, Chris Messina, Cedric Yarbrough, Gabriel Basso, Fukuyama Chikako et Kiefer Sutherland
Synopsis : Alors qu’un homme se retrouve juré d’un procès pour meurtre, il découvre qu’il est à l’origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer.
Il l’a annoncé, Juré n° 2 sera bel et bien son dernier métrage. La fin d’une époque. Mais Clint Eastwood n’a plus rien à prouver à personne, et surtout, Clint Eastwood, il a l’âge de ma grand-mère, 94 ans. Si seulement elle avait encore la même énergie qu’Eastwood qui réalise toujours des films à cet âge… Que Juré n° 2 soit son dernier métrage, c’est une belle chose. Car son précédent, Cry Macho, si ce n’était pas mauvais, c’était totalement anecdotique, et même souvent bancal, et souffrant de la comparaison avec d’anciens films du réalisateur. Car voilà, on ne va pas tourner autour du pot, Juré n°2, c’est très bien, et c’est à ranger du côté des excellents Clint Eastwood, même si ça n’atteint pas la maestria d’un Impitoyable, Un Monde Parfait ou Mystic River. Alors, dans les faits, Juré n° 2, c’est presque ce que je considérerais, sur le papier, comme un pari risqué. Un film de procès. Alors oui, il y a eu d’excellents films de procès par le passé, mais il faut avouer que l’exercice est plutôt casse gueule, car ça annonce forcément un film bavard, terre-à-terre, et surtout un film assez statique (oui, une salle de tribunal, ce n’est pas le plus excitant du monde en plus). Et Juré n° 2 s’en sort haut la main grâce à pas mal de points. Le scénario signé Jonathan Abrams (son seul scénario à ce jour d’après imdb, chapeau donc, et producteur sur… le premier Escape Plan, étrange), déjà, mais aussi les choix de Eastwood pour sa mise en scène, et le casting qu’il a réunit devant sa caméra, qui donne vie aux personnages, et aux dilemmes du scénario. En gros, c’est bien rodé, à tous les niveaux, et chaque élément s’emboite avec celui d’à côté pour former un tout cohérent, bien pensé, et à l’écran, prenant et passionnant. Car le twist qui arrive très tôt dans le film, et en est même le moteur tout simplement, c’est que notre héros joué par Nicholas Hoult, Justin Kemp, est juré sur une affaire de meurtre, dont il sait le coupable potentiel innocent, puisqu’il est en réalité la cause de l’accident qui aura amené à tout ce merdier.
Les dilemmes moraux, on les voit du coup venir dès le départ. Comment gérer la situation ? Peut-on envoyer en prison à vie quelqu’un d’innocent, lorsque l’on est le seul à connaître la vérité, mais qu’admettre cette vérité viendrait à mettre un terme à notre vie, à briser notre famille alors qu’un bébé est presque là ? Et du coup, comment convaincre les 11 autres membres du jury de l’innocence du présumé coupable sans se griller, sans trop en révéler, juste en amenant le doute dans les bonnes directions. En soit, Juré n° 2, est, en effet, un film bavard, un film qui se déroule au tribunal et dans les salles de débat, majoritairement, et Clint Eastwood, fidèle à lui-même, filme le tout avec classe, mais aussi de manière classique, laissant les acteurs s’exprimer à l’écran et livrant donc finalement une bien belle étude de personnages, là où d’autres se seraient laisser aller à quelques fantaisies visuelles justement pour dynamiser un récit, qui, si maitrisé (comme c’est le cas au final ici), n’a absolument pas besoin de ce faux rythme artificiel. Le métrage passionne car il pose les bonnes questions, car il met en avant une variété de personnages qui sont humains avant tout, et chacun avec des réactions humaines, que ces réactions soient bonnes ou pas. Le fait que les jurés ont rarement envie d’être là, ont envie d’n finir et donc sont susceptibles de prendre rapidement le choix le plus facile pour passer à autre chose, alors que l’on parle bel et bien du destin d’un homme, pouvant être coupable comme innocent, c’est un bien bel exemple, qui arrive très tôt dans le récit. Et si tout cela fonctionne aussi bien sous la caméra experte d’Eastwood, c’est comme déjà précisé grâce à la précision d’écriture, mais aussi le casting.
Car il faut bien en parler, mais Eastwood a réuni devant sa caméra un casting divers, d’anciens comme nouveaux acteurs montants, et ça fonctionne parfaitement. Que ce soit Nicholas Hoult dans le rôle principal du juré numéro 2 donc, Toni Collette (Hereditary) toujours excellent en avocat face à Chris Messina, J.K. Simmons en ancien flic ou Kiefer Sutherland en avocat et ami de notre héros, le casting est varié et solide, même au niveau des personnages secondaires, mention particulière à Cedric Yarbrough en homme prêt à faire tomber l’accusé pour des raisons personnelles. Plus étonnant de voir la Japonaise Fukuyama Chikako dans un petit rôle, elle qui est plus connue pour l’émission de télé réalité Terrace House Aloha State. Et surtout donc, en tant que dernier film réalisé par Eastwood, il parvient déjà à clore sa carrière de réalisateur avec un dernier grand film, mais surtout, à nous laisser sur une forte impression avec ce plan final, silencieux, lourd pourtant, et cette coupe pile au bon moment pour marquer. Oui, si ce n’est pas son meilleur film, il prouve malgré tout à 94 ans qu’il en a encore sous le capot, et il nous laisse sur un dernier grand film, qui rappelle 12 Hommes en Colère, et c’est parfaitement voulu.
Les plus
Un excellent casting
Mise en scène posée
Des dilemmes moraux plus qu’intéressants
Prenant du début à la fin
Les moins
Trop sobre et classique pour certains ?
En bref : La vérité, la justice, la morale, tout ça passe sous la caméra d’Eastwood qui livre un dernier métrage passionnant du début à la fin avec Juré n° 2. On pourrait lui reprocher son côté académique, mais c’est finalement l’idéal pour laisser parler principalement le propos du film et les acteurs.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ An excellent cast ♥ Nicely filmed ♥ Interesting moral dilemma ♥ Nice suspense from start to finish |
⊗ Too « academic » for some? |
The Truth, justice, morality, everything is under Eastwood’s camera for a very interesting last film from start to finish with Juror #2. We could say it’s too academic in a way, but it’s the right choice to let the film’s subjects and the actors express themselves on screen. |
Chouette chronique camarade !
Sans doute la plus heureuse et inattendue des surprises de cette année. Ça fait tellement plaisir de voir qu’Eastwood est encore capable du meilleur après un « Cry Macho » un tantinet gâteux.
Casting au poil et scénario aux petits oignons comme tu l’as écrit, hommage à Lumet parfaitement dosé. J’ajoute cerise cynique sur le gâteau, la présence de la propre fille d’Eastwood dans le rôle de la victime.
Merci bien ! Voilà qu’on tombe d’accord sur un film récent. C’est clair que c’est une des très bonnes surprises de l’année, surtout que je ne suis pas fan des films en tribunal. Et finalement, pour son tout dernier projet, Eastwood m’aura surpris, passionné. En effet pour la présence de sa fille, que je connaissais déjà bien pour l’avoir vu dans le film MFA (il y a déjà facile 5 ou 6 ans), et elle avait un tout petit rôle de serveuse dans le tout dernier épisode de TWIN PEAKS THE RETURN d’ailleurs.