LORD OF ILLUSIONS de Clive Barker (1995)

LORD OF ILLUSIONS

Titre Original : Lord of Illusions
1995 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h49 (Director’s Cut 2h01)
Réalisation : Clive Barker
Musique : Simon Boswell
Scénario : Clive Barker

Avec Scott Bakula, Famke Janssen, Kevin J. O’Connor, Daniel von Bargen, Vincent Schiavelli, Barry Del Sherman, Shella Tousey, Joel Swetow, Joseph Latimore et Susan Traylor

Synopsis : Le détective privé Harry D’Amour doit enquêter sur un groupe fanatique qui attend la résurrection de leur chef Nix.

En 1995, Clive Barker n’avait, techniquement, plus rien à prouver en tant que romancier. Techniquement, il n’avait également plus grand-chose à prouver comme réalisateur. Cela ne faisait que quelques années qu’il avait commencé, et pourtant, en partant dans l’aventure Hellraiser sans aucune connaissance du média, il livre en 1987 un film culte. Son second long métrage, Cabal (Nightbreed) deviendra lui aussi culte avec les années. Seulement en coulisses, évidemment, le monde du cinéma est bien plus compliqué pour Barker. Si sur Hellraiser 2 en 1988, il officie comme scénariste et producteur exécutif et peut être fier du résultat du film de Tony Randell, les choses se gâtent en réalité dès Cabal en 1990. Le film est charcuté par le producteur, et il faudra attendre bien longtemps pour découvrir la vision de Barker via le Director’s Cut, bien supérieur à la version cinéma. Quant à Hellraiser, la saga atterrit entre les mains de Dimension Films, et Barker est petit à petit éloigné de la saga. En 1992 heureusement, il y aura l’adaptation Candyman de Bernard Rose qui vient remonter le niveau. Et en 1995 donc, Barker livre son troisième long métrage comme réalisateur. Malheureusement, son dernier également à ce jour. Un film qui eu également quelques complications, avec le studio MGM demandant d’importantes coupes pour améliorer le rythme, le rendre plus intense, mais Barker n’est pas totalement contre, puisqu’on lui promet dès le départ que sa version pourra sortir ensuite, ce qui sera d’ailleurs bien le cas, en Amérique en tout cas, dès la VHS, puis le laserdisc, et ainsi de suite. En France, il aura fallu attendre la sortie du Blu-Ray chez Le Chat qui Fume pour découvrir ce Director’s Cut, soit bien 25 ans après la sortie du film. Et à sa sortie, Lord of Illusions obtient des critiques mitigées. Découvrant à l’époque le film dans sa version cinéma dans Le Quartier Interdit sur Canal +, j’ai pour ma part toujours été un défenseur du film. J’ai immédiatement été séduit par l’atmosphère du film, son mix de genre, entre film noir et horreur, et bien entendu, séduit par son casting.

Scott Bakula (Code Quantum, The Informant, Color of Night) en détective privé, Kevin J. O’Connor (Un Cri dans l’Océan, La Momie) en illusionniste, Famke Janssen (Goldeneye, X-Men) en ex victime de Daniel von Bargen (Starship Troopers, The Faculty, Robocop 3) en chef de culte, c’est du bien beau casting. Barker, pour le coup, a eu du flair, dénichant même quelques acteurs avant qu’ils ne soient connus. Pour l’équipe technique, comme d’habitude, il a aussi su s’entourer. Musicalement, après Christopher Young pour Hellraiser et Danny Elfman pour Cabal, il s’octroie les services de Simon Boswell (Hardware, Petits Meurtres entre Amis, Dust Devil, Santa Sangre, Bloody Bird, bref, du tout bon). Lord of Illusions, œuvre parfaite mal aimée ? Parfaite, non, mal aimée, clairement. Car des choses à aimer, il y en a dans le métrage. Barker, encore une fois, romancier de base, a pourtant le flair pour livrer des images fortes et marquantes, et si l’on perçoit encore malgré tout quelques maladresses dans sa mise en scène, ou bien dans l’enchaînement de certains plans, il a une vision claire de ce qu’il veut et sait la transmettre à son équipe pour avoir le résultat qu’il souhaite. Ça se ressent, Lord of Illusions respire l’œuvre de Barker, dans ses thématiques, dans sa façon de faire, et ce jusqu’à ces scènes clés, et son amour bien entendu pour l’horreur bien graphique. Mais contrairement à Hellraiser qui était clairement un film d’horreur sans concessions, et à Cabal qui lorgnait plus vers le fantastique, ici, c’est à un mélange de genre auquel s’essaye le réalisateur, entre le film noir et l’horreur. Et malgré ses maladresses, et l’utilisation de quelques CGI (en 1995) qui sont clairement de qualité discutable (mais rares), c’est du tout bon sur toute la ligne. Dès l’ouverture, sur le splendide thème de Simon Boswell, avec cette scène se déroulant en 1982, qui verra Nix (Daniel von Bargen) périr, on est dans le bain. L’ambiance est glauque, on sentirait presque l’odeur de la pourriture sortir de notre écran, la photographie est splendide, les acteurs dans le bon ton, et Barker n’hésite toujours pas, quand il doit plonger dans l’horreur, à y aller à fond.

Par la suite, il mélange habilement et de manière finalement équilibrée les deux genres qui constituent le métrage, entre enquête et horreur, tension et horreur frontale, sensualité et dégoût. C’est en Director’s Cut que l’équilibre fonctionne le mieux entre les scènes d’ailleurs, puisque ce sont principalement des dialogues concernant le début de l’enquête ainsi que des scènes sur les membres du culte de Nix qui furent coupées. Dans son mix de genre, et surtout dans son utilisation des thèmes de la magie et des illusions, on pourrait même dire que le film se fait plus que malin et ose sortir des sentiers battus, en plus d’avoir des personnages qui finalement, dépassent largement ce que l’on pourrait attendre d’eux, que ce soit l’ironie de notre détective (bien avant que cela soit la mode au cinéma de sortir des blagues à tout bout de champs pour dédramatiser), le côté plus profond du personnage de Famke Janssen, ou tout simplement Nix, le grand méchant de l’intrigue, qui au détour de quelques dialogues, se montre finalement bien plus profond que ce que l’on pouvait attendre d’un simple méchant voulant détruire le monde (« I’m a man who wanted to be a god and changed his mind » qu’il nous dira). Et bien entendu, comment parler du film sans mentionner certaines de ces images les plus marquantes, comme le spectacle de magie de Swann (Kevin J. O’Connor), ou de trop nombreux moments lors de la dernière partie du récit. Au final, est-ce que ce ne serait pas les nombreuses petites imperfections du film qui le rendent aussi puissant, aussi intéressant, aussi passionnant. Et que cela rend vraiment triste que Barker ne soit pas retourné activement derrière la caméra depuis.

Les plus

Un casting parfait
Le mélange entre film noir et horreur
Les scènes marquantes
Beaucoup de sous-entendus appréciables
Les effets pratiques, souvent saisissants

Les moins

Quelques maladresses de mise en scène ou de montage
Les CGI

En bref : Pour son troisième long métrage avec Lord of Illusions, Barker affinait son art malgré toujours des maladresses, et livrait un mix séduisant entre divers genres pour une histoire passionnante et marquante.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A perfect cast
♥ The mix between film noir and horror
♥ Some scenes you won’t forget
♥ A lot of themes, raw and hidden, interesting
♥ Practical effects, really good
⊗ A few flaws, mainly in the editing
⊗ The CGI
For his third movie with Lord of Illusions, Barker became even better, despite again a few flaws, and delivered a great mix between several genres, for an interesting story.

3 réflexions sur « LORD OF ILLUSIONS de Clive Barker (1995) »

    1. Et tu l’as découvert l’année dernière toi si ma mémoire ne me joue pas des tours, donc tu n’as même pas de nostalgie qui joue 😉 L’oeuvre de Barker reste passionnante, autant en romans qu’au cinéma au final, surtout que même lorsqu’il n’adapte pas lui-même, il y a quelques morceaux de choix (CANDYMAN, MIDNIGHT MEAT TRAIN, DREAD).

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