Titre Original : 한국이 싫어서
2023 – Corée du Sud
Genre : Drame
Durée : 1h46
Réalisation : Jang Kun-jae
Musique : Kwun Hyun-jeong
Scénario : Jang Kun-jae
Avec Go Ah-sung, Joo Jong-hyuk, Kim Woo-gyeom, Oh Min-ae, Bang Jae-min, Kim Ji-young et Morgan Oey
Synopsis : Gye-na, Coréenne la vingtaine bien passée, décide un jour de quitter son travail, sa famille et son petit ami pour quitter la Corée et partir à la recherche de son propre bonheur en allant en Nouvelle Zélande.
Présenté en festival fin 2023 avant une sortie bien plus tardive en Corée durant l’été 2024, Because I Hate Korea est un film qui interpelle dès que notre regard croire son titre. Car faire un film avec un tel titre en 2023, c’est un pari osé. Déjà car la Corée, un peu comme le Japon, c’est un pays très conservateur, un pays où l’on travaille un max, où l’on doit aimer son pays. Et puis tout simplement car avec un tel titre, le film se met également d’office à dos les nombreux « fans » de la culture Coréenne, qui, comme ceux de la culture Japonaise (comme ça pas de jaloux), se disent amoureux d’une culturelle en refusant catégoriquement toute critique, et surtout, en ayant finalement un regard extrêmement réducteur sur la dite culture, en prenant ce qui les intéresse et va dans leur sens, et en ignorant le reste comme si ça n’existe pas, , soit par ignorance, sans car ça ne va justement pas dans leur sens. Bref, on ne va pas réécrire le monde, ni refaire les gens, mais rien que de choisir ce titre à notre époque, c’est un pari osé qui attire l’attention. En tout cas, moi, ça a attiré mon attention, et la présence de Go Ah-sung dans le rôle principal aussi, elle que l’on a connu si jeune dans The Host, puis revu toujours chez Bong Joon-ho dans Snowpiercer. Et au final, le métrage, il était fort sympathique, même si bien éloigné des attentes initiales qu’un titre pareil laissait présager. Si vous attendiez donc un film à charge contre la société Coréenne, une étude filmique sur les différents soucis que les jeunes peuvent avoir là-bas, leur quotidien, le stress de la vie, du travail, et bien, non, quasiment rien de tout ça, le film préférant effleurer ces quelques sujets via son personnage principal, Gye-na, qui ne se sent tout simplement pas à sa place, et qui un beau jour, décide que trop, c’est trop, et qu’au lieu de décider son pays décider pour elle, elle fera ses propres choix, quitte à faire des erreurs, mais des erreurs qui n’appartiendront qu’à elle.
Un choix pas inintéressant, puisque donnant un côté plus humain au métrage, plutôt que d’en faire un film plus froid sur la société. Gye-na donc, c’est un personnage attachant, jeune femme approchant sans doute de la trentaine, qui a un travail fixe où elle ne se sent pas épanouie, où on la trimbale dans un service non pas car elle le souhaite mais car la société en a besoin, qui a le même petit ami depuis 7 ans, et qui en a marre, et donc, se met en tête que partir en Nouvelle Zélande, une culture donc totalement différente, ce sera la solution à ses problèmes. Et très rapidement, avec son montage non-linéaire qui passe donc de la Nouvelle Zélande à la Corée du Sud rapidement, on comprend que le métrage prend bien plus des allures de scénettes pour nous montrer des éléments particuliers de la vie de son personnage plutôt que d’une intrigue parfaitement ficelée. Ça permet au métrage de jouer sur des effets de miroir entre la Corée et la Nouvelle Zélande, entre le passé et ce que l’on pourrait supposer être le présent, mais on y perd du coup en émotion, en réel parcours de son héroïne. Ça ne retire rien à ce que le film veut nous raconter, mais c’est un poil dommage de voir le métrage partir dans cette direction, alors qu’il y avait justement tant à dire. Pour autant, oui, le métrage n’est pas mauvais pour autant, bénéficiant à la fois d’un certain soin visuel, musical, et du talent de son actrice principale, qui nous apparaît comme sympathique dès son départ à l’aéroport en ouverture. Et surtout, en fonction de votre vie personnelle, les thématiques et le parcours, bien que morcelé par la structure même du film, de son personnage, pourront vous parler un peu plus qu’à d’autres. Ce qui fut mon cas, bien évidemment, ayant quitté la France pour aller où l’herbe me paraissait plus verte, au Japon. Et comme pour Gye-na, j’y ai vécu des expériences inoubliables, beaucoup appris sur les autres et sur moi-même, en plus de faire toute une série de rencontres. Et si finalement, c’était ça, le plus important ? Se forger son propre avenir, ses propres connaissances, aller où bon nous sembles pour ne pas garder de regrets dans notre cœur ?
Vu comme ça, Because I Hate Korea touche au but, et est un récit on ne peut plus juste et réaliste, dont la préoccupation principale n’est pas d’avertir sur les dérives de certaines sociétés ou leur façon de faire, mais bien de parler du bonheur à une échelle beaucoup plus petite, à celle d’une seule personne. Si tout cela n’a rien de nouveau, ça fonctionne en tout cas à l’écran le plus souvent, et parfois, on sourira devant certaines rencontres, certaines aventures, tant tout cela semble totalement plausible, même lorsque c’est un peu fou (l’épisode de la collègue de travail qui décide de sauter en parachute depuis le toit d’un immeuble, les collègues un poil racistes qui critiquent pour un oui ou pour un non juste histoire de faire chier). Et arrivé à terme, le métrage, c’est ça. Des petits moments de vie, parfois réalistes, parfois un peu plus fou, mais plausibles, qui au final, montrent l’évolution d’un personnage qui se cherche, qui fait des erreurs, et finalement, va savoir ce qu’elle cherche véritablement. Et le tout étant, en prime, bien filmé, et possédant quelques scènes qui fonctionnent vraiment bien, en ressort donc un drame qui, en soit, n’a rien d’exceptionnel, dans son propos ou sa façon de faire, mais qui fonctionne dans l’instant. Cette tranche de vie ne fonctionnera pas sur tout le monde, c’est certain. Pour moi, ça a fonctionné.
Les plus
Go Ah-sung
Une tranche de vie attachante
Un personnage qui cherche juste son propre bonheur
Pas mal de thèmes, il y en a pour tous
Les moins
Mais il y avait tant d’autres choses à dire
Un manque d’émotion
En bref : Avec son titre un brin provocateur, Because I Hate Korea en réalité ne tire pas sur son pays, mais dresse le portrait de son héroïne qui préfère partir ailleurs chercher son propre bonheur.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Go Ah-sung ♥ A nice slice of life ♥ A character looking for her own happiness ♥ Many themes |
⊗ But there was so much more to say ⊗ A lack of emotion |
Despite the provocative title, Because I Hate Korea is not what you might think, it’s more the journey of a woman looking for her happiness somewhere else. |