ALLIGATOR de Lewis Teague (1980)

ALLIGATOR

Titre Original : Alligator
1980 – Etats Unis
Genre : Suspense
Durée : 1h31
Réalisation : Lewis Teague
Musique : Craig Huxley
Scénario : John Sayles

Avec Robert Forster, Robin Riker, Michael V. Gazzo, Dean Jagger, Sydney Lassick, Jack Carter, Perry Lang, Henry Silva et Bart Braverman

Synopsis : Dans les années 1960, une petite fille en vacances en Floride recueille un bébé alligator. De retour à Chicago, son père — phobique des animaux — le jette dans les égouts. L’animal se retrouve alors dans le réseau séparatif. Douze ans plus tard, en 1980, l’alligator a bien grandi notamment en mangeant des cadavres d’animaux ayant servi à des tests scientifiques. Il est alors attiré par le monde extérieur qu’il va trouver plus à son goût.

Nous sommes en 1980. Le succès monstre des Dents de la Mer, c’était il y a 5 années, mais ça ne veut pas dire que le genre ne va pas continuer à déferler sur les écrans. Le survival animalier a encore de beaux jours devant lui, même si pour certains producteurs (Roger Corman pour le citer) voient en la sortie un an auparavant d’Alien un nouveau filon, celle des films d’horreur dans l’espace. John Sayles, lui, est un scénariste Américain, qui deviendra réalisateur par la suite, et dont le premier scénario fut justement pour Roger Corman en 1978, ce qui donna entre les mains d’un tout jeune Joe Dante un certain Piranhas. L’année suivante, il écrit Du Rouge pour un Truand qui sera réalisé par Lewis Teague, futur réalisateur de Cujo, l’adaptation du roman de Stephen King. Ça en fait des animaux méchants et tueurs d’hommes tout ça. Mais avant que le scénariste ne retrouve en 1981 Joe Dante pour signer Hurlements, il écrit un autre scénario sur un animal tueur avec Alligator, renommé à l’époque L’Incroyable Alligator. Un projet qui est d’ailleurs au départ proposé à Joe Dante, qui refuse, puisqu’il sort donc déjà d’un projet similaire avec Piranhas, surtout que les deux étant écrits par la même personne, on y retrouve des éléments en commun, pour un script parfois violent, mais sachant manier l’ironie. C’est donc finalement entre les mains de Lewis Teague que le projet atterrit, un an après leur précédente collaboration, et quelques années avant son Cujo. Et si Alligator n’a pas le même côté fun qu’un Piranhas (ça manque de Dante derrière la caméra sans doute), ni le côté tendu d’un Cujo pour rester dans la filmographie du réalisateur, il demeure néanmoins un petit survival animalier tout à fait correct, parfois impressionnant, et qui peut en plus compter sur un casting convaincant au premier plan, avec Robert Forster (qui aura droit à une blague sur ses cheveux, comme des années plus tard dans Jackie Brown) et Robin Riker (trop rare car se tournant très tôt vers la télévision).

Bref, dans les grandes lignes, l’histoire d’Alligator, on la connait, tant elle représente aujourd’hui un peu le cliché ultime du film de genre, en mélangeant la légende urbaine des petits alligators qui sont jetés dans les toilettes et erreraient dans les égouts de certaines villes Américaines, et la classique société qui fait des expériences pas très sympathiques sur des animaux et se débarrasse des carcasses dans les égouts, qui serviront de repas à l’alligator qui va donc grandir pour atteindre une taille peu conventionnelle, et décider que l’humain est une nourriture contenant bien plus de vitamines. Au niveau des personnages aussi, on peut dire qu’Alligator contient tous les archétypes attendus par le genre, avec les méchants riches à la tête de sociétés qui n’ont que faire des lois (et seront donc bouffés par l’alligator), le flic que personne ne semble croire et qui se traine un trauma, la spécialiste des alligators qui va l’épauler dans sa traque, sans oublier le classique pro de la chasse qui apparaît au milieu du récit et fera les frais de sa bien trop grande confiance en ses capacités. Mais si en 1980 et en seulement cinq petites années, Les Dents de la Mer avait déjà eu de très nombreuses copies avec requins, crocodiles, alligators (Le Grand Alligator de Sergio Martino en 1979 par exemple) et autres créatures parfois mutantes, Alligator de Lewis Teague parvient presque à empiler tout ce que le genre a à proposer en seulement 90 minutes, et en étant digeste et même plus que sérieux dans sa proposition. Pourtant, faire un film avec un alligator géant dans une grande ville Américaine, et le tout avec un budget de seulement un million de dollar, et avec un alligator qui, comme pour le requin des Dents de la Mer, avait du mal parfois à fonctionner, ce n’était pas une tâche aisée. Mais entre son scénario bien rodé, le sérieux de sa mise en scène, son casting et même son alligator, parfois suggéré, parfois réellement impressionnant à l’écran comme lors de certaines attaques, notamment à un mariage, Alligator se place comme un bon représentant du genre, et sans doute l’un des meilleurs de l’époque, sans non plus être un grand film.

Sans doute car Lewis Teague ne voulait pas livrer un grand film, mais juste un divertissement efficace, ce que son métrage est. Ca respire le B movie, mais le B movie fait avec passion et envie, au système D qui parvient à tirer parti de ses contraintes pour en faire des forces, et ainsi rendre ses attaques animales parfois impressionnantes en variant les techniques (maquettes, animatroniques et j’en passe).D’ailleurs, pour l’anecdote, si l’on connait aujourd’hui tous Bryan Cranston, et que certains « chanceux » ont pu le découvrir avant sa célébrité justement chez Roger Corman dans sa production Dead Space en 1991 (tout est lié), il travaillait déjà ici, en 1980, dans le milieu du cinéma, derrière la caméra, puisqu’il était assistant des effets spéciaux, notamment pour la scène finale. En fait, ce qui fait d’Alligator une très honnête série B mais un film qui ne marquera sans doute pas les esprits, c’est simplement en fait qu’Alligator ne contient pas de réelles scènes à suspense, contrairement aux plus grands du genre. Sa structure est celle d’un film à suspense, avec des attaques qui montent crescendo, un alligator au départ peu montré, dans un environnement exigu (les égouts) avant qu’il ne sorte dans la rue et ne bouffe plus de monde, mais le métrage, aussi généreux soit-il, et parfois impressionnant dans ses effets, possède néanmoins un alligator parfois trop statique (la joie des effets qui ne fonctionnent pas toujours) pour rendre son carnage réellement menaçant. Et c’est dommage. Reste donc une petite série B tout à fait honnête, sérieuse, plaisante, et bien loin de sa suite faite 10 ans plus tard par Jon Hess. Ici, c’est bien rodé pour faire passer la pilule facilement. Et pendant longtemps, Alligator restera l’un des meilleurs représentants des alligators et autres crocodiles au cinéma.

Les plus

Un alligator parfois impressionnant
Un carnage final qui fait plaisir
Un casting qui fait le job
Efficace et divertissant

Les moins

Manque de vrai suspense
Un alligator parfois trop statique

En bref : Malgré des défauts, Alligator reste un bon représentant de ce sous-genre qu’est le film animalier. Sérieux dans son approche, bien rodé, court, un bon petit moment.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Sometimes the alligator is impressive
♥ The final carnage is amazing
♥ The cast does the job
♥ Entertaining
⊗ No real suspense in fact
⊗ The alligator is often too static
Despite its flaws, Alligator is a good film among the genre. Serious technically, well made, short, a good little time.

2 réflexions sur « ALLIGATOR de Lewis Teague (1980) »

  1. Complètement d’accord, le film est très sympa, bon casting, on ne s’ennuie pas, une bonne petite surprise pour moi – découvert récemment un peu par hasard.

    1. Ah mais oui vrai que tu m’en avais parlé il y a quoi, un an ou un truc du genre !
      Pour moi ce fut la redécouverte, j’ai toujours d’ailleurs mon dvd (avec le 2…) en VF only, du coup je considère cette vision comme une vraie découverte, enfin en VO. Le genre de séries B oubliées alors que les pauvres croco/alligators n’ont en vrai pas beaucoup de bons films à leur actif.

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