SHOCKING DARK (Terminator 2) de Bruno Mattei (1989)

SHOCKING DARK

Titre Original : Terminator 2
1989 – Italie
Genre : Aliens le retour
Durée : 1h30
Réalisation : Bruno Mattei
Musique :
Scénario : Rossela Drudi et Claudio Fragasso

Avec Christopher Ahrens, Haven Tyler, Geretta Marie Giancarlo, Fausto Lombardi, Mark Steinborn, Dominica Coulson, Clive Riche et Massimo Vanni

Synopsis : Dans un futur pollué, des chercheurs de Venise travaillent à améliorer la situation. Un jour, des forces inconnues commencent à les tuer. Une équipe de soldats et quelques civils sont envoyés pour enquêter.

1989, le cinéma Italien va très mal. Si l’on est souvent tous d’accord pour dire qu’à cette époque, le cinéma d’Argento avait prit un coup, que Fulci livrait des derniers métrages parmi ses pires, que toutes les anciennes gloires comme Lenzi, Martino ou Margheriti livraient des films moyens, et même parfois mauvais, il ne faut pas oublier d’où ils venaient, et ce qu’ils avaient réussis à faire avant. Mais oui, les budgets devenaient risibles, les temps de tournage étroits, et la télévision Italienne devenait plus importante que le cinéma, qui n’arrivait plus à suivre face au grand concurrent qu’était l’Amérique. Mais ce triste constat, ce discours sur la gloire passée, vous pouvez l’oublier dès que l’on parle de Bruno Mattei, qui avec plus de 50 longs métrages à son actif, a réussi l’exploit de ne jamais signer un seul bon film. Quelques nanars rigolos, au mieux. Oui, c’est un exploit en soit, surtout que lorsqu’il débuta, le cinéma Italien se portait encore bien, au milieu des années 70. Et dans la seconde moitié des années 80, il faisait quoi Mattei ? Il enchainait les tournages sans argent aux Philippines, ce qui donna des Strike Commando, des Robowar, des Zombi 3. Mais de temps en temps, il aimait revenir en Europe, et c’est là qu’il tourna ce splendide film, qui n’eu droit à une sortie aux Etats Unis qu’en 2018. 30 ans après son tournage donc. Pourquoi ? Facile, quand son titre initial était Terminator 2, alors que James Cameron commençait à préparer son Terminator 2 qui allait révolutionner les effets spéciaux (et au passage, presque le concept de suite), ça coince. L’ironie, c’est que Shocking Dark n’a pas grand-chose à voir avec Terminator, si ce n’est dans sa toute dernière partie. En réalité, Mattei, il aurait pu appeler son film Alien 3… ou Aliens 2.1, le retour de la revanche.

Car son scénario, c’est simple, vous changez LV4/26 par Venise, les Aliens par des trucs moches, vous changez les noms des personnages mais gardez les mêmes stéréotypes et caractéristiques, et vous avez exactement le même film qu’Aliens le retour. Le talent en moins, évidemment. Car le talent, c’est sans doute la seule chose qu’il manque à Shocking Dark. Enfin, ça, et du rythme, aussi. Et accessoirement, de bons effets spéciaux, une mise en scène, de vrais acteurs, des décors. Et tiens, des costumes aussi pendant qu’on y est. Donc, l’histoire. Le futur, Venise est polluée, mais des scientifiques sont sous la ville pour étudier des trucs. Lorsque tout contact est perdu, des militaires sont envoyés sur place. Ils y trouveront des monstres, et une petite fille, Newt version wish. Heureusement que dans l’équipe, il y a Ripley version wish, nommée Sarah (Connor ?), et aussi un Bishop qui doit jouer l’androïde froid et sans émotions. On pourrait presque dire que ça marche… si seulement autour de lui, les autres savaient jouer, car là on a uniquement des androïdes. C’est simple, quand un personnage parle, il se fige pour réciter ses lignes de dialogues sans montrer la moindre émotion. La base d’un comédien qui n’en est pas un et qui ne sait pas trop comment réagir devant une caméra. Le souci, c’est autour du comédien qui parle. Comme si Bruno Mattei avait juste prévenu le comédien qu’il serait filmé, mais n’avait donné strictement aucune indication aux autres. Ce qui donne des scènes statiques totalement hallucinantes et sans vie. Au moins, ils m’auront fait rire. Enfin, je critique je critique, mais les acteurs sont loin d’être le pire. Alors pour le sous-sol de Venise dans le futur, on a…. en gros, Mattei a tourné son film dans une usine. Des longs couloirs pleins de tuyaux, des grandes pièces industrielles, et absolument aucun travail de design pour tenter de rendre le tout crédible. La seule touche artistique dans les décors, ce sera la machine à brume, qui a dû être vite rentabilisé vu que Mattei en met partout, et la gélatine rouge pour bien montrer que le danger arrive. Car quand il n’y a pas de danger, là c’est éclairé le plus naturellement du monde, sans aucun relief, aucune recherche. Un spot de lumière et basta, ça fera l’affaire.

Le scénario, donc, c’est Aliens, le film reprenant la trame, les personnages, et même certains dialogues pour la relation entre la gamine et Sarah. La direction artistique est absente, les acteurs n’en sont pas. Tout ça, ça aurait pu être drôle, si Mattei ne faisait pas absolument n’importe quoi avec sa caméra. Quand c’est calme, simple, on a là un film de couloir. Ça marche, longtemps, et c’est chiant, pour pas grand-chose. Surtout qu’il ne devait pas avoir des masses de couloirs, donc on va bouffer du même sous tous les angles. Quand le film est censé se bouger, ce n’est pas mieux. Entre des acteurs qui tout à coup se mettent à gueuler dans tous les sens et un montage qui défie les lois de la logique, nous ne sommes pas aidés. On flingue 110 fois le même alien en costume, on défie les lois du hors champ (ce qui est hors champ n’existe pas pour nous, mais pas pour les personnages non plus, même quand c’est juste devant eux). Shocking Dark, c’est donc chiant la moitié du temps (que de couloirs vides), et très amusant quand il se bouge, ou qu’il essaye de copier au mot près Aliens de Cameron. Du coup, on a là un peu la vision d’un autre univers, où Aliens aurait été réalisé sans talent et sans argent, et il faut avouer que ça en devient hilarant quand le film copie au plan près des scènes, comme quand la gamine doit tomber dans un conduit, séparée de Ripley/Sarah. Sauf qu’ici, on a une gamine qui glisse sur un tobogan en jouant mal. Dans son ratage intégral, Shocking Dark est fascinant. Ah oui, et pour Terminator 2 donc ? Et bien 10 minutes avant la fin, Mattei décide de ne pas refaire la fin d’Aliens le retour, et joue avec son androïde tueur et un voyage dans le temps dans le Venise d’aujourd’hui. Et non, ça ne relève pas le niveau général.

Les plus

Le hors champ qui défie les lois élémentaires
Aliens le retour, tout pareil, sans l’argent, sans le talent
Oui, parfois, on rigole…

Les moins

Techniquement il n’y a rien qui va
Des effets trop spéciaux
Un scénario qui n’est qu’Aliens à Venise
Des acteurs qui semblent perdus, constamment
Une direction artistique absente
Même pas gore, même pas de nichons

En bref : Shocking Dark, c’est Aliens le retour, qui aurait laissé au placard son budget, son talent, ses acteurs, les effets de Stan Winston, son rythme… tout en fait. Reste le spectacle halluciné de la copie conforme, mais risible.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The elementary laws of filmmaking are broken
♥ Aliens, the same, without money, without talent
♥ Yes, you can laugh at times
⊗ Technically, nothing is right
⊗ The effects are really too special
⊗ Just Aliens in Venise
⊗ Actors seem lost, all the time
⊗ No artistic direction
⊗ Never gory, no boobs on screen
Shocking Dark, it’s Aliens, but without the budget, the talent, the actors, Stan Winston’s effects, the pacing… everything in fact. It’s often crazy to see.

2 réflexions sur « SHOCKING DARK (Terminator 2) de Bruno Mattei (1989) »

  1. J’ai bien ri ennte lisant. Du pur Mattei donc, l’art de savoir faire le pire. Y croyait-il lui-même à ces films ? Je ne suis pas sûr, ce n’était sans doute pas un illuminé à la Ed Woody, mais un pur opportuniste. Mais n’aurait-il pas malgré tout anticipé les Asylum et autres nanardises (on vient de m’en conseiller un bien gratiné sur Prime, « Gods in the deep ») ?

    1. Evidemment, je n’ai pas tout vu de Mattei, mais de ce que j’ai vu, c’est du même niveau, et autant si c’était rythmé, je pourrais sauver en tant que nanar, mais entre deux idées amusantes, c’est souvent extrêmement longuet, et peu aidé par une mise en scène plate et un montage qui ne dynamisent rien. Un opportuniste, il l’était, assurément. Après tout, reprendre PREDATOR pour faire ROBOWAR, refaire ALIENS là avec un film qui au départ s’appelait TERMINATOR 2, bon, voilà, tout est dit. Il fut un temps, il devait signer un ALIEN 3, suite du ALIEN 2 Italien de 1978…. Heureusement le projet n’a jamais vu le jour.
      GODS IN THE DEEP, j’en ai entendu parler, mais pas tenté. Il paraît que c’est assez épicé dans son genre.

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