CRUEL JAWS (Fauci Crudeli) de Bruno Mattei (1995)

CRUEL JAWS

Titre Original : Fauci Crudeli
1995 – Italie
Genre : Stock shot
Durée : 1h35
Réalisation : Bruno Mattei
Musique : Michael Morahan
Scénario : Robert Feen et Bruno Mattei

Avec Richard Dew, David Luther, George Barnes Jr., Scott Silveria, Kirsten Urso, Sky Palma, Norma J. Nesheim, Gregg Hood, Carter Collins, Natasha Etzer, Larry Zience et Jay Colligan

Synopsis : Dans la station balnéaire de Hampton Bay, Samuel Lewis veut expulser Dag Soerensen qui dirige un parc aquatique, pour exploiter son terrain et construire un complexe hôtelier. Pendant ce temps, la ville est sens dessus dessous à la suite d’une série de morts tragiques : trois corps de baigneurs ont été retrouvés horriblement mutilés sur le bord de la plage. Pour la police, cela ne fait aucun doute, c’est l’œuvre d’un requin-tigre, le mangeur d’hommes.

Tant de questions en suspens après vision du métrage de Bruno Mattei ! Comme par exemple, y-a-t-il un film de Bruno Mattei derrière tous ces stock shots ? Les acteurs ont-ils étés trompés par le réalisateur qui les avait rassurés en leur faisant croire que les plans avec les requins seraient tournés à part par une seconde équipe ? Bruno Mattei croyait-il vraiment que son film pourrait sortir sans souci aux Etats Unis alors que son histoire plagie Jaws, certains points plagient Jaws 3, que son film utilise des plans de certains épisodes de Jaws ainsi que de La Mort au Large (soit que des films dont il n’a pas les droits), et que sa bande son utilise un bon gros mix utilisant plusieurs morceaux célèbres de John Williams, dont le thème de Superman et Star Wars (dont il n’a pas les droits non plus) ? Est-ce qu’il y a derrière cet opportunisme, et cet opportuniste qu’était Bruno Mattei ne serait-ce qu’une once de mec passionné par le monde du cinéma ? Combien de tequila le monteur a dû boire pour ne pas se suicider en devant raccorder des stock shots avec de nouveaux plans tournés 15 ans plus tard, ne présentant pas les mêmes décors, pas les mêmes costumes, pas la même époque, pas le même grain de pellicule, avec dans les nouveaux plans des acteurs qui ne savent pas du tout ce qu’ils doivent faire ? Pourquoi les exécutifs de la Universal n’ont pas demandé la destruction pure et simple de toutes les copies du film ? Pourquoi cette VF qui semble si vulgaire et parfois hors de propos est-elle finalement si fidèle à la VO anglaise ? Pourquoi le film est-il signé sous le pseudo de William Snyder et non pas le pseudo habituel de Bruno, à savoir Vincent Dawn ? La rumeur disant qu’un requin mécanique aurait été créé pour le film mais cassé durant les essais est-elle vraie ? Pourquoi avec un budget de 300 000 dollars, Bruno n’a fait que filmer des acteurs qui parlent dans des décors moches ? Pourquoi alors que le cinéma Italien était mort et que les réalisateurs plus talentueux se retrouvent à faire des téléfilms, Bruno lui il arrive encore à tourner des films, et en Amérique en plus alors qu’il ne parle pas Anglais ?

Oui, tant de questions, qui ne trouveront sans doute jamais de réponses, et ce n’est pas plus mal. La seule chose que l’on peut dire avec certitude, et espérer pour le film, c’est qu’il tombe dans l’oubli, comme si Cruel Jaws, au départ appelé Jaws 5, n’existait pas ! Alors qu’ironiquement, en recopiant l’histoire du premier Les Dents de la Mer, et en reprenant des plans et scènes entières venant d’autres films (dès qu’il y a un requin à l’image, ou de la foule), Mattei parvient ce qui n’est absolument pas un exploit, mais il parvient à faire plus rigolo que Les Dents de la Mer 3 et 4. Oui, c’est-dire à quel point le genre du film de requins est tombé bas, si bas qu’en 1995, le genre était en réalité tout aussi mort que le cinéma Italien. Alors, on ne va pas parler de l’histoire, puisque l’histoire, en gros, c’est un mix des différents opus des Dents de la Mer. Une station balnéaire, un requin, un shérif qui veut faire fermer les plages, un Maire qui ne veut pas, rajoutez à tout ça à côté un parc aquatique (du pauvre), un sosie de Hulk Hogan, et une course de planche à voile qui s’annonce épique (non !). Tout ce que le film propose, scénaristiquement parlant, on l’a déjà vu dans la fameuse saga initiée par Steven Spielberg. Et autant le dire, entre Spielberg qui devait gérer un requin mécanique qui ne fonctionnait pas et Bruno Mattei qui n’en avait pas, il y a un fossé en termes de mise en scène, de tension, d’écriture, de tout. Bon, et il y a pleins de jeunes, qui parlent, beaucoup, d’amour, tout ça, et de couper des couilles pour les faire manger. Subtil ! Scénario, mise en scène, du zéro pointé tout ça. Et le requin donc ? Ben, rien à ajouter, vu que ça provient toujours d’autres films ou de documentaires animaliers. Donc, La Mort au Large et son requin accroché à une bouée, Les Dents de la Mer (notamment son explosion, provenant du troisième opus, la 3D en moins)… Un bien glorieux programme qui a des allures de best of, malhonnête.

Et ce que Mattei a filmé lui-même ? Pas de requin à l’horizon donc, juste une copie des Dents de la Mer, lorgnant plus vers la qualité d’un Asylum, que ce soit pour le jeu des acteurs ou pour la qualité de la mise en scène, Mattei ne sachant décidemment vraiment rien filmer. Il nous offre tout de même la course de planches à voiles la moins crédible de l’histoire du cinéma, puisque dans les gros plans, on comprend bien vite que les acteurs ne bougent pas, ils font du sur-place, et donc lorsqu’un personnage doit tomber à l’eau et la caméra filmer tout ça d’un peu plus loin, on rigole devant ses planches à voiles totalement immobiles, cette mer sans une seule vague et ses acteurs qui tentent de jouer. Et puis il y a les dialogues, parfois improvisés par les acteurs (forcément, quand le script n’est même pas terminé alors qu’il copie Jaws, et que le réalisateur ne comprend pas la langue des acteurs qu’il filme, c’est la fête à la saucisse). Il faut voir le pitch de Hulk Hogan pour présenter le requin pour y croire. Et puis tout le monde continue de parler de requin tigre, que nous ne verrons jamais à l’écran, puisque forcément, en reprenant les plans d’autres films, nous avons donc un requin blanc. Et puis, et puis oui, il faut en parler de ces moments jamais raccords. Certes, tenter de raccorder des plans venant de films plus vieux de 15 ans, ce n’est pas simple (peut-être fallait-il ne pas le faire non ?), mais un minimum de cohérence aurait été bien. Voir un personnage tirer au fusil à pompe à gauche, puis à droite, le tout entrecoupé de stock shots de la Mort au Large et donc d’un requin qui reste lui au même endroit, ça en dit long sur la non-direction d’acteurs. Ce tournage devait être triste ! Dans le fond, Cruel Jaws, c’est le vide, abyssal, sans fond, sans budget, sans talent, sans requin. Un film dont la conception même est un mystère. Pourquoi un film de requin en 1995 ? Pourquoi un film de requin Italien en 1995, qui n’est pas un téléfilm, et qu’on le doit à Bruno Mattei ? Toujours est-il que oui, Cruel Jaws, c’est malhonnête, et du coup, sans doute le pire de Mattei, vu que l’action du film ne vient pas de lui, ni les musiques d’ailleurs, et que donc, tout ce que l’on doit à Mattei, ce sont des acteurs qui parlent filmés platement, et jouant mal. Que c’est triste.

Les plus

Les moins

Un fim malhonnête
Aucun plan de requin n’a été tourné
Des acteurs qui… ils sont à l’écran
Une pâle imitation des Dents de la Mer
La musique, mon dieu, Bruno !

En bref : Film tardif pour Mattei, alors que le cinéma Italien n’existe quasiment plus, l’existence de Cruel Jaws est un mystère total, qui aurait sans doute dû rester dans un carton. Un film de requin où toutes les scènes de requins viennent d’autres films.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ … ⊗ A dishonest film
⊗ No shark shot was ever filmed
⊗ Actors are… well, they are on screen
⊗ Just a ripoff from Jaws
⊗ The soundtrack, damn, Bruno!
Late film for Mattei, when Italian cinema was already dead… Cruel Jaws is a mystery, and it should have remained in a warehouse, hidden in a box. A shark’s film where all sharks’ shots come from other films.

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