BEYOND HYPOTHERMIA (攝氏32度) de Patrick Leung (1996)

BEYOND HYPOTHERMIA

Titre Original : 攝氏32度
1996 – Hong Kong
Genre : Policier
Durée : 1h25
Réalisation : Patrick Leung
Musique : Ben Cheung
Scénario : Roy Szeto

Avec Lau Ching-Wan, Jacklyn Wu, Han Jae-Suk, Shirley Wong, Deon Cheung, Cheung Kam-Bon et Hau Ang

Synopsis : Wu Chin-lin est une tueuse professionnelle très efficace et dont le corps ne dépasse pas la température de 32°C, un « sang-froid » appréciable dans son métier. Mais au détour d’un contrat elle rencontre Bill Long Shek, un simple restaurateur, dont elle va tomber amoureuse et qui va la sortir peu à peu de son univers. Mais les choses ne sont pas aussi simple…

En 1996, Patrick Leung livrait son premier long métrage. En réalité, il livrait deux films cette année-là, mais celui qui nous intéresse, c’est Beyond Hypothermia donc. Un film que l’on attend forcément au tournant quand on sait d’où vient Patrick Leung. Car quand le monsieur nous livre un premier film sous forme de polar, le tout produit par Johnnie To, et que dans son CV, on a été assistant réalisateur de John Woo sur les deux premiers Syndicat du Crime, mais aussi réalisateur de seconde équipe (donc, responsable majoritairement de l’action) sur Les Associés et A Toute Epreuve, en plus d’avoir coécrit Une Balle dans la Tête, forcément, ça place des attentes un peu folles. On est en droit d’attendre quelque chose qui a de la gueule, surtout qu’en 1996, John Woo a quitté Hong Kong pour les Etats Unis, une place est à prendre, en quelque sorte. Bon, Patrick Leung ne prendra pas cette place, comme le prouvera la suite de sa carrière, mais par contre, son Beyond Hypothermia reste un très sympathique polar, esthétisé, violent, allant à l’essentiel et cela se remarque déjà par sa courte durée et son scénario mince comme une feuille de papier à rouler, avec un casting qui fait le boulot. On y retrouve un ton froid comme chez Johnnie To, et un amour des échanges qui font parler la poudre et de personnages romantiques comme chez John Woo. On est clairement en terrain connu. Est-ce que ça fonctionne ? Plutôt bien, même si on est loin des meilleurs du genre, et que la relation naissance entre une tueuse et un vendeur de nouilles manque parfois un peu de substance pour clairement fonctionner.

Dans Beyond Hypothermia, nous suivons donc une tueuse sans nom. Sa particularité, en plus d’être particulièrement douée pour son travail sinon il n’y aurait pas de film, c’est que son corps est plus froid que la norme de 5 degrés. Est-ce important pour l’intrigue ? Au final, pas vraiment, même si cela rejoint les thématiques et choix du métrage, à savoir proposer un personnage froid, sans émotions, qui ne connait pas grand-chose de la vie, de l’amour, tout ça. Pourtant on y croit durant ce contrat d’ouverture, où notre tueuse attend, dans un lieu réfrigéré, on se dit que le film jouera énormément sur cet élément, mais en fait, pas du tout. Très rapidement, on entre plutôt dans une narration très classique, avec voix off de notre tueuse, train-train quotidien en solo dans son appartement, avec ses routines, son arme planquée sous le lit, et ses jumelles pour observer le vendeur de nouille du coin, joué par Lau Ching-Wan, grand habitué du cinéma de Johnnie To (The Longest Nite, A Hero Never Dies) et de tant d’autres polars (Full Alert, The H.K. Triad, et bientôt, The White Storm 3 et Election 3, tout deux prévus pour 2022). On retrouve tous les clichés et passages obligés du genre donc ici, avec la tueuse non nom, sans passé, sans identité en réalité, l’intérêt amoureux bien que notre tueuse ne connaisse pas du tout ce sentiment, la tante qui s’occupe des contrats, des clients et des paiements, et bien entendu, le contrat qui va tout faire basculer. Un scénario donc peu original, mais fonctionnel. Et puis comme énoncé plus haut, le film est court, va à l’essentiel. Et si rien n’est franchement original, l’ensemble sait se faire prenant, et parfois, nous rappeler aussi pourquoi l’on aimait les polars made in Hong Kong, lorsque notre tueuse tuera de sang froid un enfant. Hors champ, certes, mais voilà !

Patrick Leung filme son film avec une certaine élégance, certains plans ou idées de montage valent le détour, encore une fois sans rien révolutionner dans le genre, mais rendant le tout agréable à suivre, prenant et divertissant. Les acteurs y sont également pour quelque chose, même si leur destin est scellé d’avance. En ce qui concerne l’action, elle est violente, assez radicale, et dans un sens, plus proche des échanges courts et intenses d’un Johnnie To que des ballets aériens de John Woo, même si lors du final, Patrick Leung se laisse aller à quelques folies et multipliera les figurants voués à périr sous les balles. Et au final, quelque part, c’est exactement ce que l’on demandait au film. On pourrait toujours dire que celui faisant office de bad guy, le Coréen Han Jae-Suk, aurait mérité un plus large développement plutôt qu’une simple vengeance envers notre tueuse sans nom, ou que la relation entre Lau Ching-Wan et Jacklyn Wu, aussi convaincants soient les deux acteurs, ne parvient jamais à pleinement convaincre, ou tout simplement que le concept même donnant le titre au film, la température corporelle de la tueuse, n’est qu’un élément scénaristique qui ne sera pas forcément utile à l’intrigue ou aux personnages. Et tout ça, c’est vrai, et c’est ce qui fait que Beyond Hypothermia, aussi efficace soit-il, n’a pas non plus marqué les esprits et est un peu oublié.

Les plus

Un bon casting
Un film esthétiquement réussi
Quelques bons gunfights
Court et allant à l’essentiel

Les moins

Assez mince scénaristiquement, et prévisible
Une romance pas toujours crédible

En bref : Beyond Hypothermia fait le taf en utilisant une formule bien connue, et donc prévisible, avec sa tueuse sans nom qui va tomber amoureuse, son contrat qui va mal tourner et sa vengeance. Prévisible, mais divertissant et bien rodé.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A good cast
♥ The aesthetic is good
♥ A few nice gunfights
♥ Short and straight to the point as often
⊗ Thin and predictable story
⊗ The romance is not always credible
Beyond Hypothermia uses a formula well known, and so, predictable, with the nameless killer who will fall in love, a contrat going wrong and a revenge. Predictable, but well made.

Une réflexion sur « BEYOND HYPOTHERMIA (攝氏32度) de Patrick Leung (1996) »

  1. Ta chronique me refroidit un peu. Vu à l’époque des VCD commandés chez DDDHouse, et j’avais beaucoup aimé ! Mes souvenirs étant un peu surgelés, il faudrait que j’essaie de le revoir…

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