Titre Original : Weapons
2025 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 2h06
Réalisation : Zach Cregger
Musique : Zach Cregger, Hays Holladay et Ryan Holladay
Scénario : Zach Cregger
Avec Julia Garner, Josh Brolin, Alden Ehrenreich, Cary Christopher, Benedict Wong, Austin Abrams, Amy Madigan, June Diane Raphael, Scarlett Sher, Jason Turner, Anny Jules et Ali Burch
Synopsis : À 2 h 17 du matin, à Maybrook, en Pennsylvanie, dix-sept enfants de la même classe de primaire quittent simultanément leur domicile et disparaissent. En se rendant en classe, leur enseignante, Justine Gandy, arrive et ne trouve qu’un seul élève, Alex Lilly. Une enquête policière est ouverte et Alex et Justine sont interrogés, mais l’enquête et les interrogatoires ne révèlent rien. Toute la ville demande des réponses et pointe du doigt la jeune enseignante, au passé trouble.
Produit par la New Line, filiale de la Warner depuis de nombreuses années donc (et oui, adieu le légendaire Bob Shaye depuis un bail), Weapons, renommé Evanouis pour sa sortie ici, était un pari risqué. Bon, la Warner est habituée aux projets risqués depuis quelques temps, à tel point qu’ils se cassent les dents un film sur deux d’ailleurs, entre la fin du DCEU, Joker Folie à Deux ou encore Mickey 17 (pour ce dernier, son flop est triste par contre). Mais pour comprendre pourquoi Weapons est un pari risqué, il faut revenir un peu en arrière, sur la carrière de son réalisateur, Zach Cregger. Acteur depuis de très nombreuses années, et après deux coréalisations avec Trevor Moore en 2009 et 2011, c’est en 2022 qu’il se lance réellement dans le cinéma comme réalisateur et scénariste en signant Barbarian pour la 20th Century, qui appartient donc maintenant à Disney. Un film qui ne m’avait pas intégralement convaincu, mais qui montrait déjà, en termes d’ambiance et même de mise en scène pure, de grandes choses, avec en prime de grandes scènes de violence qui éloignait le métrage de la production de studio habituelle de l’horreur, sans gros jumpscares. Alors oui, j’avais trouvé sa dernière partie moins prenante et réussie, son humour pas toujours fonctionnel, mais Barbarian était néanmoins un bon film, et c’est un film qui a été apprécié. Beaucoup apprécié même. Par le public et la critique. Ironique donc pour un film qui a débarqué un peu partout directement en streaming. C’est là qu’entre en jeu Weapons, puisqu’après l’engouement avec Barbarian, une enchère assez folle aura eu lieu pour le nouveau film du réalisateur. Enchère donc gagnée, grâce à un gros chèque et l’assurance d’une sortie cinéma, par New Line. Là où cela devient risqué, c’est de s’emballer sur le second long métrage d’un réalisateur dont le précédent a certes été fort apprécié, mais a été dans beaucoup de pays une sortie en streaming, donc dont le succès financier est flou. Lâcher donc des sommes folles en jouant sur le succès critique d’un film sans réellement savoir si ce public de streaming osera lui se bouger au cinéma, c’est risqué.
Et ça a payé, puisqu’avec son budget estimé à 38 millions de dollars (soit bien plus que Barbarian), le film en a récolté 264 millions dans le monde. Belle somme. Il faut dire aussi que la Warner, et donc la New Line, niveau cinéma horrifique, s’en sort plus que bien en 2025 (le nouveau Destination Finale, le dernier Conjuring). Et Weapons donc, c’était très bien, meilleur que Barbarian, tout en ayant quelques minimes petits défauts, faisant presque plus office de choix qui ne plairont pas à tous. Car comme pour Barbarian, son récit est découpé en plusieurs parties et un certain humour noir va s’inviter au fur et à mesure, ainsi que parfois un amour du grotesque, qui fonctionnera, ou pas, suivant les spectateurs. Weapons nous conte donc, littéralement au départ, son histoire, la disparition énigmatique de 17 enfants dans une école, de la même classe, la même nuit, à la même heure. Le métrage, au départ donc conté par une voix d’enfant, qui disparait heureusement bien vite du récit (l’idée du conte, proche de la légende urbaine, racontée par une enfant, pas une mauvaise idée, mais j’avais peur de la voix off envahissante tout du long), va alors prendre des airs de film chorale, où chaque personnage aura droit à son chapitre pour nous montrer son point de vue, et donc rapidement nous montrer une intrigue plus dense qu’il n’y parait, au sein d’une petite ville Américaine classique. Cregger l’annonçait en interview, son film n’a pas de message politique quelconque, ni de message réellement à proprement parlé, même si certains y trouveront toujours un petit quelque chose. C’est le cas d’ailleurs, puisque dès le premier chapitre de l’intrigue consacré à Justine (Julia Garner, bien meilleure que dans Wolfman sorti en début d’année), on peut y trouver une critique, non pas politique, mais sociétale, avec ce besoin irrémédiable pour la population de faire face à quelque chose qu’ils ne peuvent pas expliquer en pointant du doigt et désignant comme coupable Justine. Pourquoi ? Car rien n’a de sens et qu’elle est le seul personnage ayant un lien entre tous les enfants disparus, étant leur professeur.
Weapons, comme Barbarian avant lui, montre de la part d’une réalisateur une très belle gestion de la mise en scène. C’est appliqué, joliment filmé, et sa gestion de l’ambiance horrifique fait encore une fois mouche. Il insère même par moment une poignée de jumpscares, mais ceux-ci ne sont pas envahissants, et fonctionnent grâce au climat étrange dans lequel baigne le métrage. Comme Barbarian, on retrouve cet amour des lents travellings, des zones d’ombres, cette gestion du silence comme pour nous faire retenir notre respiration. Mais Weapons est bien plus ambitieux. Son intrigue ne va pas se limiter autour de deux ou trois personnages enfermés dans une maison et une cave, non. Le terrain de jeu est ici une ville entière, et plusieurs personnages au destin entremêlé, dont le film donne la parole au fur et à mesure des chapitres, que ce soit Justine, première à chercher à comprendre tout ce bordel, Archer (excellent Josh Brolin), père de famille perturbé depuis la disparition de son fils, Paul (Alden Ehrenreich) en flic, ou encore Marcus (Benedict Wong), le proviseur de l’école et même James (Austin Abrams), un drogué trainant dans les parages. Tous, de près ou de loin, vont être mêlés à cette histoire qui les dépasse, et dont le film, ironiquement, délivre ses clés dès les premiers instants, avant même que son intrigue ne soit pleinement lancée, en écrivant un mot clé sur la voiture de Justine. Une manière d’ironiser le fin mot de l’histoire, certes, mais un peu dommage quand, comme moi, on se moque de cet élément d’entrée de jeu en se disant « ah ah, ce serait con si c’était vraiment ça »… et ça l’est. Ce que Weapons, avec son ambition bien plus grande, fait bien mieux que Barbarian par contre, c’est sa gestion de l’humour dans son récit et son côté grotesque, notamment, encore une fois, lors du final, gore, violent, et frontalement amusant. C’est ironiquement là aussi que certains pourront presque en vouloir en Cregger. Car si son humour a fonctionné sur moi, son côté outrancier difficile à intégralement prendre au sérieux, il faut aussi avouer que c’est dommage, deux fois de suite, de le voir prendre cette voie alors qu’il démontre durant la première partie de ces films un réel talent pour les ambiances horrifiques étouffantes et étranges. Cregger en tout cas réussi malgré tout son pari, livrant un métrage prenant, bien fichu, parfois amusant, parfois flippant, mais toujours terriblement divertissant.
Les plus
Très bon casting principal
Visuellement, très bon
Une narration très ambitieuse
Le côté grotesque hyper divertissant
Les moins
Le côté grotesque et ironique ne plaira pas à tous
En bref : Weapons, ou Evanouis, c’était un pari risqué qui a été payant. Le réalisateur garde la même structure tonale comparé à son précédent film mais double les ambitions autour. Très bon, divertissant et surtout maitrisé, on se demande malgré tout ce que ça aurait donné si le film avait gardé son sérieux tout du long.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A great main cast ♥ Visually, very good ♥ Ambitious narration ♥ The grotesque’s style is very entertaining |
⊗ The grotesque and irony of the film won’t be for everyone |
Weapons was a huge bet, and it worked. The director keeps the same ton compared to his previous film but doubles the ambitions around it. Very good, entertaining and well done, but you can’t help asked yourself how it would be if the film was serious all along. |