THE LOST BUS de Paul Greengrass (2025)

THE LOST BUS

Titre Original : The Lost Bus
2025 – Etats Unis
Genre : Suspense
Durée : 2h09
Réalisation : Paul Greengrass
Musique : James Newton Howard
Scénario : Paul Greengrass et Brad Ingelsby

Avec Matthew McConaughey, America Ferrera, Yui Vazquez, Ashlie Atkinson, Kimberli Flores, Levi McConaughey, Kay McConaughey, John Messina et Kate Wharton

Synopsis : Un chauffeur de bus, Kevin McKay et une institutrice, Mary Ludwig, guident un bus rempli d’enfants à travers un incendie dévastateur.

Cela fait plusieurs films où, si l’on n’est pas attentif, le spectateur n’est même pas au courant que Paul Greengrass continue d’étendre sa carrière. Un peu triste pour celui qui fut révélé avec des films réussis et pleins de tensions, mais qui quitta les écrans de cinéma sur un semi-échec, avec l’inutile Jason Bourne, en 2016 déjà. Car Paul Greengrass, c’est un style quasi documentaire, caméra à l’épaule, privilégiant l’urgence et le chaos, les prises de décisions sous le coup du stress, dans des films comme Bloody Sunday (le film qui le révéla au monde), Vol 93, les deux meilleurs opus de Jason Bourne (les seconds et troisièmes), Green Zone ou encore le génial Captain Phillips. Mais depuis Jason Bourne en 2016, c’est sur les plateformes de streaming qu’on le retrouve. Difficulté de se relever après l’échec (le film fut moins bien reçu et rapporta moins) du film, ou juste plus de facilités à faire les projets qu’il veut là-bas, difficile à dire, mais c’est chez Apple que Greengrass se retrouve pour son nouveau métrage, adaptant un livre, lui-même basé sur une histoire vraie, The Lost Bus. Alors passé la déception de ne pas profiter du spectacle sur grand écran et avec le son adéquat, vu l’amour de Greengrass pour le chaos filmique, qu’est-ce que ça vaut ? Et bien si The Lost Bus n’est pas son meilleur film, et que sur certains aspects, il coche toutes les cases du film catastrophe Américain (enfin, mondial en vrai, tout le monde utilise les mêmes codes) classique, il livre un métrage rondement mené, prenant, tendu, et malgré quelques couacs pour les CGI lors de quelques plans, visuellement impressionnants. Déjà, outre le film qu’il adapte encore une histoire vraie à laquelle colle parfaitement son style visuel et ses thématiques habituelles, The Lost Bus peut compter sur son casting principal.

Matthew McConaughey qu’on ne présente plus d’ailleurs, en chauffeur de bus scolaire limite au bord de la dépression face à une situation familiale compliquée (divorce, mort du père, petit frère difficile à gérer, soucis d’argent, il enchaine les galères), et America Ferrera, connue pour la série Ugly Betty et que le grand public plus large a pu découvrir dans le film Barbie, en institutrice. Le tout se déroule durant les incendies de 2018 en Californie, où notre chauffeur et l’institutrice vont se retrouver à tenter de survivre dans des décors limite post-apocalyptique envahis par les flammes à bord d’un bus contenant 22 enfants. Fait amusant, la famille de McConaughey à l’écran prendra la forme de sa vraie famille avec sa mère et son fils ainé, et pour le reste, Greengrass colle donc au plus près de la réalité et des événements donc, avec ce chauffeur qui aura parcouru dans l’enfer 48km entouré par les flammes pendant environ cinq heures, et le réalisateur donne de nombreux rôles des services d’urgence au vrai personnel de l’époque. Les libertés sur l’histoire sont donc plutôt rares et juste là pour resserrer le récit sur les deux personnages principaux, expliquant donc qu’il n’y a qu’une seule professeur dans le bus, au lieu de deux dans la réalité (éviction du script qui fut en réalité une demande de la professeur). Pour le reste donc, les habitués du réalisateur seront en terrain connu. Une première partie plaçant les personnages, la catastrophe initiale, puis une bonne heure de survie, de chaîne de commandements qui galère à gérer la situation, de situations désespérées qui empirent chaque minutes, le tout avec une caméra à l’épaule, un chaos amplifié par le montage et le sound design, et finalement, une belle leçon de cinéma en ce qui concerne la tension, où la maitrise de Greengrass permet même de passer outre certains défauts. Si certains CGI sont très réalistes, d’autres impressionnent un peu moins, mais le style du réalisateur, avec ce montage assez cut et ses plans très rapprochés sur les acteurs fait que l’on se recentre bien vite sur ce qui compte pour le récit, à savoir, l’humain au milieu de la catastrophe.

Et ça fonctionne, qu’importe si le reste, bien qu’inspiré assez fidèlement de la vraie histoire, sonne un peu cliché, comme ce brave chauffeur de bus qui fera tout pour retourner auprès des siens, ses enfants à sauver et j’en passe. Ça fonctionne surtout car le casting est très bon et nous fait croire à ses personnages. Nous donne envie de les voir s’en sortir même lorsqu’il n’y a quasiment plus aucun espoir. Pareil pour son final, l’on pourrait trouver tout cela un brin simpliste, cette dernière ligne droite pour sortir de l’enfer le plus rapidement possible, mais étant donné que le métrage est une histoire vraie, et que Greengrass colle sans doute assez fidèlement au récit, nous n’avons pas envie de vraiment lui en tenir rigueur. Il aurait certes pu opter pour une approche plus cinématographique quitte à trahir la réalité, et on ne lui en aurait même pas voulu ceci dit. Mais on chipote, on chipote, mais The Lost Bus, c’est du bon Paul Greengrass, simple dans les faits, mais tendu, épuisant parfois, magnifié par la prestation des acteurs, et au final, on se laisse embarquer dans l’aventure enflammée et bureaucratique proposée sans soucis. Pas le meilleur de son auteur, mais très loin d’être mauvais.