Titre Original : Kuraimuhanta ikari no judan / クライムハンター 怒りの銃弾
1989 – Japon
Genre : Policier
Durée : 58 minutes
Réalisation : Okawa Toshimichi
Musique :
Scénario : Okawa Toshimichi
Avec Sera Masanori, Matano Seiji, Tanaka Minako, Takeuchi Riki, Hunt Keishi, Katagiri Ryuji, Harada Yoshio et Terajima Susumu
Synopsis : Après l’arrestation du criminel Bruce avec son partenaire, Joker perd son coéquipier lors d’une fusillade. Se remettant à peine de ses blessures, il se met à traquer Bruce afin de retrouver le meurtrier de son partenaire, avec l’aide d’une bonne sœur recherchant elle aussi Bruce, qui avait volé 5 millions de yens à son église.
1989. Crime Hunter marque un tournant dans l’industrie Japonaise, étant le premier film de V-Cinema. Oui, la VHS et les vidéoclubs étaient déjà là, mais jamais encore un studio n’avait osé produire un métrage directement pour ce support et en visant le marché locatif. Pour le coup, la Toei a eu la bonne idée, au bon moment, lançant un film qui fut un carton, qui donna vie à deux suites, et qui en prime, lança donc un style de film. Crime Hunter, c’est donc le film prototype, beaucoup de métrages surferont par la suite sur ce succès, sur cette formule. D’autres studios vont se lancer dans le V-Cinema, des réalisateurs vont naître comme Miike Takashi, certains vont retrouver une seconde jeunesse en tournant du V-Cinema, tandis que certains vont y voir un moyen de s’exprimer tout en tournant à côté pour le cinéma (Kurosawa Kiyoshi). On pourra même voir, clairement, d’autres films de V-Cinema dans les années qui suivirent qui, en plus de reprendre la formule, reprendra carrément les grandes lignes de l’intrigue de ce Crime Hunter, en ne changeant que peu de données (Black Princess, changeant notre héros par une femme flic, et voilà, le tour est joué). Malgré cet engouement oui, il est un peu triste que son réalisateur et scénariste, Okawa Toshimichi, resta plus ou moins dans l’ombre par la suite, signant surtout quelques scénarios ci et là, et bien entendu, les deux suites de ce Crime Hunter. Dans le V-Cinema, il signera d’ailleurs le scénario de Attack Yan Mama Gangen 1995, et fait plus intéressant, le scénario de Scars of the Sun (Sun Scarred), l’excellent petit polar signé Miike Takashi en 2006. Mais revenons donc au tout début, à la base, à Crime Hunter. En soit, un concept simple. Un flic hard-boiled qui traque un braqueur avec une bonne sœur pour retrouver le meurtrier de son coéquipier. On ne fait pas plus simple.
Et c’est là en parti le premier coup de maître du métrage, de prendre des éléments bien connus du polar, de mâtiner le tout d’une violence sèche, et de raccourcir la durée du métrage à seulement 58 minutes afin de virer le gras, et d’aller directement à l’essentiel. Pas de gros développements de personnages, pas de baisses de rythme, tout va vite, tout doit avoir son utilité pour faire bouger l’intrigue, et surtout, tout doit exploser. Crime Hunter est, dans sa formule, un peu le film parfait, où les armes parlent toutes les cinq minutes à l’écran, où les hommes de main, flics ripoux et yakuza sont plus nombreux à l’écran que les personnages dits normaux, et où les seuls personnages que l’on qualifiera de gentils se limitent au final à nos deux héros que tout oppose, formant un parfait duo de buddy movie, avec ce flic cherchant la vengeance, et cette nonne maniant le fusil à pompe cherchant l’argent volé. Tout cela les met sur la route de Bruce, qui va finalement s’allier à eux pour mettre un terme aux agissements des vrais coupables derrière toute cette histoire. Et dans le fond, oui, évidemment, Crime Hunter n’est pas un film parfait, puisqu’il a déjà le défaut de ses qualités. Ça manque parfois de développement, donc du coup, tout doit être assez explicite, pour les personnages, pour les situations. Tout s’enchaine, les hasards sont nombreux, les personnages grognent, crient, tirent, et tout ce qui doit les développer se fera à la vitesse de l’éclair, par le hasard des situations, des objets qui se trouvent sur leur route, avec les interactions entre eux durant l’action. Un pari donc hautement ludique, hautement divertissant, autant qu’il est, dans les faits, basique, mais surtout volontaire et dans l’ADN même du film en quelque sorte. Toute la ligne directrice du film, tout son contenu, a été en quelque sorte dicté par les contraintes de son tournage et de son exploitation. Une durée concise, un budget réduit, une sortie en VHS pour la location, et donc un format d’image adapté aux télévisions 4/3 de l’époque.
Et ça fonctionne, car Okawa Toshimichi y croyait, savait ce qu’il faisait, et car derrière l’entreprise, l’initiateur du projet savait exactement ce qu’il voulait déclencher. Un hit de vidéoclub, qui se louerait en masse, et qui va s’y vite que le spectateur n’essayerait même pas d’appuyer sur la touche d’avance rapide pour être sûr de voir le film en entier et de rendre la vidéo le lendemain. Pari réussi donc oui encore une fois, car le film, visuellement, tient la route, a le charme des années 80, et que si son budget est bien évidemment limité, et que l’action s’adapte à ce budget, tout comme la mise en scène, tout cela reste généreux à tout instant. Dès le début, ça fusille, ça meurt criblé de balles, les hommes de mains tombent par dizaines, on aura même droit à quelques poursuites en voitures, à un lance grenades et donc, à de nombreuses explosions, sans temps morts, sans que notre cerveau n’ait le temps de se poser la moindre question. La mise en scène s’adapte au contenu et aux exigences, sans extravagances donc, sans gros mouvements de caméra amples, se contentant de filmer le plus simplement du monde l’action, mais la rendant pour le coup totalement lisible, toujours au centre de l’écran, et donc au centre de notre attention. Un peu plus de 35 ans après sa sortie initiale, Crime Hunter, redécouvert dans de magnifiques copies HD un peu partout dans le monde (Roboto Films en France, Arrow en Amérique et en Angleterre), c’est toujours un excellent moment, une magnifique découverte, un film imparfait mais un film hyper important.

Les plus
58 minutes et pas une de plus
Un contenu direct et explosif
De l’action partout, tout le temps
Un film bien rodé
La naissance du V-Cinema
Les moins
Evidemment, des limites de budget autres
En bref : Crime Hunter, c’est le premier film de V-Cinema, le film qui a tout lancé, pour le Japon, pour les vidéoclubs, et même allez, pour Takeuchi Riki (qui meurt en ouverture). C’est explosif, direct, ça dure 58 minutes, et c’est un vrai bon moment et une vraie bonne découverte.
| A FEW WORDS IN ENGLISH | |
| THE GOOD | THE BAD |
| ♥ 58 minutes and not one more ♥ Straight and explosive content ♥ Action everywhere, all the time ♥ A well made film ♥ The birth of V-Cinema |
⊗ Some flaws and limitations of course |
| Crime Hunter is the first V-Cinema movie, the film that started it all, for Japan, for videoclub, and even, let’s go, for Takeuchi Riki (who does in the opening). It’s explosive, only 58 minutes long, and a real good time and discovery. | |


















