DEADLY TARGET (轟天密令) de Godfrey Ho et Phillip Ko Fei (1994)

DEADLY TARGET

Titre Original : 轟天密令
1994 – Philippines
Genre : Action
Durée : 1h30
Réalisation : Godfrey Ho et Phillip Ko Fei
Musique : Chow Fook-Wing
Scénario : Godfrey Ho

Avec Oshima Yukari, Sharon Yeung, Edu Manzano, John Cheung, Phillip Ko Fei, Lee Chun-Wa, Johnny Cheung, Douglas Kung et Ken Yip

Synopsis : Deux femmes travaillant pour Interpol vont à Manille pour leurs vacances et rendent visite à leur cousin, un riche marchand. Elles se rendent vite compte que ce dernier trempe dans des affaires plutôt louches comme le trafic d’arme et qu’il veut les éliminer. Aidées de Eddie, un policier local, elles vont tout faire pour démanteler ce réseau qui s’étend jusqu’à Hong-Kong.

Se lancer dans un métrage de Godfrey Ho, c’est toujours risqué, et ça fait peur. Va-t-on tomber sur un nanar comme Lethal Panther, sur un bon film comme Princess Madam (bon ça, c’est très rare) ou sur un sombre navet, voir un film deux en un dont le sens profond nous échappera, comme Hitman le Cobra ou Crocodile Fury (de grands moments de rire ceci dit) ? Quand on se lance en plus dans un film du monsieur datant de 1994, tourné et en parti produit par les Philippines, on peut avoir encore plus peur, malgré la présence au casting de Oshima Yukari et Sharon Yeung, connaisseuses de l’art du réalisateur d’ailleurs, encore plus quand ledit métrage est coréalisé par Phillip Ko Fei ! Oui, tous les compteurs sont dans le rouge, on sent venir le produit fauché, opportuniste, mettant en avant des artistes martiales talentueuses pour leur faire jouer 3 scènes juste pour attirer le crétin de public vers le film, avec leur nom, en gros là, en haut, sur la pochette. Après tout, Cynthia Khan en aura souvent fait les frais durant la deuxième moitié des années 90. Et bien, si dans le fond, Deadly Target, c’est un peu ça, car c’est bien fauché, car c’est tourné aux Philippines, car le scénario est catastrophique, et bien pour le coup, Godfrey Ho et Phillip Ko Fei, qui s’occupe aussi des scènes d’action, se font plaisir, et dynamitent leur « scénario » de très nombreuses scènes d’action, qui bien que souvent montées à la hache, font plaisir et permettent au moins de passer, sur le moment, et bien, un bon moment, sans jamais véritablement s’ennuyer. L’intrigue de toute façon, on la connait tant on l’a déjà vu 150 fois.

Deux flics d’Interpol se rendent donc aux Philippines pour rejoindre leur cousin, riche, qui est en fait un influent trafiquant d’armes, et elles vont s’allier avec un flic local, Eddie, pour buter l’intégralité du casting et arrêter la vente d’armes, de drogues, tout ça tout ça. L’intrigue donc classique de 70% des films du genre durant les années 90. Pas grand-chose d’autre à dire sur cette intrigue, puisque ce postulat de base sera finalement le seul élément d’intrigue. On ajoute pour faire bien lourdingue un flic infiltré qui se déguise en fille, et qui pétera littéralement au visage d’un de ses ennemis dans une scène particulièrement gênante, et pour le reste, combat, combat, action, fusillades, courses poursuites, moto, fusillades, et voilà, fin au bout de 1h30. On n’en demandait pas spécialement plus, mais en réalité, en action, on n’en attendait pas autant. Comme si Godfrey Ho et Phillip Ko Fei avaient tous les deux conscience de la nullité du scénario, et de leurs blagues gênantes, et ont tout misé sur l’action. D’ailleurs c’est simple, et c’est comme ça dés la scène d’ouverture, mais Deadly Target alterne entre scène de blabla pas forcément utile et scène d’action, constamment, toutes les 5 minutes. Ce n’est jamais vraiment long, jamais vraiment top, mais divertissant. Donc au début, Cynthia (Oshima Yukari) et Anna (Sharon Yeung) arrivent aux Philippines, on les conduit chez leur cousin, et là, entraînement au kung-fu, forcément. On nous présente alors rapidement le flic local, inexpressif au possible, Eddie, qui reçoit chez lui un colis, et donc forcément, on tente de le tuer, donc baston avec sabre. On retrouve nos deux jolies flics profitant du soleil sur la plage, à côté d’un groupe de jeune en pleine partie de beach volleyball, et donc, forcément, baston. Coup de fil pour prévenir nos flics qu’elles vont devoir bosser même en vacances, et l’instant d’après, les voilà à surveiller un trafic d’armes, et cela amène, forcément, une baston qui se termine en fusillade. 20 minutes seulement au compteur, et nos deux réalisateurs détiennent la formule magique. Oui, c’est comme ça, tout le long, pendant 1h30.

Du coup, clairement, on a un bon 45 minutes du film à oublier, car peu intéressant et utile, et un bon 45 minutes ne se résumant qu’à de l’action. Et même si c’est loin d’être parfait, ça fait malgré tout un minimum plaisir. Car c’est généreux, et car nos artistes martiaux, ils se donnent comme souvent à fond. Bon jeu de jambes, cascades dangereuses, sauts dans tous les sens, combats vifs. Oui Oshima Yukari et Sharon Yeung donnent de leur personne, et certaines scènes bénéficient de bonnes chorégraphies. On pourrait même dire que Sharon Yeung, à force de faire des flips et d’éviter des coups ou des balles en sautant partout, essaye de faire son Yuen Biao. Dommage qu’en terme de mise en scène, de mouvement de caméras et de montage, le film alterne le correct et le chaotique, ne permettant donc pas toujours de bien mettre en valeur les chorégraphies. Un montage parfois un peu trop cut donc, et favorisant non pas les échanges longs mais la violence et les impacts de coups en particulier. Et dans la grande tradition du genre, évidemment, les deux réalisateurs nous offrent un final dans un entrepôt, où ça canarde à tout va. Basique donc, régressif, mais plaisant sur le moment.