PIQUE-NIQUE À HANGING ROCK (Picnic at Hanging Rock) de Peter Weir (1975)

PIQUE-NIQUE À HANGING ROCK

Titre original : Picnic at Hanging Rock
1975 – Australie
Genre : Drame
Durée : 1h55
Réalisation : Peter Weir
Musique : Gheorghe Zamfir, Marcel Cellier et Bruce Smeaton
Scénario : Cliff Green d’après le roman de Joan Lindsay

Avec Anne-Louise Lambert, Rachel Roberts, Dominic Guard, Helen Morse, Margaret Nelson et John Jarratt

Synopsis : En 1900, en Australie. Les élèves d’une école privée pour jeunes filles partent en pique-nique au pied d’un immense rocher ayant été un lieu de culte aborigène. Alors que le soleil est à son zénith et que les filles s’abandonnent à la torpeur de l’après-midi, quatre d’entre elles s’aventurent dans un étroit défilé rocailleux, comme appelées irrésistiblement par le rocher. Hormis une ingénue qui s’enfuit, prise de panique, les trois autres pénètrent dans une cavité et disparaissent, en même temps qu’une de leurs enseignantes. Des recherches et des battues sont organisées pour les retrouver. Une seule des trois sera retrouvée vivante mais amnésique.

Avant d’être un film, Pique-Nique à Hanging Rock était un roman écrit en 1967 par Joan Lindsay. Un roman étrange, dont l’éditeur demanda lui-même à l’auteur de supprimer le dernier chapitre du livre, afin de garder toute la magie du mystère, de laisser le lecteur se faire sa propre idée parmi tant de possibilités. Très rapidement, l’idée d’un film émerge, et la production lance son dévolu sur Peter Weir. Pique-Nique à Hanging Rock deviendra d’ailleurs son premier grand succès en Australie. Pour son adaptation, il conserve le ton mystérieux du livre, se refuse aux explications sur le pourquoi du comment, et plonge le spectateur dans un rêve éveillé. Toute la première partie d’ailleurs, avant la disparition des trois jeunes femmes, prendra l’allure d’un rêve. Un merveilleux rêve. Le temps semble se suspendre, les images défilent lentement, la musique de Gheorghe Zamfir à la flute et Marcel Cellier à l’orgue sublime chaque plan. Déjà, le métrage nous donne plusieurs pistes sur les événements qui vont avoir lieu, sans pour autant insister sur un élément plus qu’un autre. Ce qui compte finalement, ce n’est pas le pourquoi, mais c’est l’environnement qui entoure la disparition des trois jeunes femmes, avant l’événement, puis ses répercutions ensuite.

Les trois jeunes filles ont-elles disparues, sont-elles mortes, ou kidnappées ? Ont-elles fuient à cause de l’environnement dans lequel elles vivaient, à savoir une école pour jeune fille stricte d’Australie en 1900 ? Possible, mais pourtant, à l’image, elles semblent plutôt heureuses et épanouies. Peter Weir insiste sur les jeunes femmes et l’image qu’elles renvoient aux autres, et donc, aux spectateurs. Elles sourient, sont heureuses, sont avides de découvertes. Peter Weir filme leurs corps de manière judicieuse, douce et féérique, avec ses longs plans lorsqu’enfin seules, elles peuvent retirer leurs bas et avancer nues pieds ! Le réalisateur donne un côté magnifique, surréaliste à ces moments, fige carrément le temps, donnant un côté fantastique à son métrage, qui pourtant à aucun moment ne partira dans sa direction, préférant être plutôt un drame intimiste. Pourtant, le fantastique n’est jamais loin, surtout lorsque deux personnes assistent de près à l’événement du métrage, mais en reviennent pourtant amnésique, sans aucun souvenir. Mais les jours, puis semaines passent, et au lieu de s’appliquer à décortiquer cet événement, le scénario préfère développer les personnages restants, ceux qui vont subir les conséquences de ces événements, à savoir la directrice de l’école, un jeune anglais qui aura retrouvé une des disparues, et Sara, une jeune orpheline absente le jour de l’événement.

Cette seconde partie, très prenante et ponctuée de très jolis portraits de personnages, perd pourtant quelque peu la magie surréaliste de la première partie au fur et à mesure des minutes, comme pour clairement annoncer que la disparition des jeunes femmes est suspendu dans le temps, et qu’il faut maintenant aller de l’avant. Le plus dérangeant dans cette histoire sera finalement le sort réservé à la directrice et à Sara, la souffre-douleur, sur qui tout va retomber. Elle acceptera en quelque sorte son destin, ne rechignant jamais, restant digne face à l’autorité, jusqu’au bout. Alors que la directrice choisira la facilité, avec l’alcool, le renfermement sur elle-même, pour se protéger elle et son travail. De ce malheureusement événement inexpliqué, et voué à le rester, personne ne sortira indemne, psychologiquement du moins, puisque même les autres écolières n’hésiteront pas à martyriser une des survivantes, la faute à son amnésie. Oui, bien que perdant un peu de sa magie dans sa seconde partie se voulant bien plus terre à terre, Pique-Nique à Hanging Rock est un très beau film, à l’ambiance unique, posée, surréaliste. Amateur de mystères par contre, passez votre chemin, puisque la clé ne vous sera jamais donnée.

Les plus

Très belle mise en scène
Des moments surréalistes incroyables
La musique
De très beaux portraits

Les moins

Aucune résolution
Seconde partie plus terre à terre
 

En bref : Pique-Nique à Hanging Rock est un film étrange, à la croisée entre le drame et le mystère surréaliste, qui choisit finalement d’analyser les conséquences d’un événement plutôt que de l’expliquer.

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