Titre original : Another Day in Paradise
1998 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h41
Réalisation : Larry Clark
Musique : –
Scénario : Christopher Landon et Stephen Chin d’après le roman de Eddie Little
Avec James Woods, Melanie Griffith, Vincent Kartheiser, Natasha Gregson Wagner, James Otis et Lou Diamond Phillips
Synopsis : Le Midwest, aux Etats-Unis, au début des années 70. Bobbie, un adolescent à la dérive, vit de petits larcins. C’est alors qu’il rencontre Mel, truand et dealer charismatique qui le persuade de voir plus grand. Avec Sid, son amie, Rosie, la copine de Bobbie, Mel met au point un gros coup. Ils touchent le gros lot. Mais revendre le butin s’avère plus dangereux que de l’acquérir…
Larry Clark s’était fait remarqué en 1995 en signant Kids, écrit par Harmony Korine (futur réalisateur de Spring Breakers). Il revient en 1998 avec Another Day in Paradise, qu’il produit, adapté du roman de Eddie Little. Another Day in Paradise est un film noir, de par le genre qu’il aborde bien entendu, mais aussi son ton, noir et désespéré. Larry Clark nous invite à suivre le jeune voleur Bobbie (Vincent Kartheiser) et sa copine Rosie (Natasha Gregson Wagner), couple un brin fou et drogué, qui va être pris en main par Mel (James Woods, toujours excellent) et sa copine Sid (Melanie Griffith), couple tout aussi fou. Et c’est parti pour 1h40 de road movie, au départ assez lent, mais qui passe ensuite la seconde vitesse, pour nous plonger dans le quotidien de ces personnages et leur lente descente aux enfers captée par la caméra de Larry Clark. Comme toute descente aux enfers, Larry Clark n’accumule pas les rebondissements, mais prend son temps, pour bien nous présenter ces personnages un brin paumés, et ainsi rendre chaque élément perturbateur plus fort, plus surprenant, et plus sombre surtout. Comme pour laisser aux personnages assez de temps pour espérer s’en sortir, avant de leur retirer tout espoir au dernier moment.
En résulte fatalement un film dur, au rythme lent mais jamais ennuyeux, porté par de grands acteurs investis dans leurs rôles. Première grande réussite, le casting donc. James Woods est donc excellent en « père » de ce couple beaucoup plus jeune, mais qui perd rapidement pied quand la situation lui échappe, n’hésitant pas à abuser de l’alcool et de la drogue pour tenir le coup, quitte à ne plus avoir les idées claires. Face à lui, Vincent Kartheiser et Natasha Gregson Wagner forment un couple convaincant, paumés mais amoureux, qui ne réalisent que trop tard que la situation dans laquelle ils se trouvent est déjà sans espoir, tiraillés entre le bon sens (tout laisser tomber), l’appât du gain, la drogue et l’amour qu’ils portent à ce couple plus âgé avec qui ils forment une grande famille, chaotique. Sid, jouée par Melanie Griffith, se montre rapidement comme étant le personnage le plus terre à terre, et surtout le plus humain malgré sa part de responsabilité dans les événements. Un personnage dans le fond plus fort qu’il n’y parait, qui sait dire non, mais aura bien du mal à se faire entendre face aux autres.
Car ses personnages, aussi fous soit-ils, ont des rêves, et sont parfois prêts à tout pour l’atteindre, sans penser immédiatement aux conséquences. Le film n’abuse alors pas des effets chocs, des rebondissements à répétition, mais insère ses scènes chocs quand on s’y attend le moins, multipliant ainsi leur impact. Un deal qui tourne mal, une rencontre imprévue, un petit élément tout simple peut vite avoir de grosses conséquences, plongeant les personnages dans une spirale destructive toujours plus sombre. La mise en scène de Larry Clark adopte un ton simple, suivant les personnages, accentuant l’aspect réaliste du milieu qu’il doit dépeindre, renforçant ainsi la noirceur de l’œuvre en lui donnant un petit aspect documentaire prit sur le vif plutôt judicieux. Le tout sur une ambiance musicale très années 70 (l’époque où se déroule le film, finalement assez anodin), et on obtient un film noir très intéressant aux choix parfois osés, à la violence peu présente mais radicale. Encore un petit métrage aujourd’hui oublié qui mérite d’être découvert.
Les plus
4 bons acteurs pour 4 bons personnages
Un ton sombre et désespéré
Une violence sèche et radicale
Filmé de manière brute
Les moins
Les années 70 peu représentées au final
En bref : Sans doute moins personnel que d’habitude, Larry Clark livre un film noir et sans concessions, porté par un James Woods parfait.