CABAL DIRECTOR’S CUT (Nightbreed) de Clive Barker (1990)

CABAL DIRECTOR’S CUT

Titre original : Nightbreed
1990 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 2h07
Réalisation : Clive Barker
Musique : Danny Elfman
Scénario : Clive Barker
Avec Craig Sheffer, Anne Bobby, David Cronenberg, Charles Haid, Hugh Quarshie, Hugh Ross, Doug Bradley et Catherine Chevalier

Synopsis : Aaron Boone est un jeune homme qui ne se fait pas à la société. Chaque nuit, il rêve d’un endroit peuplé de monstres en tout genre, Midian. Boone, ayant un passé perturbé, est suivi de très près par le docteur Philip Decker. Or, ce dernier est un tueur en série. Profitant des troubles de son patient, il rend Boone persuadé d’être le coupable. Pris de panique, Boone tente de se suicider, en vain. Il finit à l’hôpital psychiatrique où il fait la connaissance d’un individu qui lui révèle l’endroit exact du Midian. Sur place, il découvre un vieux cimetière mystérieux. Boone s’y installe et, une fois la nuit tombée, fait la rencontre de deux des créatures qui peuplent Midian.

Clive Barker avait prouvé en 1987 qu’il pouvait adapter lui-même son œuvre et faire mieux que les autres avec Hellraiser. En 1986, Stephen King avait tenté aussi, mais ça avait donné Maximum Overdrive… Barker avait-il eu de la chance ou prouvait-il qu’en plus d’être un excellent écrivain, il était un excellent scénariste et réalisateur ? Après avoir été producteur exécutif sur Hellraiser 2 en 1988, il s’attelle déjà à son second long métrage, adaptant son roman Cabal. Sauf qu’il n’aura pas la même liberté que sur Hellraiser. Hellraiser était une petite production anglaise de seulement un million, tandis que Cabal, renommé Nightbreed en Amérique, est une production Américaine de 11 millions. Après le petit studio, c’est la Fox qui s’occupe du film… Et c’est là que ça coince, car si Barker a pu tourner le film qu’il voulait, la Fox coupe son film, assez sauvagement (le premier montage durait 2h35, le film a sa sortie ne durait plus que 1h42), et surtout ne sait pas vraiment comment vendre le métrage. La promo nous fait donc penser à un slasher avec quelques monstres. À sa sortie, Cabal ne trouve pas son public, c’est un échec critique et financier. Et pourtant, avec les années, le film gagna son statut de culte, en 2010, une version Workprint refait surface, et finalement en 2014, le Director’s Cut de 2h a droit à sa sortie officielle en Blu-Ray, et surtout, remasterisée (pas de qualité VHS workprint ici). Et si j’appréciais beaucoup Cabal dans sa version cinéma, autant dire que cette nouvelle version l’enterre.

Et oui, Cabal n’est pas un slasher, malgré la présence d’un tueur en série excellemment joué par David Cronenberg himself, mais un vrai film de monstre, avec une galerie impressionnante, une mythologie forte derrière, et surtout, Cabal est également l’histoire de Aaron Boone, cet homme perdu qui va rejoindre les monstres, évoluer, et trouver sa place dans leur société. Le pari le plus fou de la part de Clive Barker a sans doute été de vouloir adapter Cabal en conservant chacun des éléments clés de son roman. Un roman dense, parlant de thèmes finalement bien variés. Le Director’s Cut de Cabal fait des choix judicieux. Au lieu de reprendre l’intégralité des scènes tournées, ce nouveau montage inédit étoffe l’histoire et les personnages, les rendant crédibles, et rend la mythologie fascinante, sans pour autant s’éterniser plus sur un élément ou un autre, rendant le tout homogène, rythmé et fort agréable. Car on est loin de Hellraiser ici, pas de glauque ou autre (malgré quelques moments sanglants, Barker oblige), Cabal est un pur film fantastique, un film de monstres donc. Mais un film de monstres où les monstres ne sont pas les méchants. Élément que les dirigeants de la Fox ont eu bien du mal à comprendre.

Car si Barker se concentre en partie bel et bien sur le cheminement de Boone (joué par Craig Sheffer, qui retrouvera l’univers de Barker sans Barker dans Hellraiser Inferno), il tente immédiatement quelque chose d’étonnant : d’humaniser les monstres. Boone en devient d’ailleurs rapidement un, et il n’est donc pas étonnant de voir que Barker dés le début prend son temps pour l’humaniser, détailler sa relation avec sa petite amie Lori (Anne Bobby). Que d’éléments non présents dans la version cinéma pour accélérer le rythme et en quelque sorte mettre en avant le personnage le moins humain de tous, et pourtant, bel et bien un humain, à savoir le docteur Dekker, joué par David Cronenberg. Il est bien entendu toujours présent, son importance toujours capitale, mais ses apparitions sont plus rares. Et les monstres donc ? Barker rajoute pas mal de plans concernant les monstres, et en dévoile de nouveaux dans cette version. Les plus marquants étaient déjà présents, mais de nouveaux débarquent, et quelques moments sont plus étoffés. On reconnaîtra d’ailleurs dans le rôle du chef des monstres Doug Bradley. Les monstres, leur ville, leur côté « minorité se cachant des humains », et bien entendu Boone et Lori, tout cela est bien mieux ici. Bien entendu, on pourra toujours dire qu’au final, le message du film est extrêmement simple (les vrais monstres sont les humains), mais quand le traitement est aussi bon, où est le souci ?

Les choix de Barker se ressentent jusqu’au choix de la musique, signée Danny Elfman, donnant un côté féérique et clairement fantastique à cette cité des monstres, et l’éloignant des autres films du genre de l’époque. Probablement l’un de ses meilleurs albums d’ailleurs. Cabal au final prend beaucoup plus de sens dans sa version Director’s Cut, dévoilant les vrais ambitions du film et de Barker. Mais au-delà du remontage effectué par la Fox, il est étonnant de voir l’échec total du film, puisque même dans sa version cinéma à sa sortie, Cabal restait une œuvre différente et plutôt forte. Inférieure certes, à laquelle il manquait beaucoup d’éléments, mais pas un film honteux non plus. Cabal Director’s Cut, oeuvre forte, visionnaire et parfaite ? Pas parfaite, puisque l’on pourra toujours reprocher à son final d’être un peu plus brouillon que le reste (beaucoup de monstres, beaucoup d’action, beaucoup d’effets), mais son univers fort et unique suffissent pour oublier cela. Peut-être pas la meilleure œuvre de Barker, mon cœur penchant vers le côté huit clos glauque de Hellraiser, mais clairement son œuvre la plus ambitieuse.

Les plus

Enfin le Director’s Cut

La galerie de monstres

Un univers intéressant

David Cronenberg très bon dans son rôle

Des thématiques intéressantes

Les moins

Un final un peu brouillon par moment

On pourra reprocher ses thématiques simples

 

En bref : Boudé à sa sortie, devenu culte ensuite, puis redécouvert dans sa version Director’s Cut, Cabal est une oeuvre dense et riche, certes imparfaite, mais prenant et ambitieuse.

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