SHINING (The Shining) de Stanley Kubrick (1980)

SHINING

Titre original : The Shining
1980 – Etats Unis / Angleterre
Genre : Horreur
Durée : 1h59 (montage Européen), 2h24 (montage US)
Réalisation : Stanley Kubrick
Musique : Wendy Carlos et Rachel Elkind
Scénario : Stanley Kubrick et Diane Johnson d’après le roman de Stephen King

Avec Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd, Scatman Crothers, Barry Nelson et Philip Stone

Synopsis : Jack Torrance accepte de devenir le gardien de l’Overlook Hotel pour l’hiver. Il y emmène sa famille, et la solitude ne lui fait pas peur, il voit cela comme étant bénéfique pour l’écriture de son roman. Mais petit à petit, l’isolement et la solitude commencent à peser…

Shining de Stanley Kubrick ! Un film adulé par certains, et totalement détesté par d’autres. Oui, Shining de Kubrick trahit sans vergogne le roman de Stephen King qu’il adapte. Mais vous savez quoi ? Je n’aime pas ce roman, donc ça ne me pose pas de problème. Le roman verse dans le fantastique classique, et est doublé d’un final que je considère comme raté et peu ambitieux ou accrocheur. Ça tombe bien, c’est là tout ce que Kubrick se refuse. Ici, les explications sont rares, le spectateur doute comme les personnages de ce qui se passe devant eux, sans savoir si finalement, les éléments sont surnaturels ou juste causés par la folie, et le final est entièrement remanié. Outre le fait que le film soit connut pour sa trahison du roman et donc pour l’aversion de Stephen King envers le film, Shining marque aussi la première utilisation constante dans un film de la steadycam, et le premier (et seul) film d’horreur de Stanley Kubrick. À l’époque, Kubrick venait de subir un cuisant échec au box office avec son film précédent en 1975, Barry Lyndon, et il doit donc trouver un projet plus commercial. C’est alors qu’il tombera sur le roman Shining, et se mettra en tête de l’adapter. Et comme Kubrick est Kubrick, il ne fait pas comme tout le monde. Oui, en 1980, filmer un film d’horreur tel que Shining est filmé, c’était inédit. Et comme justement Kubrick est Kubrick (était…), la production de Shining fut très longue. Rien que le tournage dura un an. Un an constant, avec de longues journées, des réécritures de scénario quasiment tous les jours. Rajoutons à cela que Shelley Duvall ne s’est pas du tout entendu avec Stanley Kubrick, et vous avez une petite idée de l’ambiance. Et à sa sortie, les critiques Américaines sont méchantes envers le film, très méchantes, et le box office n’est pas fameux. Ce qui forcera Kubrick a remonter le film pour sa sortie hors des Etats Unis. Oui, nous autres pauvres Européens n’avons qu’une version courte, coupée de quasi 30 minutes par Kubrick lui-même.

Et pourtant, une fois que l’on a vu cette version longue de 2h26, il est très difficile de retourner à la version courte, tant tout semble un peu plus précipité dans notre montage. Plus étonnant, la version Européenne n’a pas le même format d’image que la version Américaine. Un choix qui pourrait être totalement anodin sauf que… sauf que cela fait parfois apparaître de nouvelles choses à l’écran, comme lors de la scène d’ouverture et cette célèbre ombre d’hélicoptère, non visible donc dans le montage Américain, à l’image plus large sur les côtés mais moins haute. Bref, Shining, outre sa production difficile, sa réception initiale plutôt catastrophique et tant d’autres choses, est bel et bien un grand film, et bel et bien une trahison du roman. Il est aisé de comprendre le point de vu de King d’ailleurs à ce niveau, tant beaucoup de choses changent, tant tout le dernier acte est différent, tant le choix de Jack Nicholson change radicalement le personnage. Car oui, quand on fait un film parlant de la folie, le choix de Nicholson n’est pas forcément le plus subtil, et le lent basculement du personnage dans le roman devient immédiatement plus rapide. Qu’importe, Shining en tant que film est un grand moment. Et ce dés la scène d’ouverture, avec donc ce fameux plan d’hélicoptère dans les montages, la musique de Wendy Carlos et Rachel Elkind, l’apparition du générique qui défile de bas en haut. Puis nous découvrons le lieu principal du film, quasi le seul d’ailleurs, à savoir l’Overlook Hotel, carrément construit en studio en Angleterre par Kubrick. Un des plus grands plateau pour l’époque.

Et nous découvrons Jack Torrance, joué par Nicholson à son rendez-vous pour devenir le gardien de l’hôtel. Une demi-heure plus tard après cette longue introduction, et nous voilà en plein hiver, dans l’hôtel, avec seulement trois personnages, Jack, Wendy et leur fils Danny. Et à partir de là, Shining se fait une œuvre déstabilisante, mais dans le bon sens du terme, puissante, flippante dans un sens mais à la fois jouissive d’un autre. Kubrick s’amuse avec la steadycam et livrent des plans totalement fous, comme lorsqu’il suivra Danny faisant du vélo dans les couloirs de l’hôtel, en étant juste derrière lui, sur une longue distance, caméra au raz du sol. Shining contient des plans du genre à ne plus savoir où donner de la tête, et pour peu que l’on s’y connaisse un peu en technique, on se doit d’être admiratif. Mais outre la mise en scène, les autres domaines ne sont pas en reste. La musique donc, mélange entre des compositions souvent glauques et lancinantes et des musiques classiques fonctionne à merveille et pose immédiatement une ambiance captivante et crispante. Mixée avec l’image, le résultat est tout simplement à tomber par terre et donne une vision intéressante du thème du film, à savoir la folie. Un peu à la manière de Possession datant de la même période, Shining est un film épuisant, mais un film qui outre sa maitrise technique, repose également sur le talent de ses acteurs bien évidemment.

Evidemment car au final, ils ne sont que trois pendant la majeure partie du temps. Jack Nicholson livre une prestation totalement hallucinée, et de nombreuses de ces scènes restent culte. Il est aidé par l’écriture des dialogues, et son jeu tout en folie donne quelque chose d’unique à l’écran, comme lors de sa confrontation entre lui et Wendy dans le hall, continuant ensuite dans les escaliers. Shelley Duvall par contre, oui, on pourra trouver à redire sur l’actrice. Si elle livre un honnête boulot pour le rôle qu’elle doit faire, et que, on le sait, Kubrick l’aura bien poussé à bout à de très nombreuses reprises, on pourra trouver le côté nunuche de son personnage parfois bien trop présent, et à quelques rares instants peut-être un petit trop mécanique. Mais au final, rien qui ne retire la puissance du métrage, de sa première image à son long final, radicalement différent du roman donc, puisqu’il ne reprend tout simplement rien du tout ! Et c’est lorsque l’on se dit que l’on vient de voir un très grand film sur la folie que Kubrick nous assène une dernière image qui vient quelque peu nous perturber et va nous forcer à revoir notre grille de compréhension de tous les événements. Dans tous les cas, Shining est un grand film, encore plus grand dans sa version de 2h26 prolongeant le plaisir de quasi 30 minutes, mais il est vrai que si on veut le comparer, il reste une bien piètre adaptation, bien que supérieure (pour moi) au roman !

Les plus

Jack Nicholson totalement parfait
La mise en scène virtuose
Des scènes cultes
Une sacrée ambiance
La version longue !

Les moins

Pour les fans, trop différent du roman

 
En bref : Oui, Shining prend d’immenses libertés avec le roman, mais en tant que film, ça reste du très grand Kubrick, où chaque plan est pensé au millimètre près ! Jack Nicholson est énorme !

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