Titre original : Freeway 2: Confessions of a trickbaby
1999 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h37
Réalisation : Matthew Bright
Musique : Louise Post et Kennard Ramsey
Scénario : Matthew Bright
Avec Natasha Lyonne, Maria Celedonio, Vincent Gallo, Bob Dawson, Nicole Parker et Michael T. Weiss
Synopsis : Crystal est une prostituée de 15 ans qui se retrouve en prison. La sentence : 25 ans. Transférée dans un hôpital particulier pour personnes boulimiques, elle fait la connaissance de Angela, une tueuse en série. Elles vont s’évader ensembles. Blessée lors de l’évasion, Angela persuade Crystal de partir à Tijuana pour rencontrer Sister Gomez qui pourrait la guérir de sa boulimie.
Freeway, le premier, datant de 1996, avait fait l’effet d’une bombe et a très rapidement gagné un statut de film culte, amplement mérité. Variation du petit chaperon rouge avec Reese Whiterspoon en jeune blonde totalement allumée qui tombait sur un psychopathe, détraqué sexuel joué par Kiefer Sutherland, lors de son périple pour partir vivre avec sa grand mère après l’arrestation de ses parents. Pour ce second opus qui arrive trois ans plus tard, Matthew Bright, scénariste et réalisateur, s’attaque cette fois ci à une variante de Hansel et Gretel. Malheureusement pour lui, en cours de route, il perd pas mal de choses, en particulier son casting et son budget. En résulte un film où il a une bien plus grande liberté, il est vrai, mais qui peine totalement à convaincre, à tous les niveaux. Au lieu de Reese Whiterspoon, on trouve donc Natasha Lyonne et Maria Celedonio. La première, les fans de comédies Américaines potaches la connaissent bien pour avoir tenue un rôle dans les American Pie (les vrais, on zappe les DTV vaseux hein !!!). Au lieu de Kiefer Sutherland en grand méchant loup, on récupère un Vincent Gallo (Arizona Dream, Tetro) en travesti gourou d’une secte en plein Mexique. Cela va sans dire, le niveau d’interprétation est un bon cran en dessous du premier métrage, mais les acteurs ne sont pas totalement en cause. Analyse !
Dès les premiers instants, on comprend le film devant lequel on se retrouve. Le réalisateur, malgré un budget qui paraît parfois vraiment très faible, dispose de sa liberté totale, et va jouer là dessus, en tentant, scène après scène, de repousser toutes les limites. Pourquoi pas en soit, un tel état d’esprit peut parfois livrer de bien jolies perles. Sauf que Matthew Bright ne sait jamais vraiment sur quel pied danser. Il commence son film relativement sérieusement, mais en nous mettant quelques scènes de bien mauvais goût de temps en temps. Si bien qu’on ne sait pas si l’effet, parfois ridicule ou je m’en foutisme, est voulu ou non, comme en témoigne le générique d’ouverture. Oui, les noms des acteurs vont défiler alors que Crystal se fait vomir pour évacuer son repas lors de sa première nuit dans l’hôpital. Et encore, cela n’est que le début d’un festival de mauvais goût allant toujours plus loin, comme si le réalisateur faisait un gros doigt d’honneur aux studios et au public. Le problème, c’est qu’il ne le fait pas spécialement bien.
Ainsi, de mémoire, la première demi-heure contient énormément de scènes de vomi, dont une que John Waters n’aurait pas renié, beaucoup de grossièretés, des allusions cachées (ou parfois claires) lesbiennes, des meurtres ; beaucoup de choses gratuites qui s’accumulent les unes aux autres, sans franchement paraître ordonnées. Le scénario du film est son premier gros souci, tant il part dans tous les sens, et pourtant, les scènes sont relativement longues pour la plupart. L’ouverture en prison durera bien une vingtaine de minutes, et les personnages s’attardent souvent dans le même lieu pendant de longues minutes. Pire, dans sa dernière demi-heure, une fois les deux personnages à Tijuana en compagnie de Vincent Gallo, le scénario partira dans un délire totalement Z que la mise en scène ne parviendra pas à cacher. La mise en scène justement, parlons en. Autant par moment, Matthew Bright est inspiré (rappelez vous, la mise en scène du premier Freeway était carrée et très bonne) et nous livre quelques bonnes scènes ou idées, autant à d’autres, on a l’impression qu’il se fou royalement de sa scène et ne fait que poser sa caméra pour filmer un dialogue en plan séquence pendant trois plombes. En résulte de très longs dialogues dans des voitures, dans des trains, dans des chambres d’hôtels. Ça aurait pu être intéressant, sauf que les personnages n’ont pas vraiment grand chose d’intéressant à se dire.
Non, les choses sont claires, ce qui intéresse vraiment le réalisateur, ce sont les scènes agressives, les scènes politiquement incorrectes. Et il est vrai qu’il y en a pas mal, mais se taper des dialogues pas très utiles en voitures pendant 5 minutes entre deux délires, c’est tout de même un peu long. Cela déséquilibre totalement son film, mais bon, comme il a l’air d’y croire de moins en moins plus les minutes passent… Les acteurs eux, tentent de faire ce qu’ils peuvent avec le scénario, parfois en s’en sortant plutôt pas mal (la scène dérangeante dans la chambre avec les deux cadavres des grands parents, réussie et faisant en fait un peu tâche au milieu du reste), parfois beaucoup moins, les deux actrices, tout comme Vincent Gallo, ayant la fâcheuse manie de surjouer assez souvent, mais comme cela va dans le sens du scénario, on ne pourra pas totalement leur reprocher. Malheureusement, pour le spectateur fan du premier opus, ou même la plupart des « cinéphiles », il sera très difficile d’accrocher au délire proposé par ce nouveau Freeway, tant il s’annonce comme un délire régressif de mauvais goût possédant en plus d’énormes longueurs. C’est bien dommage, car on avait envie d’y croire, mais la déception n’en est que plus grande. Les scènes les plus intéressantes sont éclipsées en quelques minutes tandis que les dialogues anodins entre les personnages durent des heures. A noter d’ailleurs la présence de Michael T. Weiss, qui jouait déjà dans le premier film, pour une apparition rapide dans un train, scène plutôt réussie par ailleurs, ou encore l’apparition dans la scène d’ouverture de John Landis.
Les plus
Des scènes parfois bien délirantes
Des idées, il y en a
Les moins
D’affreuses longueurs
Des passages de très mauvais goût
Le final, totalement raté et lorgnant vers le Z
Pas toujours très inspiré niveau réalisation
En bref : Freeway 2 divisera certainement bien plus les spectateurs que le premier film, et en affichant sa liberté totale, Matthew Bright se plante totalement.