ASSAUT (Assault on Precint 13) de John Carpenter (1976)

ASSAUT

Titre original : Assault on Precinct 13
1976 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h31
Réalisation : John Carpenter
Musique : John Carpenter
Scénario : John Carpenter
Avec Austin Stoker, Darwin Joston, Laurie Zimmer, Martin West, Tony Burton et Charles Cyphers

Synopsis : Ethan Bishop est chargé par son supérieur de se rendre au commissariat d’Anderson dans la banlieue de Los Angeles pour assurer sa fermeture. Au même moment, un convoi de détenu transportant des prisonniers, dont Napoléon Wilson, s’arrête là. La nuit promet d’être longue après qu’un homme débarque, poursuivi par un gang ayant tué sa fille.

Le premier film de John Carpenter, Dark Star, ne lui aura pas ouvert les grandes portes. Il trouve finalement un studio acceptant de parier sur lui. Avec 100 000 dollars seulement en poche, Carpenter adapte le scénario de Rio Bravo pour en donner sa vision. 20 petits jours de tournage plus tard, et voilà que Assaut est tourné. Écrit, monté, composé et réalisé par Carpenter, Assaut est sans conteste l’un de ses grands films, et surtout un film qui a typiquement sa place dans sa filmographie. Car bien qu’ici, Carpenter ne verse pas littéralement dans le fantastique ou dans l’horreur comme par la suite de sa carrière, il place déjà certains de ces thèmes de prédilection, ainsi qu’une ambiance de western urbain, ambiance qui deviendra par ailleurs beaucoup plus présente dans la dernière partie de sa carrière (avec Los Angeles 2013, Vampires et Ghosts of Mars). Comme pour d’autres œuvres par la suite, Assaut nous raconte au départ le destin de plusieurs personnages, qui vont se retrouver pour devoir lutter contre un élément extérieur dans un lieu clos. Oui, ce procédé, Carpenter le réutilisera en 1980 pour Fog, mais aussi pour Prince des Ténèbres en 1987, et même dans une certaine mesure dans The Thing en 1982 (même si The Thing n’a qu’un seul groupe de personnages). Et comme pour Ghosts of Mars des années plus tard, Assaut met en avant deux personnages que tout oppose, à savoir un flic et un truand, et qui vont devoir travailler ensembles pour survivre à une longue nuit. Mais si Assaut sonne comme les prémices d’un grand artiste, le film n’a rien à voir avec un essai (ce qu’était Dark Star) ou une note d’intention, mais plutôt un coup d’éclat.

Surtout si on le compare à Ghosts of Mars, quasi remake d’Assaut transposé sur Mars et best of de la carrière de Big John, on se rend compte qu’Assaut est bel et bien un très grand film. De l’utilisation du scope à la magnifique photographie de Douglas Knapp, de la musique entêtante de Big John à la création de personnages forts, tout dans Assaut respire l’univers de Carpenter. Chaque plan semble pensé, et surtout bien pensé, chaque dialogue semble être un moment qui claque, jusqu’aux blagues récurrentes du métrage autour du personnage de Napoléon Wilson, prisonnier dont on ignore tout, si ce n’est qu’il est condamné à mort. Carpenter instaure dés le départ le climat du film. Los Angeles est en proie aux gangs, la violence est présente à chaque coin de rue, la police ne peut rien faire, les gangs sont de plus en plus radicaux. L’heure s’affiche constamment à l’écran, donnant un aspect réaliste et documentaire au métrage, tandis que nos personnages vont vers leur destin. Wilson donc, prisonnier dans un convoi pour un transfert, Bishop le lieutenant qui doit surveiller un commissariat, et un père de famille qui va croiser avec sa fille un gang et en payer le prix. Carpenter n’a pas son pareil pour poser une ambiance, par sa mise en scène, son montage et sa musique, et Assaut n’a pas à rougir face aux travaux suivants du metteur en scène. Bien que lente, toute la première partie du métrage se fait incroyablement prenante et intéressante, bien que l’on se doute fortement de ce qui attend nos héros improbables.

Car oui, Napoléon Wilson, prisonnier condamné à la chaise électrique, est le héros typique de l’œuvre de Carpenter, le bad guy dont on ignore beaucoup de choses mais qui est toujours prêt à se battre pour une cause qu’il jugera juste, même si cela l’amène à faire équipe avec ses ennemis. Comme Snake Plissken des années plus tard qui ira sauver le président contre son gré, ou Desolation Williams qui s’alliera à la police pour fuir Mars. On sait qu’il est mauvais, mais au final, il n’a pas mauvais fond, et Carpenter fait tout pour le rendre appréciable, et par moment même amusant. Darwin Joston (que l’on reverra dans Fog) livre une excellente prestation, entouré par Austin Stoker et Laurie Zimmer. Mais au-delà de ses qualités d’écriture, Assaut bénéficie également d’une vraie tension et d’idées intéressantes dans la façon de filmer les réels méchants du métrage, c’est-à-dire les gangs, et donc, leur assaut envers le commissariat. Carpenter comme il le fera encore par la suite décide de ne pas les humaniser, ne leur donne jamais la parole (un peu comme les clochards dans Prince des Ténèbres), les filmer de manière distante telles des ombres menaçantes. Le cinéaste ne cachera pas son inspiration pour les assaillants : La Nuit des Morts-Vivants de George A. Romero. Et ça fonctionne du tonnerre. Erreur que fera le remake de 2005, en expliquant tout, en retirant tout mystère, en humanisant chaque personnage. Assaut, c’est du polar urbain violent, sec, sans concession. Certes ça a sans doute un peu vieillit (1976) mais ça garde malgré tout toute sa force 40 ans après ! La naissance d’un cinéaste !

Les plus

L’ambiance
La musique
Les personnages
La mise en scène
Sec et violent

Les moins

En bref : En plus d’être le premier vrai film professionnel de John Carpenter, Assaut reste encore aujourd’hui une perle dans sa carrière. Tous ces thèmes sont déjà là, sa façon de faire, et le film se regarde de nouveau avec le même plaisir que la première fois.

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