DRIVER (The Driver) de Walter Hill (1978)

DRIVER

Titre original : The Driver
1978 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h31
Réalisation : Walter Hill
Musique : Michael Small
Scénario : Walter Hill
Avec Ryan O’Neal, Bruce Dern, Isabelle Adjani, Ronee Blakley, Matt Clark et Felice Orlandi

Synopsis : À la sortie d’un casino, une jeune femme est témoin d’un braquage effectué par deux gangsters qui parviennent à échapper à la police grâce à l’habileté du chauffeur de la voiture. Elle refuse de donner leur signalement à la police et parvient à se lier avec le chauffeur. Ceci afin de tenter de lui dérober son butin.

En 2011, comme beaucoup, j’avais été ébloui par Drive de Nicolas Winding Refn. La musique, la mise en scène (prix de la mise en scène à Cannes), l’ambiance, l’histoire simple mais prenante, cette esthétisation de la violence et de chaque instant. Puis j’ai découvert l’œuvre de Nicolas Winding Refn et Drive m’est donc apparu comme plus commercial, moins personnel, moins intéressant. Puis j’ai découvert Driver de Walter Hill, le film qui a inspiré Drive. Et pendant les 15 premières minutes, je me suis dis que c’était bien plus que de l’inspiration. Même ambiance nocturne à Los Angeles, même milieu, personnage principal peu bavard qui est chauffeur pour des truands et n’a pas de nom, relation énigmatique et platonique avec une femme, puis un fameux casse et une course poursuite, sans musique, filmé de la même manière (beaucoup de plans intérieurs, de vue depuis la voiture). J’ai grincé des dents. Heureusement, Drive s’éloigne par la suite de Driver et les deux films ont leur identité propre, mais l’hommage est bel et bien présent. Driver nous raconte donc l’histoire du Driver (Ryan O’Neal), poursuivit par le Détective (Bruce Dern). Il est obscédé par le Driver, puisqu’il n’a pas de preuves, n’arrive pas à l’attraper, et il va donc mettre au point un plan pour un faux braquage histoire de le coincer. Ajoutons à tout cela forcément une femme, The Player (Isabelle Adjani, que j’adore mais ça vous le savez depuis le temps), et voilà Driver. Oui, aucun personnage n’a de nom, ils sont uniquement représentés par leur fonction, et Driver a tout du polar classique, du film de gangsters comme on en a tant vu. Mais Walter Hill, qui signe là son second métrage, maîtrise son produit et livre donc un grand film !

Minimaliste, peu dialogué, avare en renseignements, ce qui lui donne finalement une force folle, un côté viscéral ultra prenant. Dans Driver, ce qui compte, c’est le chauffeur, le flic qui le course, la fille qui l’aide, la voiture, et Los Angeles de nuit. Ni plus, ni moins. Les dialogues sont épurés, la mise en scène également, la relation entre les personnages se limite à ce qu’ils doivent représenter à l’écran, et l’ensemble a un côté glacial finalement bien prenant oui. On pourrait presque d’ailleurs comparer Driver au film Le Samouraï de Melville. Dans les deux métrages, le personnage principal est peu bavard, mais est un maître dans son domaine, ici donc la conduite. En dehors de son domaine de prédilection d’ailleurs, le Driver du titre n’existe presque pas. C’est uniquement derrière son volant qu’il peut s’exprimer et se sentir vivre (oui, un peu comme dans Drive également dans un sens). Sauf que derrière son volant, le Driver est indestructible, plus on lui met de bâtons dans les roues, plus il semble trouver des solutions pour s’en sortir. En ce sens, le personnage joué par Isabelle Adjani complète parfaitement le personnage, sans qu’ils aient à échanger de grandes lignes de dialogues. Les deux personnages sont un peu comme le côté d’une même pièce. Ils ont le goût du risque, du danger, mais restent toujours fermes et stoïques devant les événements, comme persuadés de leur statut d’intouchables. Ils aiment jouer, ils aiment parier, et surtout ils aiment gagner. Ce qui ne plait pas forcément au personnage face à eux, le détective, excellent Bruce Dern.

D’ailleurs, très rapidement, on pourra même inverser les rôles. Car si le Driver et la fille aiment prendre des risques, sont joueurs, et sont clairement du mauvais côté de la loi, ils ont un certain sens moral, de l’honneur, tandis que de l’autre côté de la loi, le flic ne supporte pas de perdre, ce qui le frustre, et le pousse à prendre des décisions radicales et pas forcément logiques. Des choix dangereux pour sa carrière, comme celle de prévoir un braquage avec de vrais truands dans le seul but de coincer le fameux Driver. Ainsi malgré le manque de renseignements et de caractéristiques, les personnages sont tout de même loin d’être des coquilles vides. Mais au-delà de ses choix narratifs et de personnages, Driver est avant tout un polar urbain, et un métrage qui, comme on s’en doute, joue sur les courses poursuites. Peu nombreuses au final, elles sont pourtant bien longues et surtout virtuoses (et rappelons que le film date de 1978). La course poursuite d’ouverture rappelle grandement Drive donc de Refn, puisque les choix de mise en scène sont identiques, tandis que la dernière, beaucoup plus tendue, aura été en partie repompée d’ailleurs dans le polar HK Motorway. Indéniablement un grand film, toujours aussi divertissant aujourd’hui.

Les plus

Minimaliste et obsédant à tous les niveaux
Le casting
Les courses poursuites
Des personnages simples mais intéressants

Les moins

Un propos intéressant mais qui ne révolutionne pas le genre

 
En bref : Sans rien révolutionner dans son texte, Driver fait des choix visuels impeccables et bénéficie d’un grand casting. Walter Hill frappe fort et le film aura inspiré Drive par la suite.

2 réflexions sur « DRIVER (The Driver) de Walter Hill (1978) »

  1. J’ai vu Drive l’année dernière dans un cinéma à ciel ouverr, à Montréal. Je l’ai adoré ! D’ailleurs tu décris très bien les nombreuses qualités du film. Je ne savais pas qu’il y avait source d’inspiration derrière tout ça. Ce Driver a l’air assez mythique dans le genre. Si j’arrive à me le procurer je le regarderai 😉

    1. À ciel ouvert, la classe ! Vu deux fois au ciné en 2011, au ciné où je bossais à l’époque puis à La Défense, c’était vraiment un petit choc.
      Driver maintenant se trouve pour plus trop cher sur le marché de l’ocaz dans une très belle copie Blu-Ray. Sinon si un jour je me lance dans la location vu ma collection lol

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