Titre original : Jurassic World Fallen Kingdom
2018 – Etats Unis
Genre : Aventures
Durée : 2h08
Réalisation : J.A. Bayona
Musique : Michael Giacchino
Scénario : Derek Connolly et Colin Trevorrow
Synopsis : Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l’île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction. Owen se fait un devoir de retrouver Blue, son principal raptor qui a disparu dans la nature, alors que Claire, qui a maintenant un véritable respect pour ces créatures, s’en fait une mission. Arrivant sur l’île instable alors que la lave commence à pleuvoir, leur expédition découvre une conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire.
S’il y a bien un blockbuster qui ne faisait pas envie cette année, c’était ce Jurassic World Fallen Kingdom. Si Jurassic Park fait clairement parti de ma jeunesse (j’avais vu le premier au cinéma en 1993, alors âgé de 7 ans), il a donc une place particulière pour moi, et les deux suites, malgré leurs gros défauts, ont un gros capital sympathie. Le côté un peu nanar du second me fait rire, tandis que la générosité et le rythme du troisième opus me plait. Mais lorsque l’on arrive à Jurassic World, c’est une autre histoire. Remake déguisé inutile du premier opus, avec ce qu’il faut de fan service dans tous les coins, des personnages peu intéressants et pas mal d’incohérences, le film parvenait à divertir si l’on savait à quoi s’attendre, et rien de plus. L’arrivée d’une suite ne faisait donc pas envie, et le seul élément apportant un tant soit peu d’espoir fut le changement de réalisateur. J.A. Bayona, réalisateur des très visuels L’Orphelinat et A Monster Calls récupère ainsi la mise en scène, remplaçant Colin Trevorrow (trop occupé à se faire virer de Star Wars 9). Malheureusement, le bonhomme reste présent au scénario, et nous livre probablement le pire aspect de ce Fallen Kingdom. Car Jurassic World 2, malgré de grosses qualités visuelles (ça a du bon le changement de réalisateur) aurait tout aussi bien pu s’appeler Fallen Movie, Fallen Film, Fallen Saga ou tout autre nom pas très joyeux à son égard. Car le scénario accumule tellement les idées stupides, incohérences et choses n’ayant que peu de sens qu’il devient très difficile de les mettre de côté pour apprécier le spectacle pop corn que l’équipe veut nous offrir. Car malgré les blagounettes que les personnages ne peuvent s’empêcher de lancer toutes les 5 minutes, le ton général du métrage reste néanmoins sérieux (un peu comme dans le premier Jurassic Park, un ton sérieux mais le personnage de Malcolm avait un humour très présent).
Ce qui, face à l’imbécilité des situations et autres, détruit le métrage et nous empêche de profiter, faisant plus grogner à chaque bêtise plutôt que rire. Car un ton second degré aurait clairement été salvateur pour le film. Dès le départ ça cloche, mais ça on le savait déjà. Ben oui, quelle idée aussi. Après que les dinosaures aient bouffés tous les clients dans le premier film (idée éclipsée en 20 secondes chrono en main), prouvant que la sécurité et eux, ça fait deux, voilà que l’île sur laquelle le parc a été construit a un volcan qui se réveille et va tout détruire. Oui, en décisions stupides, ils font fort dans cette compagnie. Mais même en passant ce détail, les erreurs continuent, et toutes les lister se révélerait être un pavé de 130 pages sous Word. Soit la taille du scénario de base, quand même. Par exemple, on peut tiquer très rapidement lorsque les personnages révèlent tous leurs intentions. De méchants envoyés sur l’île pour capturer les dinosaures et les ramener sur le continent (hello Le Monde Perdu) afin de les vendre. Mais dans leur beau manoir hors de prix, ils sont actuellement en train de cultiver des dinosaures. Alors pourquoi se casser le cul à aller les capturer et risquer la vie de tout le monde si en patientant quelques mois, tu as la même chose à la maison, que tu pourras sans doute vendre plus cher car ils seront plus jeunes et plus contrôlables ? Bref, je m’égare. On retrouve les personnages du premier, dans un film découpé en trois actes. Le premier sur l’île, le second sur un paquebot, le troisième dans un grand manoir. Le premier acte, sur l’île donc, sera sans doute le meilleur moment du film, même si encore pleins d’éléments peuvent faire grincer le fan des dents. Ou la personne utilisant un minimum son cerveau (je suis heureux d’en faire parti). Car oulala il faut sauver les dinosaures sinon ils vont mourir… again ! Vous avez oubliés l’île de Jurassic Park 2 et 3 les mecs ? Car c’est pas le même île, donc il en restera des dinosaures ! Puis désolé, mais vos dinosaures marins et volants, ils auraient pu se sauver et attaquer la civilisation depuis longtemps (même si on peut dire la même chose des premiers opus). Pareil au niveau des méchants, qui vont donc sur l’île avec nos deux héros du film précédent. L’excuse ? Chris Pratt est pote avec la raptor Blue, et Bryce Dallas Howard a accès au système grâce à ces empreintes… Ce sont des MÉCHANTS, typiques de blockbusters Hollywoodiens (donc, manichéens au possible). En réalité, je pense plutôt qu’ils lui auraient coupé la main pour avoir ses empreintes et fait le boulot dans leur coin. On va me dire que je réfléchis trop, mais le film accumule tellement les erreurs ou moments peu crédibles qu’il est dur de tout passer sous silence. Comme ces carnivores qui ne pensent qu’à bouffer le casting même lorsqu’autour d’eux, tout se détruit. Face à un tel instinct de survie, on comprends pourquoi les dinosaures avaient disparus…
Pourtant, cette première partie, malheureusement courte, est la plus divertissante. 35 minutes au compteur seulement, quelques plans qui ont sacrément de la gueule (la chute de la boule dans l’eau, le dinosaure que l’on aperçoit à travers les cendres du volcan, le dinosaure stoppé par les écoulements de lave). Ça va vite, et le réalisateur a souvent des idées visuelles franchement classes. Puis vint la seconde partie sur le bateau, chiante au possible, et qui continue d’accumuler les éléments bigger than life totalement stupides. Il n’a en effet jamais été aussi simple de s’infiltrer dans un bateau ennemi. On laisse un personnage de l’autre camp en vie pour s’occuper du raptor mais on la laisse intégralement sans surveillance. Un soldat trouve le cage du T-Rex ouverte mais ne se pose aucune question, se contentant de la refermer. Seriously ? Au bout d’un moment, faut pas s’étonner que les méchants perdent toujours s’ils sont aussi cons ! Et l’ennui commence à s’installer. Car à force de vouloir copier ce coup-ci Le Monde Perdu, ben on se rappelle que le voyage en bateau du dit titre lui ne durait, au bas mot, que 3 ou 4 minutes. Ici, ça s’éternise pendant bien 35 minutes encore ! Reste le troisième acte vous me direz, qui a le don de changer de décor. Car si le dernier acte du Monde Perdu se déroulait en ville, en lâchant un T-Rex, ou qu’un peu plus tôt, les gentils personnages libéraient tous les dinosaures qui faisaient un carnage dans le camp ennemi, et bien oubliez tout ça ici. Dans une ambiance limite gothique (et fort réussie), on assiste à une dernière partie qui nous lâche quelques minuscules et ridicules dinosaures, et il faudra faire avec. Et encore une fois, au lieu d’assumer pleinement son délire avec le nouveau dinosaure (L’Indoraptor ou je ne sais plus quoi), le film prend un tournant étrange et qui aurait d’ailleurs pu être salvateur. Sauf que arrivé à ce stade, Jurassic World 2 n’a absolument plus rien à raconter, et se contente de temps en temps de balancer quelques idées, sans jamais rien en faire.
La grande révélation du méchant de l’aventure sur la petite fille par exemple paraît presque venir d’un autre film tant cela ne change absolument rien et n’a limite rien à voir avec le métrage en question. Quand à l’ambiance générale, si visuellement le réalisateur se lâche et nous livre quelques plans qui ont de la gueule, le fond se change en banal slasher où le nouveau dinosaure remplace l’habituel tueur (la stupidité allant avec, voir comment le dinosaure se retrouve libre…). Mais souvent, le film réutilise encore une fois des scènes connues, comme le moment où les personnages doivent être silencieux (la scène de la cuisine du premier) ou encore quand l’indoraptor ouvre une fenêtre, ramenant encore une fois au premier film. Mais depuis le temps, on connaît carrément la formule arrivé au cinquième film, et finalement, on s’ennuie. Bon, et comme il faut en parler un peu, parlons du caméo de Jeff Goldblum qui aura fait crier tous les fans, car oui, ça ne dure que 3 minutes, le temps de deux scènes. Et finalement, ironiquement, j’ai trouvé que c’était le seul élément cohérent du film par rapport aux autres, le seul élément qui se tient depuis le début. Son personnage, Malcolm, a toujours eu le même discours sur les dinosaures, et là, il le garde, encore plus déterminé malgré sa présence ultra limitée à l’écran. Et rien que voir ce respect cohérent envers ce petit élément, et bien ça m’a fait plaisir. Dommage qu’après sa dernière intervention, le film ose nous offrir un plan des plus ridicules mettant en scène le T-Rex, rugissant face à un autre animal… De quoi se faire un bon facepalm 15 secondes avant le fond noir de fin. Quel gâchis !
Les plus
Quelques idées de mise en scène particulièrement bonnes
La première partie divertissante
Les moins
Le scénario, à déchirer et brûler
Incohérences, facilités, idées à la con, tout est là
L’ennui qui gagne le film dès sa seconde partie
En bref : Après un premier reboot/suite/on ne sait pas trop qui calquait un max Jurassic Park, cette première suite tente parfois de s’éloigner. Pour le meilleur (quelques superbes plans) mais malheureusement surtout opus le pire, car jamais un opus de la franchise n’aura été aussi bancal.