2019
Studio : Ubi Soft
Editeur : Ubi Soft
Genre : Ubi softage intensif
Multijoueur : Oui
Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, Xbox One, PC
Synopsis : L’action de Ghost Recon Breakpoint prend place en 2025. Jace Skell, un gourou des nouvelles technologies, s’est installé sur Auroa, une île fictive du Pacifique sud, pour y fonder une société utopique. Sauf que le milliardaire se fait rapidement déborder par la société de sécurité privée à laquelle il a fait appel.
Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas Ubi Softé. Depuis Far Cry 5. Est-ce que ça me manquait ? Pas du tout. Mais Ghost Recon Breakpoint, dernier opus de la saga, qui s’est fait lamentablement descendre à sa sortie pour pas mal de raisons, est donc en promo souvent à très bas prix un peu partout. Dommage pour Ubi Soft, tant mieux pour le joueur. Ou plutôt l’opposé, puisque du coup, Ubi Soft continue d’écouler des copies, tandis que le malheureux joueur lui va souffrir. Bref, je vous aurais bien parlé de mon passé avec la licence Ghost Recon, sauf que ce passé date en réalité de 2001, avec le tout premier jeu. Qui n’était d’ailleurs pas développé par Ubi Soft, mais juste édité. Autant dire que mes souvenirs sont vagues, et tant mieux, car du peu que j’en ai, ce nouveau Ghost Recon cuvée 2019 n’a plus rien à voir avec le premier jeu. Ou la licence. Ce n’est qu’un open world Ubi Soft de plus, qui contient tout ce que le studio fait avec chacun de ses jeux. En fait, c’est un peu comme le MCU… Prenez une map énorme et un peu vide, des camps un peu partout, une mission principale en soit rapide, du contenu annexe en pagaille, saupoudrez ça du dernier élément à la mode chez Ubi Soft, à savoir du light RPG et du loot en pagaille, ajoutez une énorme pincée de bugs et la même intelligence artificielle qu’en 2001, et vous obtenez Breakpoint. Soit un jeu qui n’a plus grand-chose à voir avec Ghost Recon, et qui aurait très bien pu s’appeler The Division 3, Watch Dogs 4 ou Far Cry 6, ça n’aurait strictement rien changé. L’ajout d’ailleurs de mécaniques qui semblent venir de The Division 1 et 2 vient un peu foutre la merde dans le programme.
Donc, de quoi ça parle ? Nous jouons un membre des ghosts, qui débarque sur une île paumée afin de comprendre pourquoi toutes les communications sont coupées. Rapidement, nos hélicoptères se crashent (mieux vaut ne pas être pilote d’hélicoptère dans un jeu), la plupart de notre équipe meurt, et on comprend que la force militaire de l’île a un peu pété un câble, en prenant le contrôle sur les créations de drones pour en faire des armes mortelles. On se rend rapidement compte qu’un vieil ami de notre personnage (apparemment présent dans le précédent jeu, que je n’ai pas fait) est à la tête de l’armée, et il va donc falloir tout faire pour aider la population, tuer nos ennemis, et bien entendu, mettre un terme à la menace en courant un peu partout sur l’énorme île. Et là, on se rend compte que pour chaque jeu Ubi Soft, c’est le même programme. Mais pourtant, au début ça fonctionne, lorsque l’on a enfin le contrôle de notre personnage. Les contrôles fonctionnent, il fait nuit, graphiquement ça a une bonne patte, on fait quelques headshots et l’ensemble répond bien. On trouve une radio, on nous emmène dans une base, qui fera office de hub, et de là, on accepte missions principales, secondaires, et nous voilà lancés dans la map à faire ce qu’on veut. Et très rapidement, le jeu trouve toutes ces limites. À tous les niveaux.
L’histoire déjà, simple au possible (il faut se venger et désactiver les drones), aurait pu être bien, mais le souci, c’est que son écriture ne fonctionne pas. Nous avons en effet une narration classique d’open world, qui vient donc ralentir le rythme général de l’intrigue pour privilégier l’exploration. Et du coup, quand enfin on fait avancer l’aventure, on se retrouve souvent devant des flashbacks venant développer les personnages mais qui tombent à l’eau. Niveau histoire donc, pas de quoi se relever la nuit, surtout avec ce grand méchant là juste pour s’emparer de drones et en faire des armes militaires pour une raison que l’on ignore un peu, à l’exception près que les flashbacks le font passer pour un con colérique la plupart du temps, abattant ses amis de sang froid (le cliché du bon gros méchant). L’histoire, ce n’est pas terrible, son écriture non plus, et ces personnages peu intéressants. Qu’en est-il de la manière dont cette histoire évolue, et donc, de notre exploration et de notre manière d’aborder notre environnement ? Là aussi, la douche froide, clairement, les missions et leurs designs, à quelques exceptions près, ne faisant pas dans l’originalité. Des missions d’infiltrations, de captures d’informations, des missions d’escortes (car on adore tous ça, on le sait). L’exploration n’est pas franchement récompensée puisque la map nous indiquera où sont les munitions à récupérer, les caisses à ouvrir, et l’emplacement des PNJ pouvant nous donner des missions secondaires. On se sert donc surtout de la map pour aller où il faut. Mais le jeu pouvait se rattraper sur tout le reste, et les équipes d’Ubi Soft avaient voulu mettre l’accent durant la promo sur la survie hmm hmm. Pardon, un chat dans la gorge !
Manette en main, on a vraiment l’impression de jouer à The Division, et pourtant, je n’ai testé que la béta du second opus, donc quelques heures seulement à mon actif. Traduction, on a un mélange de TPS et de FPS (une pression sur le stick droit et la visée passe en vue subjective) tout ce qu’il y a de plus classique et générique pour le genre. On avance, on tire, on se cache derrière une caisse ou un élément quelconque du décors, et le tour est joué, on prend une base. On se fait repérer ? Pas bien grave, on équipe la mitrailleuse, on tue tout le monde, et on en parle plus. Pas désagréable, les sensations de shoot étant tout à fait correctes pour le genre, mais vite très limité quand l’intégralité du jeu ne nous force qu’à… et bien, qu’à faire cela, en boucle. Alors niveau gameplay, on nous ajoute des compétences actives et passives, un choix entre 4 classes, un drone pour repérer les lieux et marquer les ennemis, la possibilité d’utiliser des lunettes de visions nocturnes ou infrarouges, mais passé les premiers camps que l’on infiltrera en utilisant toutes les techniques mises à notre disposition, on se lasse, et on préférera l’approche frontale, que le jeu permet de toute façon. Qu’elle est loin l’époque des assauts tactiques. Mais niveau gameplay, quelque chose vient annihiler toutes les bonnes choses, et c’est son aspect de light RPG et de loot, venu lui directement de The Division, et bien trop envahissant. L’aspect RPG, Ubi Soft tient à le mettre dans toutes ces licences. Parfois, ça marche, parfois non. Far Cry New Dawn, que je n’ai pas fait, était apparemment une catastrophe à ce niveau. Et bien pareil pour Breakpoint. Surtout que donc, on a un aspect loot très présent.
Le loot, totalement popularisé dans le genre du jeu de tir avec Borderlands (oui, j’ai testé le premier, joué une heure, et me suis fait chier, pas pour moi), est présent. Partout, tout le temps. On se demande bien alors pourquoi on peut utiliser des pièces pour améliorer notre équipement, sachant que le jeu nous force à en changer toutes les deux minutes. On avance, oh une caisse, on l’ouvre, et paf, un nouvel équipement. On tue deux ennemis, et on se retrouve avec une arme d’un meilleur niveau. Du coup, tous les 30 mètres, on ouvre le menu pour équiper quelque chose de nouveau, freiner le rythme de l’aventure, et clairement casser l’immersion. Triste, car niveau gameplay, il y a tout de même de bonnes sensations comme dit plus haut, et de bonnes idées, comme celle de s’allonger par terre et de pouvoir se couvrir de boue ou de neige pour être difficilement détectable. Agréable oui, et une bonne idée, mais c’est peu comparé au reste qui ne va pas. Et ne vous inquiétez pas, pour ceux qui ne veulent pas looter à tout va et changer d’équipement toutes les secondes, il reste la case micro transactions. OUI oui, c’est là, comme souvent depuis des années. Autant pour acheter des éléments pour nous faire gagner plus vite, que pour acheter des éléments de merde pour accrocher un truc cosmétique sur notre sac à dos.
Avec tout ça, on aurait pu dire de Breakpoint qu’il est un jeu moyen, mais pouvant plaire à ceux qui aiment l’aspect grind et loot des jeux, et qui n’ont pas peur de passer des heures à faire la même chose. Perso, j’ai tenté de me prendre au jeu pendant 20h, et finalement, le jeu a eu raison de ma patience et j’aurais bouclé le reste en ligne droite, en faisant ce que je m’étais refusé au début : utiliser des véhicules. Car qui dit open world dit véhicules et point de téléportations pour se déplacer plus vite. Deux mauvais choix ici. Les feux de camp pour se téléporter, les bivouacs comme ils disent, déclenchent quand on les utilise une animation prenant bien 20 secondes avant de nous amener à ce que Ubi Soft appelaient la survie. À savoir, 5 malheureux choix nous donnant un bonus pendant une heure (plus d’XP, ou de résistances aux balles), la possibilité de créer des objets (genre, des seringues de santé… avec des fleurs !), ou d’accéder à la boutique. Wow, que de survie ! Mais je vous parlais des véhicules. Moto, voitures, hélicoptères, on a de tout. Sauf que la maniabilité est affreuse. Les véhicules terrestres patinent comme pas permis et sont incontrôlables, tandis que les hélicoptères n’offrent aucune sensation. Et pourtant, quand on veut voir le bout du titre et découvrir de nouvelles zones, ben on s’y fait et on les utilise, en rageant parfois, ou en s’ennuyant lorsque l’on doit se faire 15 bornes en hélicoptère. Le verdict est sévère donc, mais il reste deux points capitaux à aborder. L’intelligence artificielle, totalement à la ramasse et qui ne semble pas du tout avoir évoluée en 20 ans déjà, là où des jeux comme F.E.A.R il y a plus de 10 ans montraient pourtant une grosse évolution avec des ennemis pas si cons que ça. Là, n’attendez rien, les ennemis vous foncent dessus, vous repèrent à travers les murs si l’alerte est donnée, ou parfois se cachent et oublient votre présence, où courent se mettre à l’abris mais restent bloqués contre un mur, où se perdent dans leur propre base. Quand les ennemis sont en véhicules, ce n’est pas mieux.
Et puis, que serait un jeu de 2019 sans les bugs hein ? Certes, on a des studios qui nous prouvent que les jeux peuvent sortir dans un état stable et finalisé, chez Capcom avec Resident Evil 2 par exemple, ou Kojima Productions avec Death Stranding, et à côté, il y a Bethesda et Ubi Soft. Breakpoint est buggé, jusqu’à la moelle. Temps d’affichage tardif, des freezes lors de l’utilisation de bivouacs, des ennemis qui disparaissent, des textures que l’on traverse, parfois même le sol pour tomber à l’infini, des tirs qui ratent sans raison, des morts injustes alors que l’on n’était pas dans le périmètre d’une grenade, des ennemis qui meurent mais ont des animations en deux temps (je tombe, et après 3 secondes, j’ai enfin le spasme final et l’animation de mort). La liste est tellement longue que tout lister prendrait facilement trois ou quatre pages sous Word. Et bien entendu, il y a la connexion obligatoire, même lorsque l’on joue, comme moi, en solo. Très intelligent, surtout quand les serveurs d’Ubi Soft sont juste catastrophiques. Car oui, même trois mois après son lancement, je voulais montrer le jeu à un ami rapidement, et là, impossible de se connecter à leurs serveurs, et donc impossible de jouer. Ne parlons pas du coup des contraintes de ça, en cas de coupure internet, de déménagement, de changement de fournisseur d’accès, ou pour toute personne ayant une connexion lente, une connexion partagée, ou ceux vivant à plusieurs et où tout le monde utilise la connexion. Un choix qui n’a aucun sens, si ce n’est, sans doute, de fliquer un peu plus le joueur, et de s’assurer de la légalité du jeu auquel il joue. Une liste de défauts énorme qui m’aurait fait boucler l’aventure le plus rapidement possible, avant d’effacer le jeu de ma Playstation 4 pour ne plus en entendre parler. Une chose est sûre, c’est qu’Ubi Soft va devoir faire du gros boulot pour se rattraper. Comme Bethesda, mais c’est une autre histoire.
Les plus
Parfois beau
L’aspect shooter répond bien
Quelques éléments de gameplay bien trouvés
Les moins
Un jeu ultra buggé
Le loot, envahissant
Les microtransactions
Un open world peu passionnant
Le gameplay en véhicule
L’aspect survie ridicule
En bref : Dernier opus de la saga Ghost Recon, Breakpoint accumule les fautes impardonnables. Des bugs en pagaille partout, des armes et équipements que l’on change toutes les 20 secondes, une histoire peu intéressante, des idées jamais explorées.