Titre original : Miracles: The Canton Godfather – Black Dragon – Qiji – 奇蹟
1989 – Hong Kong
Genre : Drame
Durée : 2h19
Réalisation : Jackie Chan
Musique : Su Cong
Scénario : Edward Tang et Jackie Chan
Avec Jackie Chan, Anita Mui, Rose Gua, Wu Ma, Michael Chow, Fung Hak On, Ricky Hui, Ray Lui, Dick Wei, Mars, Richard Ng, Gloria Yip et Bill Tung
Synopsis : Dans le Hong Kong des années 30, Kuo Cheng-Wah, surnommé Charlie, est un jeune émigré qui débarque pour trouver du travail. Après s’être fait arnaquer, il sauve un peu par accident la vie d’un chef de gang, qui trouve pourtant la mort. Mais avant de mourir, le chef le désignera comme son successeur. Il va ainsi reprendre les affaires du gang, et ouvrir un cabaret où il fera chanter Yang Luming, qui deviendra sa compagne. Les choses se compliquent lorsqu’il voudra aider une vieille dame à qui il achète une rose par jour, lui portant chance.
En 1989, Jackie Chan venait de sortir d’une année bien remplie. En effet, il avait signé l’année précédente un très bon Police Story 2, et tenu le rôle principal dans Dragons Forever de son ami Sammo Hung. Deux gros films, bourrés de cascades et d’action. Jackie Chan décide alors de surprendre un peu son monde, en livrant un métrage, qui bien que contenant les ingrédients clés de son cinéma (quelques romances, comédie de situations, cascades et kung-fu), prend une orientation différente en mettant largement en avant la partie dramatique de son récit, et donc, bien plus développée que dans ses précédents métrages. Pour se faire, Chan décide de livrer sa version d’un film de Frank Capra, Lady For A Day (La Grande Dame D’un Jour), de 1933, dont Capra livra lui même un remake en 1961 avec Pocketful of Miracles (Milliardaire pour un Jour). Pour se faire, il sera aidé d’un casting 4 étoiles (outre des habitués, comme Richard Ng dans le rôle d’un policier un peu stupide, Bill Tung dans le rôle d’un petit arnaqueur qui se fera passer pour un riche, on trouvera la grande Anita Mui, que Jackie Chan retrouvera en 1994 pour Drunken Master 2 et en 1995 avec Rumble in the Bronx) et d’un budget très confortable de 64 millions de dollars HK (le film n’en rapportera que 34 là bas). Et on peut le dire facilement, si en terme de comédie ou d’action pure, Big Brother n’est pas le meilleur film de Jackie Chan, il se hisse tout de même parmi les meilleurs grâce à ses autres qualités, notamment son aspect dramatique, et donc ses personnages plus travaillés, et sa reconstitution d’époque absolument sublime, mise en valeur par une très belle mise en scène (la meilleure mise en scène de Jackie).
Visuellement, le film est une petite merveille, intelligemment pensée. Les plans sont esthétiques et mettent en valeur les gigantesques décors, intérieurs comme extérieurs, le montage est fluide et sans aucunes fausses notes (parfois, les coupes entre les scènes étaient brutales autrefois), la photographie est élégante. Oui, c’est quasiment un sans faute, on se croirait vraiment à l’époque, et c’est un plaisir pour les yeux. Si Jackie Chan a travaillé la forme de son métrage, il a également bossé à fond le scénario avec son collaborateur de toujours Edward Tang. Incroyablement rythmé comme souvent et mixant toujours pas mal d’éléments tels que la comédie, l’action, la romance, les deux compères ajoutent du drame, et le font bien. Les personnages seront en effet bien développés, et une grande partie du récit leur laissera la parole. Ainsi, en terme de travail d’écriture pur et dur, Big Brother est sans aucun doute le film le plus abouti de Jackie Chan, dans sa version intégrale de 2h05 bien évidemment.
Pour la première fois d’ailleurs (ou une des premières fois), le scénario ne se base aucunement sur l’action ou sur la manière d’amener des scènes d’actions démentielles, mais sur les personnages et leurs évolutions, les interactions entre eux. Et c’est réussi, les personnages, qu’ils soient comiques ou sérieux, sont totalement attachants, notamment les deux personnages féminins principaux. On trouve d’un côté Anita Mui en chanteuse, compagne de Jackie Chan, le poussant à toujours faire de bonnes actions. Elle trouve sans doute ici un de ses meilleurs rôles, tour à tour drôle (elle le sera également beaucoup dans Drunken Master 2 en jouant la mère de Jackie) ou touchante. Mais la partie dramatique du film sera surtout gérée par Rose Gua, jouant une vendeuse de rose se faisant passer pour une riche aux yeux de sa fille. Les vrais problèmes dramatiques du film, à part les guerres de gangs, surviendront avec ce personnage, que le couple principal décidera d’aider, quoi qu’il en coûte.
Et oui, plus le film avance, plus les personnages vont se lancer dans des situations folles, à base de kidnapping, ou en recrutant des personnes pour qu’ils se fassent passer pour quelqu’un d’autre. Ainsi, Bill Tung, fidèle collaborateur de Jackie depuis le premier Police Story en 1985, et ce jusque Contre-Attaque en 1996 (8 films pour lui en tout) et le très drôle Richard Ng qui avait déjà tourné auprès de Jackie Chan pour la saga des My Lucky Stars (Le Flic de Hong Kong) se chargent principalement de la partie comique, souvent bien drôle quand on adhère à cet humour improbable ou les personnages font preuve parfois d’une assez grande stupidité. Si l’action, elle, se fait beaucoup plus rares que dans les films précédents (et suivants) de Jackie Chan, il nous offre quelques morceaux de choix, avec notamment un combat impressionnant et extrêmement bien chorégraphié où il affronte plusieurs ennemis en se servant d’échelles et de cordes pour vaincre. Le combat (la poursuite plutôt) dans la rue sera également un très bon moment, nous rappelant que l’on se trouve bel et bien devant un film de Jackie Chan, plus travaillé que d’habitude et mettant bien plus en avant le côté dramatique que le côté cascades. Jackie fait donc ici preuve d’un peu plus de maturité, tout en restant fidèle à lui même dés qu’il le peut. Alors certes, on pourra toujours dire que l’émotion est un peu trop facile sur la fin, qu’il y a moins de combats que d’habitude, mais Big Brother reste un très grand moment dans le carrière de son auteur.
Les plus
Partie dramatique plus développée que d’habitude
Un combat final génial
De grands acteurs, pour le comique et l’émotion
Les moins
Parfois un peu facile certes
En bref: Big Brother (Miracles) est un film différent pour Jackie Chan, qui tout en restant fidèle à lui même, mise beaucoup plus sur l’émotion et l’aspect dramatique. Quand en plus, c’est parfait visuellement, que demander de plus.