Titre original : Phantasm Ravager
2016 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h25
Réalisation : David Hartman
Musique : Christopher L. Stone
Scénario : Don Coscarelli et David Hartman
Avec Reggie Bannister, A. Michael Badlwin, Bill Thronbury, Kathy Lester, Dawn Cody et Angus Scrimm
Synopsis : Reggie se retrouve perdu entre plusieurs niveaux de réalité, où il essaye de retrouve son ami Mike, ainsi que son frère Jody, afin de combattre une dernière fois le Tall Man.
Ah Phantasm ! Phantasm et moi, c’est une grande histoire d’amour. Comme d’autres sagas, comme Hellraiser par exemple, j’ai découvert le premier Phantasm très jeune, merci aux VHS de mon oncle. Très jeune, très impressionnable, je n’avais certes rien compris, mais je savais que j’avais devant les yeux un film unique, un univers fort. J’avais vu et aimé dans la foulée le second opus, puis vint le troisième opus découvert en location en VHS à l’époque, et bien que j’avais détesté (et que j’ai toujours beaucoup de mal avec cet opus), la saga Phantasm avait toujours une place de choix dans mon coeur. Puis vint finalement en 1998 le quatrième opus, Phantasm Oblivion, que j’ai découvert grâce au dvd zone 1 (seul le troisième opus existe en dvd en France…), un opus assez décrié que j’avais pourtant adoré, et adore toujours, un retour aux sources, à l’ambiance du premier opus. Bref, Phantasm, j’adore, malgré des défauts évidents, souvent dus aux budgets des films, ridicules. 300 000 dollars pour le premier opus, 3 millions pour le second, 2,5 millions pour le troisième, et 650 000 pour le quatrième. Oui, vu les ambitions des projets, la mythologie derrière, ce n’est pas des masses. Mais l’ambiance est tellement excellente, l’univers tellement prenant, unique, nous plongeant dans un cauchemar terrifiant où tout est possible, que moi, je pardonne ! Enfin, sauf le troisième opus, beaucoup plus orienté action ! L’idée d’un cinquième film n’est pas nouvelle. Dés 2004 en réalité, Don Coscarelli, créateur de la saga, réalisateur et scénariste de tous les opus, parlait de la possibilité de livrer un cinquième film.
Entre cette annonce, des négociations pour un reboot avec New Line Cinema en 2005, des rumeurs finirent par arriver en 2012. En effet, Don Coscarelli aurait filmé, enfin, écrit et produit un nouveau Phantasm, tourné en cachette en 2012 et 2013 par David Hartman. Et finamement, c’est en 2014 que l’annonce de la finition du film débarque, avec en plus, un trailer, faisant à la fois vibrer le fan, mais faisant également peur. L’attente allait être longue, puisque c’est finalement le 4 Octobre 2016 que débarque enfin Phantasm Ravager ! 18 ans après le quatrième opus, 37 ans après le premier opus, et malheureusement, 10 mois après le décès de Angus Scrimm, l’acteur emblématique du Tall Man dans la saga. Bref, je m’égare avec cette longue introduction témoignant de mon amour pour Phantasm. Que vaut ce Phantasm Ravager ? Le fan à l’intérieur de moi dira qu’il a eu ce qu’il voulait. Le cinéphile lui sera par moment un peu plus sévère. Phantasm Ravager s’adresse aux fans (Phans), et à eux avant tout ! Des fans là depuis longtemps, qui sauront, comme à l’époque du premier film, pardonner les défauts évidents de l’œuvre pour vivre une nouvelle et dernière aventure surréaliste aux côtés de Reggie, Mike, Jody et du Tall Man. Car des défauts, ce Phantasm Ravager en a. Des tas ! Mais le fan lui, dés la première image, aura des frissons, en entendant le fameux thème du film, et en voyant Reggie avancer dans le désert, en direction de la caméra, tenant dans la main son fameux double fusil à canons sciés (oui, donc, quatre canons !).
Et très rapidement, on comprend que comme pour tous les autres opus, le budget de Phantasm Ravager ne devait pas être grand. Et par moment, vu les ambitions du projet, il n’arrive absolument pas à le cacher. Soyons cash dés le départ, Phantasm Ravager souffre, visuellement, de deux gros défauts. En premier lieu, le film souffre d’une photographie naturelle qui sent le tournage numérique low cost. Autant dans les scènes intérieurs, avec quelques éclairages plus colorés, cela ne dérange pas, autant dans certaines scènes extérieures, notamment lorsqu’il y a beaucoup de verdure, cela passe beaucoup moins et agresse limite les yeux. Là est le premier gros défaut de ce nouvel opus. Second défaut, les CGI. Je sais que je suis extrêmement chiant à citer sans arrêt les mauvais CGI dans tous les films que je regarde dernièrement, mais je n’y peux rien, je fais parti de la vieille école. Un mauvais maquillage pourra faire rire, un mauvais effet numérique m’agressera la rétine ! Phantasm Ravager déborde de ces effets là. Des boules volantes en CGI, des boules géantes en CGI, des giclées de sang en CGI, quelques décors et incrustations en CGI. On va en bouffer. Oui, le fan que je suis aura bien mis 40 minutes à s’y faire, mais je m’y suis fais au bout du compte.
Car la grande force de Phantasm Ravager, outre le fait de nous permettre de retrouver ce que l’on aime dans Phantasm (c’est-à-dire les personnages, l’ambiance, l’univers), c’est indéniablement son texte, son propos, et donc, l’évolution des personnages et de ce propos au fur et à mesure des années. Rappelez-vous, Phantasm, c’était un film sur Mike, un petit garçon. Dans Phantasm 2, Reggie prenait de l’importance (et avait son fameux fusil à 4 canons, bad-ass !), et Mike était un jeune adulte. Phantasm 4 par contre mettait encore plus Reggie en avant, mais bouclait le film par une note nostalgique qui m’avait personnellement beaucoup plu. Phantasm Ravager lui ne nous parle pas de la jeunesse, ni de nostalgie (enfin si, la nostalgie du fan), mais de la vieillesse. Il nous invite à un voyage, le dernier voyage auprès de ces personnages que l’on aime, et ce à travers différents niveaux de réalités. Tout commence sagement, presque sans surprises, faisant que l’œil du cinéphile s’attarde sur les défauts cités plus haut, puis le métrage plonge corps et âme dans son univers et nous livre ces premières clés, et tout trouve son sens. Les défauts sont alors pardonnés et on se laisse guider par Reggie, à qui l’on demande de laisser ses amis. De tourner la page, d’évoluer en quelque sorte. Au final, Reggie, c’est le spectateur. Don Coscarelli nous remercie pour ce voyage sur tant d’années, et nous dit clairement qu’il est temps que nous tournions également la page.
De nombreuses scènes sont alors pleines d’émotions. La première scène remettant tout en cause, où Reggie est dans un hôpital avec Mike lui rendant visite et lui apprenant qu’il a tout imaginé, qu’il souffre de démence, est par exemple un grand moment. Reggie se retrouve dés lors perdu, entre l’hôpital, un hôpital désaffecté où Mike viendra le sauver d’un univers apocalyptique contrôlé par les sphères, un mausolée où il retrouvera une femme (du premier opus, clin d’œil nostalgique), et même quelques souvenirs, qui ne sont peut-être pas les siens. Le Tall Man bien entendu est au centre de tout et nous délivre des moments tout simplement excellents, venant en quelque sorte boucler la boucle, apporter quelques nouvelles révélations, mais surtout, Phantasm oblige, de nouvelles questions. La narration est totalement fracturée, les éléments narratifs nombreux, tous les personnages sont là (on retrouvera même Rocky du troisième opus), et l’on se met alors à adorer ce nouveau Phantasm. Oui, sa photographie est perfectible, oui les CGI piqueront les yeux jusqu’à la dernière image, et pourtant, Phantasm Ravager contient ce qu’un Phantasm doit contenir.
Car ce nouvel opus contient bel et bien le cœur de l’univers de Phantasm. Je ne parle pas seulement des personnages, de sa musique (signée Christopher L. Stone, qui avait cosigné la musique du quatrième opus, Fred Myrow étant décédé peu de temps après la sortie du quatrième), de sa narration fracturée. Non, Phantasm Ravager a capturé vraiment le cœur de l’univers pour le retranscrire. Chaque élément que le fan peut attendre sera présent (le Tall Man, les sphères, les nains, les lieux bien connus), mais également les bruitages qui pour le connaisseur, révélera avant même que l’on puisse le voir les éléments qui approchent, mais surtout, la continuité des thèmes abordés, le respect de l’ambiance, et le respect de tout ce que Coscarelli a instauré. Étant coscénariste du film, cela semble normal il est vrai, mais pour une suite aussi tardive, c’est assez rare pour le souligner. Et il parvient à plutôt bien doser les aspects rappelant les opus 2 et 3 (plus orientés action) et l’aspect cauchemardesques des opus 1 et 4. Cela reste la plus grande force de ce nouvel opus pour les fans, mais également sa plus grande faiblesse pour ceux qui ne connaissent pas l’univers. Car eux, en plus de voir les défauts du métrage, ne comprendront rien, trouveront l’ensemble extrêmement brouillon et gueuleront face au manque de réponse. Mais un Phantasm qui nous offrirait toutes les réponses, ce ne serait définitivement pas un Phantasm ! Phantasm Ravager est donc un film respectueux mais bourré de défauts, un film de fan pour des fans, qui laissera tous les autres derrière.
Les plus
Retrouver les personnages
L’univers respecté
Le propos du film, pertinent
Beaucoup de nostalgie
Les moins
Une photographie pas toujours fameuse
Les CGI, franchement affreux
En bref : Un ultime opus qui plaira aux fans… et uniquement aux fans ! Il faut cela pour passer outre de très gros défauts visuels, et voir la sincérité qu’il y a derrière, et ainsi apprécier le film.