Titre original : Les Raisins de la Mort
1978 – France
Genre : Horreur
Durée : 1h30
Réalisation : Jean Rollin
Musique : Philippe Sissman
Scénario : Jean Rollin, Jean-Pierre Bouyxou et Christian Meunier
Avec Marie George Pascal, Felix Marten, Serge Marquand, Mirella Rancelot, Brigitte Lahaie, Patrice Valota et Patricia Cartier
Synopsis : Une jeune femme découvre la présence d’un pesticide sur les vignes des propriétés environnantes. Elle apprend rapidement que le produit est très toxique : tous ceux qui goûtent au vin produit par les grappes contaminés deviennent de dangereux zombies tueurs.
Après l’échec financier en 1975 de Lèvres de Sang, Jean Rollin aura bien du mal à continuer sa carrière. Mais choisissant de ne pas s’arrêter, il se tourne vers le milieu du X en signant sous le nom de Michel Gentil 11 films rien qu’entre 1976 à 1978 (avec de beaux titres : La Romance Lubrique, Saute-Moi Dessus, Vibrations Sexuelles, Remplissez-moi…les trois trou !). Mais en 1978 justement, un film va lancer une mode, qui si elle était déjà présente, n’avait pas encore la même notoriété. Je veux parler bien entendu de Zombie (Dawn of the Dead) de George A. Romero, produit par Dario Argento. Le producteur de Lèvres de Sang s’associe alors avec un autre producteur pour produire le premier film français de ce genre. Et c’est à Jean Rollin qu’ils firent appel. L’homme accepta, bien que n’aimant pas les films de zombies, mais voyant là une façon de sortir du cinéma X. Il signe néanmoins le scénario, se permettant ainsi quelques éléments typique de son cinéma, à condition bien entendu de respecter le cahier de charge. Cela s’en ressent clairement au visionnage, puisque le métrage lorgne finalement plus du côté de Rage de David Cronenberg que du film de zombies, et surtout, il se fait plus sanglant que les films personnels de Rollin. Avec un budget d’un million de francs (soit beaucoup – mais vraiment beaucoup – plus que ses films précédents), Rollin peut également embaucher des acteurs plus professionnels. Et de son passage dans le X, il amènera avec lui Brigitte Lahaie.
Les Raisins de la Mort donc, un film impersonnel, commercial, mais ayant néanmoins une petite touche Rollin dans la mise en scène, certains lieux. Pourtant, pas de cimetière ici, ni de vieux châteaux gothiques. Les Raisins de la Mort est clairement plus contemporain. Mais également clairement plus professionnel et rythmé que ce que Rollin nous avait habitué par le passé. Plus accessible donc (oui, il y a même des dialogues), le film nous montre une contamination, la faute à un pesticide utilisé dans les vignes. Le vin est donc contaminé et fait devenir les gens fous ! Voilà un procédé qui pourrait s’avérer utile contre les alcooliques un peu trop gênants de nos jours… Les vingt premières minutes du métrage fonctionnent parfaitement, posant une ambiance avec une musique étrange (et kitch oui) mais qui fonctionne clairement. J’ai personnellement plutôt bien adhéré à l’ambiance proposée par Rollin dans son métrage, malgré quelques moments moins réussis et perfectibles. Nous suivons notre héroïne, Elizabeth, qui va fuir l’épidémie. Malgré quelques hésitations dans la manière de filmer les meurtres au début du métrage (on sent que Rollin n’y tenait pas réellement), l’ensemble prend plutôt bien, et se fait sérieusement emballé.
Rollin ne cède pas à ses pulsions habituelles, la nudité sera très peu présente dans le métrage (allez, deux plans et c’est tout !), ce qui en fait clairement une œuvre à part. Pourtant, comment ne pas penser à ses anciens films lorsqu’Elizabeth arrivera dans un village désert avec une jeune aveugle. Plans mettant le décor en valeur, ambiance limite gothique… oui du pur Rollin. Malheureusement, le rythme va faiblir plusieurs fois pour se poser, et le métrage devenir ainsi moins intéressant. Rollin heureusement sait comment réveiller le spectateur, en nous proposant quelques effets gore plutôt sympathiques (la décapitation, ouvertement montée, étonnant pour un film français de 1978), ou Brigitte Lahaie qui se dénudera une fois, tout de même ! Lors de la dernière partie du métrage, il tentera de nouveau de surfer sur son univers personnel, tentant d’imprégner certains événements d’un romantisme certain et bienvenu, ramenant encore l’œuvre au Rage de Cronenberg, sans en atteindre évidemment la puissance et l’impact. Bien que parfois bancal et hésitant, Les Raisins de la Mort délivre la marchandise que l’on peut attendre à la fois d’un film de Rollin et d’un film d’exploitation dans les années 70. Sympathique et accessible pour les non connaisseurs. Dommage que la seconde incursion de Rollin dans l’univers des zombies sera le triste Lac des Morts-Vivants.
Les plus
Mieux rythmé que d’habitude
Des acteurs également meilleurs
Des effets gore bien sympas
De beaux plans
Les moins
Un film parfois un peu trop hésitant
Un rythme mieux, mais en dents de scie tout de même
En bref : Film de commande, Les Raisins de la Mort possède de bons effets et une ambiance particulière intéressante. Pas parfait bien entendu, mais sympathique.