Titre original : No One Lives
2012 – Etats Unis / Angleterre
Genre : Horreur
Durée : 1h26
Réalisation : Kitamura Ryûhei
Musique : Jerome Dillon
Scénario : David Lawrence Cohen
Synopsis : Une bande de tueurs sans merci qui kidnappe un riche couple qui voyage à travers le pays découvre que les choses ne sont pas telles qu’elles y paraissent …
No One Lives, second et dernier film Américain de Kitamura Ryûhei, sera passé totalement inaperçu. Boudé par les critiques, sortant en vulgaire DTV en France et pas forcément apprécié du public, c’est à n’y rien comprendre. Certes, le métrage n’invente rien et n’en a même pas la prétention, mais autant en le prenant comme un simple film de genre qu’en le prenant comme une suite de la carrière de Kitamura, il se révèle hautement divertissant, et même plutôt bon. L’histoire est simple, et pas franchement nouvelle ni originale. Une bande de truands après un coup qui se passe mal tombe sur un couple en plein voyage. Un couple tout à fait normal, et l’un des truands y voit là une opportunité. Le couple est donc kidnappé afin que la bande puisse leur soutirer de l’argent et bien plus. Seulement No One Lives est un survival, mais qui inverse les rôles. En fait non, il ne les inverse même pas, il apparaît clair dés que la situation devient incontrôlable que notre personnage principal joué par Luke Evans (Dracula Untold, Fast & Furious 6) n’a jamais été une victime qui va se rebeller pour survivre, mais est bel et bien le prédateur. Les truands n’ont jamais étés un danger pour lui, mais sont ces proies. Et dans son jeu de massacre, il n’y a qu’une seule règle : No One Lives. Alors commençons par ce qui fâche tout de suite. Le scénario donc n’est pas bien original, les personnages ne sont pas forcément bien développés, ils s’en tiennent à leur stéréotype et puis c’est tout. Mais cette simplicité extrême du traitement est ici au service d’autre chose, chose que Kitamura ne nous habitue pas franchement au fur et à mesure de ses films : l’efficacité.
Car No One Lives ne dure que 1h25 à peine, et n’a aucun temps morts. No One Lives est un survival hyper efficace, hyper gore également, et on ne voit pas le temps passer. À croire que tourner en Amérique, même avec un maigre budget (après Midnight Meat Train, celui-ci n’a coûté que 2,9 millions), supprime les tares de Kitamura. Son métrage n’est pas poseur, n’est pas prétentieux, ne parle pas pour rien dire, tout va vite, et du coup, il est possible de profiter de la maîtrise technique du réalisateur. Si le budget n’est pas élevé, Kitamura s’en moque, sa caméra est affutée, il sait ce qu’il veut, ce qu’il doit filmer, où placer sa caméra, et comment rendre son montage dynamique. Un aspect bien trop rare du monsieur est donc bel et bien présent ici, comme dans Midnight Meat Train d’ailleurs. Une maîtrise technique au service d’un scénario ultra simple mais qui va à l’essentiel, pour un résultat viscéral qui fait plaisir. Pas de personnages poseurs non plus ici, mais des personnages qui du coup ressemblent plus (enfin, plus ou moins) à des humains normaux, qui parlent, saignent, et quand ils doivent mourir, flippent. Pas de discussions franchement prétentieuses, même si notre antihéros (qui n’a pas de nom d’ailleurs) a une morale que l’on pourra juger de prétentieuse, mais cela accompagne bien le personnage. Pas de kung-fu non plus, ni de combats au sabre, ni de zombies. Kitamura change de registre et ça fait du bien.
Par contre, là où Kitamura reste fidèle à lui-même, c’est dans la violence, c’est extrêmement graphique, très gore, légèrement too much, si bien que l’on pourrait dire que ça flirte souvent avec le Z qui tâche, mais ça fonctionne, surtout que le ton est noir et la violence sèche. Et malgré ses personnages stéréotypés, les acteurs font le boulot, en particulier les premiers rôles, si bien que l’ensemble prend bien. Luke Evans est charismatique en tueur psychopathe et froid, tandis que Adelaine Clemens (Silent Hill Revelations) est crédible en victime prête à tout. On trouve également dans un rôle un peu court Lee Tergesen (The Collection, sympathique lui-aussi d’ailleurs). Bref, No One Lives, malgré un scénario simple mais plutôt bien amené prouve que Kitamura peut livrer du cinéma, du vrai cinéma j’entend, même si cela reste un film de genre, et donc pour certains un vulgaire film de genre. C’est gore, ça tâche, ça n’ennuie jamais, ça assume la simplicité de son propos et de ses personnages, et c’est très bien filmé. On pourra même dire que quelques moments essayent de poser une ambiance lourde, comme lors de la première rencontre entre le couple et la bande de truands dans le restaurant, où l’on sent immédiatement une tension anormale entre les trois personnages. Malheureusement pour Kitamura, il retournera au Japon ensuite pour livrer Lupin III en accueillant à bras ouverts tous les défauts de son cinéma : c’était lent, poseur, chiant au possible, pas très bien joué, et pas loin d’être son pire film. C’est rare que je dise ça, mais Kitamura, revient en Amérique s’il te plait !
Les plus
Court et rythmé
Ultra gore
Simple mais allant à l’essentiel
De bons acteurs
Les moins
Un scénario simple
Les personnages certes un peu clichés
En bref : Seconde réussite en Amérique pour Kitamura. C’est ultra gore, ultra divertissant, très court, et du coup, ça supprime pas mal des défauts habituels du réalisateur. De la bonne série B qui ne se prend pas la tête.