HYPNOTIC de Robert Rodriguez (2023)

HYPNOTIC

Titre Original : Hypnotic
2023 – Etats Unis
Genre : Inception du pauvre
Durée : 1h33
Réalisation : Robert Rodriguez
Musique : Rebel Rodriguez
Scénario : Robert Rodriguez et Max Borenstein

Avec Ben Affleck, Alice Braga, JD Pardo, Dayo Okeniyi, William Fichtner, Jeff Fahey, Jackie Earle Haley, Zane Holtz et Ruben Caballero

Synopsis : Déterminé à retrouver sa fille, le détective Danny Rourke enquête sur une série de braquages qui pourraient être liés à sa disparition. Mais les criminels qu’il poursuit sont bien plus machiavéliques qu’il ne l’imaginait : ils hypnotisent des innocents pour qu’ils commettent des crimes contre leur volonté. Personne ne semble à l’abri. Pour les déjouer, Rourke va devoir se méfier de tout le monde…

Robert Rodriguez, ça a toujours été un cas à part dans la cinéphilie de beaucoup, autant détesté qu’adoré, pour de bonnes et mauvaises raisons dans les deux camps. Pour moi, il y a surtout le Robert Rodriguez de ses débuts, avec Desperado, Une Nuit en Enfer, The Faculty (et quelques écarts par la suite comme Planet Terror), puis il y a le Robert Rodriguez par la suite qui veut tout faire tout seul, mettre des CGI partout et surtout, toucher un public familial la plupart du temps. Quand bien entendu il ne vise pas la famille, il part dans des délires qui n’ont de drôle que leur concept. Dans tout ça, il y a Machete et sa suite, les trop nombreux Spy Kids, Shark Boy and Lava Girl. Bref, quasiment tout ce que Rodriguez a fait depuis le début des années 2000. Là où ses films étaient attendus par beaucoup à une époque (jusque Planet Terror on dira), maintenant, ses films sortent dans l’indifférence totale, lorsqu’ils sortent chez nous. Son dernier bébé, Hypnotic, est un cas à part. Si l’on en croit monsieur Rodriguez, le projet date du début des années 2000, et son idée aura été réécrite pour le film que l’on connait maintenant, réécrite par lui-même et par Max Borenstein, à qui l’on doit en grande partie le Monsterverse chez Warner (oui, Godzilla VS Kong donc…). Mon petit Robert, tu as peut-être eu l’idée il y a 20 ans, mais à l’écran, on dirait plutôt que tu t’es tapé la filmographie de Christopher Nolan en une semaine avant de te dire « moi aussi je peux le faire », et en condensant le tout en une durée d’à peine 1h30, histoire de faire plaisir aux détracteurs de Nolan en prouvant au monde que oui, on peut jouer sur la psyché et les twists sans pour autant faire durer son film entre 2h30 et 3h. C’est bien Robert, il faut avoir de l’ambition dans la vie. Par contre, vu ton manque de subtilité en général, je ne suis pas sûr que de te lancer dans ce genre de métrage jouant sur les twists, la réalité et tout ça, ce soit une bonne idée. Tu t’attaques à beaucoup plus fort que toi. Et ne va pas croire que l’on sera clément envers toi car ton budget est de seulement 70 millions de dollars, ta durée de juste 1h33 et car ton film est fait en famille.

Racer Rodriguez produit aux côtés de papa, Rebel Rodriguez compose la musique pour son père, papa Rodriguez évidemment réalise, coécrit, monte et s’occupe en partie de la photographie de son film… Rodriguez a au moins laissé ses autres enfants loin du métrage. Car Hypnotic, sans surprises, ce n’est pas bon. Ce que l’on ne pouvait pas imaginer par contre, c’est que c’est si débile tout en se prenant autant au sérieux que ça en devient hautement divertissant dans sa connerie. En gros, quand Rodriguez veut faire rire avec Machete par exemple, il épuise vite et irrite, et quand il veut être sérieux, il fait rire par la bêtise de son scénario. Un exploit ? Sans doute. Hypnotic, c’est Ben Affleck, qui a bien du mal à rebondir depuis la débâcle du DCEU, un flic dont la fille a disparue, et qui, en enquêtant sur des braquages, trouve une piste (comme par hasard) et se retrouve en plein milieu d’une guerre entre hypnotiques, des personnes qui peuvent avec une simple phrase vous retourner le cerveau. Le voilà donc, avec Alice Braga possédant ses pouvoirs là, à fuir le grand méchant William Fichtner pendant 1h30, dans des scènes de poursuites souvent peu impressionnantes, et avec en prime, une course poursuite en motocross rappelant un peu trop Desperado 2. Mais le pire dans tout ça, c’est que si le métrage parviendrait presque à faire illusion pendant dix minutes, il se flingue de lui-même dés lors qu’Alice Braga débarque dans le métrage pour nous expliquer en long, en large et en travers son concept, mais surtout venant mettre en marche la structure narrative du film qui va se mettre en boucle toutes les 15 minutes, quitte à renier tout ce que le métrage nous a déjà expliqué l’instant précédent. En gros, oui, qu’est-ce que c’est con ! On nous explique par exemple que notre Ben Affleck est super doué et que l’on ne peut pas le manipuler car son esprit est fort, juste avant que le méchant ne parvienne à le faire halluciner deux scènes plus tard.

Puis encore deux scènes plus tard, voilà que Ben, il est tellement doué que maintenant lui aussi il a des pouvoirs. Si tout cela n’a aucun sens pour vous, rassurez-vous, c’est car ça n’a souvent aucun sens, et que bien entendu, le scénario se veut tellement malin qu’il se transforme en une avalanche sans queue ni tête de twists arrivant les uns derrière les autres, venant souvent contredire ce que l’on vient de voir, mais pas grave, c’est car c’est sophistiqué vous voyez ? Et tout cela jusqu’aux derniers instants du métrage, où les grands méchants poursuivent Ben jusqu’à une maison reculée, mais qu’en fait, non, tout cela est une illusion. Seulement quand Ben arrive, il est déjà dans l’illusion, alors qu’il est seul, et que cette illusion n’a même pas encore de raison d’être. Ça parait peu, certes, mais ça pendant 1h33 non-stop, c’est tout de suite différent, et ça en devient hilarant. Hypnotic devient alors un métrage étrange, un ratage quasi intégral qui se prend tellement au sérieux qu’il en devient divertissant. On a beau retrouver certains habitués du cinéma de Rodriguez, comme Jeff Fahey, il en faudrait sacrément plus pour relever le niveau d’une barque qui coule à vitesse folle. Ça se veut ambitieux, ça veut rendre hommage à Christopher Nolan, à Brian De Palma, à Alfred Hitchcock, mais ça n’en a jamais même pas 10% de leur talent, de leur originalité, de leur savoir-faire. Dans le fond, c’est aussi sans doute pour ça que Hypnotic est aussi drôle. Car il se plante dans ce qu’il entreprend, en étant persuadé d’être un futur classique en rendant hommage à tous ces grands films du passé. Au final, la seule chose qu’il parvient véritablement à faire, outre nous faire rire et donc nous permettre de tenir pendant 1h30 devant notre écran avec un sourire gêné, c’est de nous donner envie de revoir justement ces classiques d’antan.

Les plus

Tellement stupide que ça en devient divertissant
1h33, la torture sera de courte durée

Les moins

Des twists partout, tout le temps
Le film se contredit tout le temps
C’est vraiment souvent très con
Filmé platement

En bref : Hypnotic pourrait presque être un plaisir coupable, tant son côté débile le rend hallucinant et divertissant. Mais au bout du compte, on se dit surtout que le film veut rendre hommage à des films qui lui sont bien meilleur, et que la vie est trop courte pour perdre 1h33.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ So stupid it becomes entertaining
♥ 93 minutes, a short torture
⊗ Some twists, everywhere, all the time
⊗ The film contradicts itself every two scenes
⊗ It’s often incredibly stupid
⊗ Nothing interesting in the filmmaking
Hypnotic could be a so bad it’s good film, because it’s so stupid it becomes entertaining. But in the end, it wants to be a tribute to far better films, and life is too short to loose 93 minutes.

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