Titre original : Let Her Out
2016 – Canada
Genre : Horreur
Durée : 1h29
Réalisation : Cody Calahan
Musique : Steph Copeland
Scénario : Adam Seybold
Synopsis : 23 ans après que sa mère prostituée n’ait essayé de la tuer dans son ventre, Helen est psychologiquement dévastée. Un état qui ne fait qu’empirer quand elle commence à souffrir d’une blessure traumatique après un accident. Se réveillant dans un hôpital, on lui annonce qu’elle a une tumeur qui grossit dans son cerveau et qui lui provoque de terribles visions, lui fait entendre des voix, et lui donne l’impression qu’une étrange jeune femme est omniprésente. Bientôt, perdue dans un cauchemar éveillé, dans lequel rien n’est ce qu’il semble être, il devient clair que peu importe ce qui se trouve dans sa tête, elle doit le faire sortir…
Je l’ai déjà dit à de maintes reprises, mais j’aime beaucoup les productions Canadiennes du studio Black Fawn Films depuis la découverte par hasard du premier Antisocial en 2013. Leurs films, souvent avec les deux mêmes artistes à la barre, Cody Calahan et Chad Archibald, tour à tour producteurs, réalisateurs, scénaristes, me plaisent. Certes, ce sont des films imparfaits et souvent trop référentiels, mais qui respirent de l’amour du genre, ce qui manque beaucoup a pas mal de métrages de nos jours. Antisocial, Bite, The Drownsman, c’est du bon cinéma de genre. Après avoir donc mixé Zombie et Videodrome pour Antisocial, après avoir rendu hommage aux Griffes de la Nuit avec The Drownsman et aux films de transformations physiques comme La Mouche avec Bite, voilà que débarque une de leur dernière production, Let Her Out, avec Cody Calahan à la mise en scène, toujours Steph Copeland à la musique et Chad Archibald à la production. Ce coup-ci, la petite équipe Canadienne s’attaque aux thèmes du double, du jumeau même. En quelques plans, on retrouve le style que l’on connaît bien, avec une mise en scène sobre et maîtrisée, des éclairages partant parfois dans des tons colorés, des effets spéciaux uniquement à l’ancienne. Oui, aucun CGI chez eux. Cela donne un charme indéniable de plus à leurs productions. Let Her Out nous permet de suivre le destin d’Helen, une jeune femme mal dans sa peau, qui n’a jamais connut sa mère puisque celle-ci, prostituée, s’est donnée la mort en tentant de tuer son enfant alors encore dans son ventre.
Et la petite Helen, on peut dire qu’elle le vit mal, étant plutôt renfermée sur elle-même, se tenant à l’écart des hommes. En plus d’être psychologiquement fragile, la jeune femme entend des voix, voit des choses étranges… Bref, rien ne va, et parfois, elle a même des trous noirs et se réveille à des endroits étranges. Sa meilleure amie et colocataire l’emmène chez le docteur, et voilà que la raison tombe. Helen avait au départ une jumelle, morte dans le ventre de sa mère, et des fragments de son ADN sont dans son cerveau, ce qui expliquerait le comportement de la jeune femme. Encore une fois, le réalisateur connaît ses classiques et maîtrise son sujet pour nous livrer une première demi-heure ultra prenante, joliment filmée, avec une Alanna LeVierge convaincante dans le rôle principal. Les événements étranges sont troublants, l’ensemble ne perd pas de temps, même si, à force de jouer la carte de la référence, le spectateur sait à quoi s’attendre et le film ne se fait pas des masses surprenant. Puis passé la première demi-heure, Cody Calahan se perd quelque peu dans son récit. Comme s’il voulait perdre le spectateur et abusait des ellipses et de scènes se raccordant de manière étrange au montage. Le souci, c’est que ça ne fonctionne pas, et que ça fait perdre le fil d’une intrigue au final toute simple et qui aurait mérité de le rester. On pourrait même dire par moment que le film se fait laborieux.
Si Antisocial avait droit à des baisses de rythme mi-parcours, le métrage savait quand insérer ces scènes chocs pour faire revenir l’intérêt du spectateur immédiatement. Ce n’est pas le cas ici, malgré quelques trouvailles visuelles et autres plans intéressants, comme par exemple un plan tournant sur 360° dans une gare, bien foutu et bien trouvé vu le contexte de la scène. Mais la sauce a clairement du mal à prendre, surtout qu’au final, l’intrigue stagne un peu. Jusqu’à ce que, sans prévenir, le final ne décide de changer de direction et part vers un côté beaucoup plus visuel et sanglant, beaucoup plus haletant au niveau de son rythme, mais aussi beaucoup plus confiné dans l’espace, avec beaucoup moins de lieux, et surtout beaucoup moins de lieux ouverts. Cody Calahan retrouve alors son énergie et livre pour les 20 dernières minutes quelque chose de beaucoup plus captivant et qui relève instantanément le niveau d’une œuvre qui était juste assez décevante jusque là. Bien entendu, si ce final sauve le film, il ne parvient pas à sauver l’intégralité des meubles, et les égarements de l’intrigue et du montage mi-parcours. De la part du studio, Let Her Out est un film décevant. Sympathique, commençant bien et intéressant à la fin, mais décevant.
Les plus
Alanna LeVierge convaincante
Quelques bonnes idées de mise en scène
Le début intriguant
Le final sanglant et rythmé
Les moins
Un montage parfois étrange
Peu surprenant au final
Un rythme moins prenant mi-parcours
En bref : Let Her Out ne va pas surprendre le connaisseur, et se fait même par moment laborieux, mais le début intrigue, et le final réveille clairement, même si encore une fois, c’est très influencé par d’autres métrages.