15 thoughts on “ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD de Quentin Tarantino (2019)

  1. Eh bien je suis heureux de lire enfin un avis ici que je ne partage pas. 😉
    Mais surtout, en lisant l’ensemble de ton argumentaire, il me semble évident que tu n’es plus fait pour les films de Tarantino (et je crois en effet que tu dois fuir comme la peste le pourtant jouissif « Hateful Eight »). A moins que ce ne soit le cinéma de Tarantino qui ne soit pas/plus fait pour toi.
    Les longueurs, la fragmentation du récit, le côté verbeux, tout cela était déjà en germe des le début, sans doute recouvert d’un vernis cool propre à la nouveauté, avant qu’il ne se la « pète » avec son diptyque en survêtement jaune (spéciale dédicace à tous ceux qui pense que Tarantino fuit les films de Bruce Lee).
    Aujourd’hui il a la chance de pouvoir tourner ce qu’il veut, comme il en a envie. Et c’est à mes yeux maintenant qu’il donne la pleine mesure de son regard méta, qu’il dépasse le stade de la petite référence amusante au cinéma bis longtemps livré au mépris de la critique (c’est quand même lui qui a sorti tout le cinoche d’exploitation de l’ordinaire de l’oubli dans les années 90). Bref, quand tu écris « un film sur un lieu et une époque » je dis oui bien sûr, et c’est tout à son honneur de prendre des chemins croisés pour nous faire ressentir ce temps disparu, en le trenscendant dans un fantasme. Mais quand tu ajoutés qu’il « choisit juste de nous parler de ça, sans chercher plus loin », je ne suis évidemment pas d’accord avec toi, tant il est évident que cette chronique de la transition entre ancien et nouvel Hollywood évoque la période actuelle, un bouleversement majeur dans le monde du cinéma semblable à la transition entre le muet et le parlant, comme le disait encore récemment Martin Scorsese. Tarantino a pu faire ce film en pellicule, en décors réels, avec un budget confortable, suivant son instinct. Il n’est pas certain qu’il puisse en faire de même pour le prochain au train ou vont les politiques de production des grands studios. Son Italie sera peut-être comme pour Scorsese (et comme pour Michael Bay 😉) une plate-forme à la Netflix (il pense d’ailleurs y proposer un montage en « épisodes » de son précédent film). Ce n’est donc pas sans avoir cette nostalgie à l’esprit que je vois « Once upon a time… », rien que le titre déjà dit tellement sur ce qui ne sera bientôt peut être plus.

    1. Et oui, du coup cela fait bien longtemps que l’on n’a pas eu de gros débats, si l’on est toujours d’accord !
      Mais oui c’est assez évident, vu comment il y a clairement un gros point de rupture au sein de sa carrière à mes yeux, qui arrive à un certain moment de ma vie également. La sortie de Kill Bill 1, j’avais mon premier boulot depuis plus d’un an, je passais dans la vie clairement active, j’avais les moyens de continuer d’explorer le cinéma autrement via l’import des dvd même si en vrai Kill Bill à la première vision m’avait fait grogner, avec son cool pour le cool en prenant des scènes asiatiques telles quelles, que je ne connaissais déjà, mais là je m’égare du sujet.
      Le côté verbeux à toujours été là oui, même si j’ai eu l’impression ici qu’il les laissait un peu plus respirer ces dialogues, et donc qu’il y avait des petites tentatives différentes d’avant.
      Mais là où je suis d’accord, c’est qu’il tourne ce qu’il veut, comme il veut, et peut ainsi s’exprimer, et ça c’est très bien, comme pour Scorsese, Refn, Noé et tant d’autres. Ils font ce qu’ils veulent et c’est tout à leur honneur.
      Et c’est aussi pour ça que je disais que le film fait tout pour que je l’apprécie par moment, ça respire l’amour de l’époque, du milieu, des personnages. Mais parfois ça s’étire plus nécessaire je trouve, mais ça reste totalement subjectif, vu que j’arrive à prendre mon pied devant des oeuvres que certains considèrent comme chiantes 😀
      Quand à l’avenir, il me fait souvent peur également, donc mieux vaut profiter de l’instant présent en attendant, avec cette année 2019 qui fut très sympathique cinématographiquement parlant.

      1. Année aux accents assez funèbres néanmoins, si on en juge par la tonalité ambiante de films sortis en cette fin d’ année par Tarantino, Scorsese mais aussi Gray, ou le Star Wars d’Abrams.
        Espérons une entame de décennie plus radieuse en effet.

        1. Alors oui, beaucoup de films sont sombres, parlent de maladie, de vieillesse, d’époques révolues, de quête initiatique, mais ces films marquent et procurent au final des sensations, leur but premier. Donc, année réussie. A 6 jours de la fin de l’année, j’ai encore du modifier le top que je prépare, c’est te dire !
          Le Star Wars plus je lis dessus plus je veux le fuir !

            1. Arf je n’avais pas vu ton article en effet (passé la journée très loin de l’ordinateur et du téléphone). Alors, déjà : ton article est comme d’habitude très joliment écrit. Ça donne envie d’y croire pour cet épisode IX (et j’irais donc commenter comme souvent plus en détail dés que j’aurais vu la bête). Mais je sais pas, je me dis que sur ce genre de films, j’arrive à laisser totalement ma nostalgie de côté et que je risque d’être sacrément plus critique que toi. Pour ça que j’hésite franchement à attendre une sortie VOD tranquille, quitte à perdre de la grandeur spatiale sur un écran plus petit.
              Sur ce, bonnes fêtes à toi, bon réveillon de Noël, et n’abuse pas du champagne 😉

              1. Possible. Ceci dit, toute nostalgie mise à part, je trouve qu’Abrams à plus de ressources visuelles que ce qu’ont pu montrer Johnson dans l’épisode précédent ou, pire encore, Ron Howard. Je lui trouve même dans ce nouvel épisode un vrai sens du grandiose qui rappelle Peter Jackson.
                Pas trop de champagne, je garde l’esprit frais pour profiter des cadeaux (le petit coffret Time and Tide qui va faire mon bonheur 😃)
                Bon Noël !

              2. Oh ça je suis d’accord, Abrams a de la ressource visuellement, même si trop encrée dans la nostalgie et le rappel du passé. Johnson sur le précédent avait fait preuve de ressources pour le final, mais le reste c’était plat. Et chiant surtout. Ron Howard c’est un cas à part je trouve, vu que de base c’est un réalisateur qui n’a pas de vraie grosse identité visuelle, et Solo a déjà visuellement une patte étrange, avec ses éclairages naturels limite de film d’auteur, ce qu’il n’est absolument pas. Après avec le recul (et ayant revu les deux), je préfère Solo à Star Wars 8, déjà car spin of donc moins important, et mieux rythmé dans le peu qu’il raconte.
                Ooooh joli ça ! Rien à dire, mais au final, tu as excellent goût dés qu’on parle de cinéma Asiatique. Après Mamoru, du très bon Hark (réalisateur avec lequel j’ai énormément décroché dans les années 2000, de par son utilisation constante des CGI pas très jolis, et ses films d’époques qui m’intéressent moins que ses polars (même si j’adore son Green Snake de 1993).
                Bon Noël à toi également.

    2. « il me semble évident que tu n’es plus fait pour les films de Tarantino »… Je trouve ça étrange comme réflexion, surtout pour aborder ONCE UPON A TIME. Je suis comme Rick. Je rejette en bloc tout le cinéma de Tarantino post-JACKIE BROWN. Les KILL BILL très peu d’intérêt, et DJANGO fut une torture pour moi, exactement comme Rick. INGLORIOUS BASTARDS pas du tout aimé. HATEFUL EIGHT, je l’ai trouvé correct sans plus, mais encore une fois, j’ai eu l’impression que Tarantino faisait dans l’auto-parodie avec des dialogues qui sonnaient faux. Eh bien je trouve qu’avec ONCE UPON A TIME, Tarantino évolue. Intelligemment (tu le dis toi-même d’ailleurs « c’est à mes yeux maintenant qu’il donne la pleine mesure de son regard méta »). Ce film prouve, à mon sens, que Tarantino a su dépasser le carcan du « film de Tarantino ». Je ne sais pas si j’ai été clair.^^ Je suis tellement heureux d’aimer à nouveau un film de Quentin Tarantino !

      Once Upon a Time in Hollywood, découvert pour ma part sur le tard. C’est-à-dire hier ! J’ai donc du mal avec le Tarantino post-JACKIE BROWN. Beaucoup de mal. Mais là… ça m’a bouleversé. Quel film fantastique où l’époque tient le 1er rôle. Où les acteurs pleurent sur leur passé. Où Hollywood travestit des vies et la réalité.

      Silence, on (y re)tourne !

      1. Ah ah, tu dois trop fréquenter la zone des loving movies pour t’être ainsi écarté de l’œuvre tarantinienne. 😉
        Blague à part, je ne discute évidemment pas ce choix qui vous appartient à tous les deux, celui de rejeter le Tarantino post-Jackie Brown. Personnellement, plus j’envisage sa carrière, moins je vois de rupture entre l’avant et l’après, moins je distingue de différence entre Pulp Fiction et Kill Bill, entre Reservoir Dogs et Hatefull eight. Tous ces films sont à mes yeux les étapes indispensables d’un voyage que Tarantino fait à travers le cinéma de divertissement, celui qui a bercé son enfance et nourri sa cinéphile. Ce sont des films qui ont grandi avec le temps, évolué dans la forme certes (c’est sans doute là qu’ils vois deplaisent) mais jamais dans l’esprit. Car ils participent tous d’une étude de la langue, la langue cinématographique, long fleuve intranquille que Tarantino remonte jusqu’à Once Upon a Time in Hollywood. Je peine à imaginer ce que sera son ultime œuvre. Je rêve d’un film Bergmanien (mais QT n’est pas Woody Allen) ou d’un film muet tiens, qui serait son Adieu au Langage, en grand godardien qu’il n’a jamais cessé d’être.

        1. Je n’ai pas vécu la filmo de Tarantino comme toi. Mais grâce à ONCE UPON A TIME, j’attends impatiemment son prochain film maintenant !

        2. Perso, je ne sais plus si je l’ai déjà dit (faut dire que l’on discute beaucoup, et dévie beaucoup), mais je trouvais que JACKIE BROWN avait atteint un certain stade niveau maturité dans sa carrière, après seulement trois films. PLus calme dans le fond, plus mature oui, mais toujours avec d’excellents acteurs et dialogues. Un palier avait été passé pour moi. Sans doute le fait que Tarantino adaptait un roman l’a empêché de refaire la même chose que ses précédents, je ne sais pas. Mais du coup la suite m’a parut parfois forcée, comme un retour à la formule de départ qui n’évoluera plus.
          Et dans le fond, ça m’emmerde limite un peu, car Tarantino partage une culture aussi variée que la mienne cinématographiquement, avec de grandes oeuvres, du gros Z qui tâche, du bis inconnu mais audacieux, ça l’a forgé, tout comme moi.

          Mais comme vous, je suis très curieux de son prochain film, censé être son dernier si on en croit les dires. Mais content dans un sens qu’il ne soit finalement plus sur le projet Star Trek, je ne l’aurais pas vu dans cet univers là (mais je me trompe peut-être et nous ratons une pépite, va savoir).

          1. Je suis d’accord avec toi. Pas de SF pour Tarantino. Il faut une rupture de style.

            Je comprends l’idée du palier. J’y vois, disons, un détour. Tu as sans doute raison sur la tonalité qui tient au roman source (j’adore Elmore Leonard et je n’ai même pas pris la peine de lire Punch Créole ! Je le rajoute à ma Wish list).

            N’empêche que je serai toujours partant pour enfoncer du crâne nazi avec les Basterds inglorieux. 😉

            1. Puis après avoir découvert l’intégralité des Star Trek, et que je pense connaître un minimum l’univers, non, je ne vois pas du tout Tarantino y toucher.

              Oui c’est vrai que du coup, maintenant que l’on a la suite de sa filmographie, on ne peut plus parler vraiment de palier mais de détour, bien vu. Pas pour rien que pour certains fans purs et durs de Tarantino, Jackie Brown est son plus faible.

              Et moi je reverrais toujours avec grand plaisir le premier et dernier chapitre du film, mais la télécommande et le bouton « chapitre suivant » sera toujours là pour le reste haha.

      2. On pense un peu pareil sur l’ensemble de sa filmographie. Je me suis refais récemment les deux KILL BILL et INGLORIOUS BASTERDS, et oui j’ai toujours autant de mal. Le premier KILL BILL à la limite, j’ai du mal à ne pas l’aimer, il appuie tellement là où il faut (les Sasori, Bruce Lee, Lady Snowblood et compagnie). Mais le Volume 2 que c’est longuet la dernière partie.
        INGLORIOUS, j’adore les 30 premières minutes, et 30 dernières minutes. Mais entre les deux, non, ça passe encore moins que lors de la découverte au cinéma à l’époque. N’oublions pas non plus son BOULEVARD DE LA MORT, qui est un des rares films où je me suis littéralement endormi devant….

        En tout cas, même si je ne suis malgré tout pas aussi enthousiaste sur ONCE UPON A TIME, j’ai malgré tout trouvé ça hyper sympa, il y a quelques scènes marquantes, des acteurs comme souvent géniaux. Et plus jamais je ne regarderais les conserves de nourritures pour mes animaux de la même manière 😉

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